Carnets de notes - Documents

Traité franco-hollandais du 8 février 1635

Ligue contre l’Espagne

Au terme de ce traité signé à Paris le 8 de février 1635 :

« Les deux Puissances s’engageaient d’attaquer les Provinces espagnoles au mois de mai suivant, chacune avec vingt-cinq mille, hommes & cinq mille chevaux. Les Généraux de part & d'autre, soit qu'ils agissent conjointement ou séparément, dévoient le tenir à portée de le secourir. On devait publier en entrant dans le pays ennemi un Manifeste, pour encourager les peuples à recouvrer leur liberté. On déclarait qu'en cas qu'ils secondassent les efforts des Alliés dans le terme de deux mois, ils feraient reconnus libres, conserveraient leur culte & leurs églises dans l'état où ils étaient alors ; qu'ils seraient reçus sous la protection des alliés & dans leur confédération ; que pour récompenser la France d'un secours qui leur était nécessaire , ils lui céderaient les Villes de Thionville, d'Ostende & toute la côte à deux lieues dans l'intérieur du pays depuis Blankenberge , & laisseraient aux Hollandais Damme, Hulst, avec le pays de Waas , Breda, Gueldre & Stevenfwaard ; que s'ils refusaient de concourir à leur liberté, les Confédérés feraient leurs efforts pour les réduire par les armes, & partageraient leurs Provinces ; qu'en ce cas la France retiendrait le Luxembourg, le Namurois, le Hainaut, la Flandre & l'Artois ; qu'on tirerait une ligne de Blankenberge à Roermonde, en passant entre Damme & Bruges jusqu'à Rupelmonde, pour servir de barrière au lot des Hollandais, qui comprendrait le Brabant, le Marquisat d'Anvers, la Seigneurie de Malines, le reste de la Flandre au Nord de ladite ligne, Hulst, Damme & le pays de Waas ; que dès l'instant que la France aurait déclaré la guerre à l'Espagne, les deux Puissances renonceraient à conclure, ni suspension d'armes, ni trêve, ni paix avec l'ennemi, que conjointement & d'un avis commun ; qu'on assiégerait d'abord deux Villes du lot des François , ensuite deux de celui des Hollandais ; qu'on continuerait ainsi jusqu'à la conquête entière des Provinces Catholiques ; que chaque Ville serait remise à l'instant à celui qui devait la posséder ; que les Confédérés auraient une flotte de trente vaisseaux, pour croiser sur les côtes de Flandre & du Brabant, & favoriser les attaques des armées de terre & le commerce ; que l'Amiral des Etats baisserait pavillon, en joignant l'Escadre Royale, & la saluerait de son canon ; que celle-ci répondrait de la manière réglée entre l'Angleterre & la République ».

Il était convenu par un article séparé, « qu'en cas que la » France fût attaquée par mer, les Etats envoieraient une flotte puissante à son secours » ; & par un second article « on s'engageait réciproquement à protéger le commerce, & même à déclarer la guerre à ceux qui voudraient le troubler, après cependant en avoir délibéré conjointement ». Il est visible que ce dernier article regardait l'Angleterre, dont liaisons avec l'Espagne donnaient de grandes méfiances.

On convenait cependant par un autre de lui proposer l’accession, ou du moins de demeurer neutre. On renouvelait encore quelques conventions de peu de conséquence comprise dans les traités précédents.

Charnacé étant revenu de France après la conclusion, on convint « qu'en cas de jonction des armées, le Général François donnerait l'ordre & le mot du guet, & que le Prince d'Orange aurait le commandement en chef, sans qu'il fût tenu de prêter serment à Sa Majesté ; que sa Commission ne pourrait nuire à celle qu'il avait reçue des Etats ; que cependant son autorité cesserait, en cas que le Duc d'Orléans ou le Cardinal de Richelieu se trouvassent à l'armée ». »

Le traité fut ratifié et publié à Paris et à La Haye.

La ville de Leyde s’opposa à l’article, qui maintenait les villes dans l’exercice de la religion catholique, et requis qu’on fasse registre de son opposition.


Bibliographie

  1. DUJARDIN Bénigne, Histoire générale des Provinces-Unies, dédiée à Monseigneur le duc d’Orléans, premier prince de sang, par D***, ancien Maître des Requêtes, S***, de l’Académie Impériale et de la Société Royale de Londres, Tome 8, Paris, Chez P. G. Simon, Imprimeur du Parlement, rue de la Harpe à l’Herucle, 1770, p.12 à 14