Carnets de notes - Territoire

La Lorraine belge

Voisine du Grand-Duché de Luxembourg au nord et à l’est, et de la France au sud, la Lorraine belge est une région naturelle de la province belge de Luxembourg. À l’extrémité nord-est du bassin sédimentaire parisien, golfe de Luxembourg, son sous-sol est formé de roches de l’ère géologique mésozoïque (ère secondaire), des périodes Jurassique et Trias.

Elle se différencie de l’Ardenne par la nature de son sol et de son relief d’époques différentes. Son climat est plus doux.

La Lorraine belge a une superficie d’environ 910 km² [i], une altitude moyenne de 320 mètres contre 500 mètres pour l’Ardenne. C’est un pays de champ ouvert (openfield) et de villages agglomérés.

Traversé par la frontière séparant les mondes latin et germanique, ce petit territoire se divise en deux espaces culturels de tailles inégales. À l’ouest de cette ligne, les populations parlaient des dialectes romans, essentiellement le Lorrain (Gaumais), mais aussi le Champenois dans le triangle Muno, Sainte-Cécile et Chassepierre. À l’est, les populations parlaient un dialecte germanique (Luxembourgeois).

La Gaume ou Pays gaumais, roman, occupe les deux tiers ouest de la Lorraine belge. Le pays d’Arlon, germanique, le tiers est.

Relief et géologie

La région est un mille-feuille géologique, succession de couches sédimentaires de dureté diverses faiblement inclinées vers le sud, affleurant en bandes successives du plus ancien au nord au plus récent au sud. Les sédiments se sont déposés entre 210 et 135 millions d’années avant notre époque sur le fond d’une mer tropicale au rythme des régressions et transgressions marines.

La mer, connectée à un océan, occupait une dépression sise entre les îles formées par l’Ardenne, les Vosges, le Massif central et le Massif armoricain.

Les sédiments issus de l’érosion des massifs précités se sont agrémentés et cimentés en roche dure (grès et pierre calcaire), meuble (sable), plastique (argile et marne). Les grès et calcaires de la Lorraine sont de matériaux de qualité pour la construction. Les roches locales contiennent de nombreux fossiles d’ammonites, de bélemnites, de gryphées (huîtres), de lis de mer, mais aussi deux plus importantes découvertes, un ichtyosaure à Stockem et plésiosaure à Dampicourt [ii].

Du nord au sud, les couches sédimentaires se présentent sous la forme de [iii] :

  1. Marnes (Jamoigne)
  2. Grès calcareux et sablonneux (Florenville)
  3. Argiles (Éthe)
  4. Grès siliceux (Virton)
  5. Marnes bitumineuses (Grandcourt)
  6. Minerai de fer (Halanzy, Musson)
  7. Calcaire gréseux (Torgny, Saint-Mard)

L’érosion différentielle des couches alternativement tendres et dures en partie par les rivières ardennaises, après le dernier retrait de la mer (régression), est à l’origine du dégagement de trois côtes orientées d’est en ouest et de leurs dépressions subséquentes.

  1. Côte sinémurienne (grès calcareux), la première au nord, face au massif forestier ardennais.
  2. Cuesta des macignos d’Aubange et de Messancy (grès calcaires et argileux reposant sur des schistes sédimentaires et de l’argile).
  3. Côte bajocienne (côte de Moselle ; calcaire reposant sur une couche de schiste sédimentaire et de marne). « La côte la plus représentative de la Gaume suit la frontière franco-belge au sud, le front abrupt barre l’horizon sud de la région au débouché du bois de Virton, route d’Étalle. [iv] »

Les côtes sinémuriennes et bajociennes sont des auréoles du Bassin parisien. La cuesta des macignos est une côte secondaire, locale, formant un arc de cercle de part et d’autre de la frontière belgo-luxembourgeoise.

Les dépressions subséquentes sont les vallées de la Semois, du Ton, et de la Vire. Ce sont des vallées fertiles et humidités qui accueillent des prairies grasses et quelques cultures.

La cuesta est un relief dissymétrique composé d’un front, talus à pente raide, et d’un revers en pente douce et plus longue. Le front s’est formé à la rencontre d’une strate dure (grès ou pierre calcaire) qui a protégé de l’érosion les couches tendres sous-jacentes. « Le front domine toujours une dépression subséquente située dans la roche tendre et où coule un cours d’eau qui, par son érosion, a mis ce relief en évidence. » [v] Le revers repose sur le sommet de la couche résistante et en épouse l’inclinaison.

En Lorraine belge, les fronts sont généralement orientés vers le nord et les revers vers le sud.

Les fronts de côte présentant des sols de faible épaisseur, pauvres, secs ou sablonneux reposant sur une roche dure sont à quelques exceptions près colonisés par la forêt.

Les revers des côtes sont des plaines ondulées en pente douce. Exposées au sud sur des sols plus riches, elles sont propices à l’agriculture. On y cultive les céréales et les pommes de terre. La seconde partie du revers de la côte sinémurienne est une exception. Elle est boisée (forêt gaumaise) et forme la limite entre les deux étages du Pays gaumais.

Les dépressions et fonds de vallée au sol d’argile et de marne conservent une humidité quasi permanente. Elles sont dédiées aux prairies et pâturages.

Bibliographie :

  1. Architecture rurale de Wallonie. Lorraine belge. Liège, Pierre Mardaga éditeur, 1983. [p.35]
  2. CORNEROTTE, Jacques. La Gaume à travers champs, villages et forêts. Virton, Syndicat d’Initiative, 2007. [pp.12-13]
  3. De l’Ardenne à la Lorraine. Forêt et agriculture au Pays de la Semois entre Ardenne et Gaume. Florenville, Maison du tourisme de la Semois, 2008. [pp.2-3]
  4. De l’Ardenne à la Lorraine. Géologie et paysages du Pays de la Semois entre Ardenne et Gaume. Florenville, Maison du tourisme de la Semois, 2004. [pp.2-4, 7, 13]
  5. FOURNY, Marcel. L’habitat et le village en Lorraine. Rouvroy, Édition du S.I. le Méridional, 1998. [pp.4-5, 9-10]
  6. FOUSS, Edmond P. La Gaume. Quelques aspects de la terre et des hommes. Collection Wallonie, art et histoire. Paris-Gembloux, Édition Duculot, 1979. [pp.5, 9-10]
  7. MINISTÈRE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE.La Lorraine Village/Paysage. Ensembles ruraux de Wallonie. Liège, Pierre Mardaga éditeur, 1983. [pp. 13, 19]

Références

[i] Géologie et paysages, 2004, p.2

[ii] Fouss, 1979, p.10

[iii] Fouss, 1979, p.10

[iv] Fouss, 1979, p.10

[v] Architecture rurale, 1983, p.35