Carnets de notes - Chroniques et récits

Jean-Baptiste Saint-Mard (1767-1816) époux d’Anne Marie Simon

1re époque : l’enfance à Thonne-les-Prés

Jean-Baptiste Saint Mard naît le mercredi 28 octobre 1767 à Thonne-les-Prés [1], charmant village groupé construit en fond de vallée et s’élevant sur un versant. Presque au pied de la citadelle de Montmédy dominant la région, le village fut le quartier général du marquis d’Uxelle lors du siège de 1657. Il devient définitivement possession de la France en 1659 par le Traité des Pyrénées. Les Saint-Mard y firent un bref passage qui ne laissa que peu de traces.

Son père, Jean, laboureur, est bourgeois sans être natif du village. Troisième fils de Pierre et Marguerite Genin, il est né en 1732 [2] à Verneuil-Petit [3], à une heure et demie de marche [4]. Son épouse, Marie Magdelaine Joannes est « Luxembourgeoise [5] », native de Dampicourt proche de Virton. Cela aura une importance considérable plus tard.

Le couple s’est uni en août 1760 à Dampicourt [6]. Traditionnellement, le mariage est célébré dans la paroisse de la fiancée. Le couple ne s’installe ni dans le village natal de Jean ni dans celui de Marie Magdelaine. Ils choisissent Thonne-les-Prés et semblent y mener une vie discrète. Mais une ombre rode sur la famille, la mort s’emparera de cinq de leurs huit enfants.

Marie Jeanne naît en 1761 [7], un an après leur union. Elle ne vit qu’un mois [8]. Début 1763 [9], Marguerite voit le jour et s’éteint en novembre 1764 [10]. Juin 1764, nouvelle naissance [11] : une troisième fille. Elle est prénommée Anne Marie, en bonne santé et vivra 70 ans [12]. Marie Françoise, quatrième fille meurt en mai 1766, un mois et demi après sa naissance [13].

L’hiver 1776 est rigoureux. En janvier, un froid intense fige les rivières. Les campagnes se couvrent d’un manteau de neige [i].

Deux saisons passent, Jean-Baptiste cinquième enfant du couple et premier garçon, voit le jour. Baptisé, le 29 octobre, dans l’ancienne église paroissiale disparue de nos jours, il reçoit pour marraine Marie Scholastique Charlotte Saint Mard [14], sa tante aînée de Petit-Verneuil. Son époux Jean-Baptiste Gillardin est son parrain.

En 1769 [15], c’est le tour de Nicolas. Comme ses sœurs, sa vie est courte. Il est inhumé en avril 1772 [16]. 1771, naissance d’une cinquième fille : Catherine [17]. Même fragilité. Une vie réduite à huit mois.

Le dernier enfant du couple, Jean Joseph voit le jour en décembre 1773 [18]. Il est représentatif d’une génération de jeune homme qui ne connaîtra que la guerre. Il survivra à tous les combats, reviendra vivre à Montmédy et s’y éteindra [19] à l’âge de 47 ans sans avoir eu l’occasion de se marier et de fonder une famille.

Depuis longtemps, je perçois Jean-Baptiste comme un ancêtre atypique. Une meilleure connaissance des Saint-Mard de Verneuil-Petit m’a permis de me rendre compte qu’il ne leur ressemble pas. Il y a eu une rupture.

Est-ce un biais égocentrique ? Je ne le pense pas.

Une première évidence, il ne vit pas dans le même village. Il est donc encadré par une autre communauté. À Thonne-les-Prés, il n’y a aucun Saint Mard excepté son père. En revanche, Marguerite Joannes [20], sœur benjamine de Marie Magdelaine, épouse de Jean Franchet, y vit.

Deuxième évidence, Jean Baptiste est devenu orphelin à l’âge de huit ans. Âgé de 43 ans, son père Jean meurt à l’été 1775 [21]. En toute logique, un conseil de famille a dû se réunir, mais nous n’en avons pas trouvé la trace dans les archives de la prévôté. Nous ne savons pas si un tuteur a été désigné.

Le veuvage de Marie Magdelaine est très court. Le 28 décembre 1775, elle épouse Nicolas Leroy. Aucun jugement de valeur ne peut être porté. L’union est une nécessité sociale et économique. Ses enfants sont jeunes, ils ne peuvent l’aider. De la seconde union, dont je ne sais pas grand-chose, est né un enfant prénommé Jean [22].

Quelle est l’influence des Joannes et Franchet dans l’éducation de Jean-Baptiste ? Quelle est l’influence de son beau-père Nicolas Leroy ? Une seule certitude : Jean-Baptiste est instruit. Il apprend à lire, écrire et calculer. Il fréquente très certainement une école au village ou à Montmédy.

L’automne 1782 est très froid et humide. À Laon, le père Cotte constate qu’il pleut trois fois que la normale durant les trois mois d’hiver. Mais, les provinces méridionales de la France souffrent de la sécheresse. Le printemps 1783 est froid et pluvieux [ii].

L’adolescent Jean-Baptiste âgé de 15 ans et demi ne se doute pas qu’un événement géologique va impacter son destin. Dans une île au nord de l’océan Atlantique, sur une dorsale émergée [23], un volcan s’active [24]. Une fissure s’ouvre sur une longueur de trente kilomètres, cent trente cratères apparaissent : « un véritable incendie de terre. [iii] » Le « feu de la rivière Skaftá [25] » libère dans l’atmosphère une quantité incroyable de gaz sulfurique et de cendre. La colonne éruption éjecte ses gaz jusqu’à quinze kilomètres en altitude. Malheureusement, une zone de haute pression est présente au-dessus Islande : les vents soufflent vers le sud-est. Le nuage volcanique, épais brouillard sulfuré, dérive vers l’Europe [iv].

La Norvège est rapidement touchée par le brouillard toxique qui atteint Prague le 17 juin, Berlin le 18 juin, Paris le 20 juin, Le Havre le 22 juin et le Royaume-Uni le 23 juin [v]. Ne comprenant pas ce qu’ils leur arrivent, les chroniqueurs de l’époque ne sont pas des plus précis. À Laon, ville picarde à cent vingt kilomètres à l’ouest de Montmédy, même latitude, le correspondant de l’Académie Royale des Sciences [26] décrit les événements : « Ce brouillard a commencé le 18 juin ; il était fort bas et aussi épais qu’en décembre, accompagné d’un vent du sud très froid. » Le brouillard est très humide comme il peut le constater sur ses hygromètres. Il y a erreur, il nous décrit un brouillard des plus classiques. Mais « le 24, le vent se mit au nord, l’air devient plus chaud ; le brouillard changea de nature ; il était sec et pouvait être mieux comparé à une fumée qu’à un brouillard. La lumière du soleil, pendant le jour, était d’une couleur orangé-pâle. Les rayons de cet astre ne pouvaient, à son lever et à son coucher, percer cette atmosphère enfumée ; il paraissait d’un rouge couleur de feu ; la lune présentait le même phénomène. [vi] »

Les brumes toxiques du Laki atteignent donc Montmédy vraisemblablement le 24 juin [vii].

Dans son journal, Louis Pierson de Pont-à-Mousson, ville entre Metz et Nancy, à quatre-vingts kilomètres sud-est de Montmédy, décrit ce « brouillard très épais qui a duré presque tout l’été ; il était extraordinaire, car il ne sentait point mauvais ; il ne mouillait pas, et c’était le midi qu’il était le plus fort ; deux hommes ne se voyaient pas à un coup de fusil ; le clair du jour était olivâtre, le soleil n’était point vu pendant le jour, et à son lever et à son coucher, il était de même que la lune pendant la nuit ; il était de couleur d’un gros rouge couleur de sang ; il n’avait aucun rayon et on le regardait sans qu’il fasse la moindre peine aux yeux. [viii] »

Nos deux témoins s’opposent sur un détail : l’odeur. Pour Pierson, il ne sent « point mauvais. » Pour Cotte, correspondent de l’Académie, le brouillard à une odeur fétide, sulfureuse et piquent aux yeux [ix]. Divers témoins confirment le deuxième témoignage. Monsieur Marcorelle déclare que « ce brouillard déposa dans la nuit [27], sur les végétaux, une eau épaisse et gluante, d’un goût désagréable et un peu fétide. [x] » Pire, l’odeur sulfureuse provoque la toux, affecte « désagréablement » les personnes ayant « une poitrine délicate », pique aux yeux [xi]. Les brumes du Laki tuent les plus faibles [xii].

Imaginons Jean-Baptiste. Depuis plusieurs jours, le brouillard ne se lève plus. Le soleil rougeoyant est masqué. Il n’aperçoit plus la place forte de Montmédy dominant le village. Et il y cette odeur de soufre, cette odeur de diable qui entre dans les maisons, s’immisce dans les moindres recoins. Ni la pluie, ni le vent, ni l’orage ne peuvent le faire disparaître [xiii]. Que pense-t-il ? Est du clan des sots qui croient la fin du monde arrivée ? Ou de ceux qui demandent au curé d’exorciser le brouillard pour faire fuir les démons qui l’habitent ?

Sur le moment, cet événement a intrigué et inquiété les gens, mais d’une manière très bizarre, il a été complètement oublié. Nous pouvons nous interroger sur la vocation religieuse de Jean-Baptiste ; il n’y a pas de prêtre dans la famille ; il n’y a pas de vocation religieuse avant lui. Y a-t-il une corrélation avec cette calamité ? Nul ne le sait. Les cendres du volcan perturberont le climat durant plusieurs années, ruinant les campagnes. Louis XVI et son gouvernement ne sauront pas gérer les révoltes de la misère, elles se transformeront en Révolution. Le jeune séminariste pris dans cette tourmente ne pourra devenir curé. Le volcan Laki aura contrarié son destin.

Dans le nord de la France, le brouillard semble disparaître vers le 21 juillet. Certaine région d’Europe le subit jusqu’au début de l’automne. Indépendamment de cela, l’été est chaud. Depuis le 24 juin, c’est la sécheresse. À Laon, le thermomètre à mercure oscille entre 21 et 24°. Il fait chaud, mais ce n’est pas la canicule. Les fruits sont précoces, les moissons commencent avec quinze jours d’avance [xiv].

L’automne suivant est chaud. Les températures chutent brusquement au début de décembre. De manière presque ininterrompue, il gèle du 4 décembre au 21 février 1784 [28]. Les températures descendent jusqu’à moins onze degrés [29]. À partir du 28 décembre, il neige abondamment et continuellement. À Laon, le chanoine Cotte comptabilise vingt-sept journées de neige ; il mesure une hauteur de deux pieds. Certaines nuits, il tombe six à huit pouces de neiges. Les congères atteignent une hauteur de huit à dix pieds. Des personnes périssent dans cette neige, les loups sont affamés et rôdent dans les villages, la misère est extrême dans les campagnes. À Paris la Seine est gelée [xv]. Le 7 février, l’éruption du Laki cesse [xvi]. Le 17, le temps devient plus clément. Les choses se calment [xvii].

Le dégel est une nouvelle calamité. Les grandes quantités de neige fondent : les fleuves et rivières débordent. Des ponts, des maisons et des bateaux sont entraînés. La poste et les voitures publiques sont interrompues. Beaucoup de personnes y perdent la vie. Les inondations durent jusqu’à la fin février. Mais l’hiver n’en finit pas. Mars et avril sont froids, il neige de temps en temps. Puis il grêle. Jusqu’au 12 mai, l’air est froid. Puis brutalement, les températures montent. Le 1er mai, la nature est « encore morte », le 15, elle revit. Le temps est chaud et sec. Mais entre le 6 juin et le 4 juillet, « les habits d’hiver sont de saison. [xviii] »

Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas : sécheresse, mauvais hivers, été pourri, orages de grêles. L’hiver 1784-1785 est très vigoureux : le 4 janvier la température chute à vingt-deux degrés sous le zéro. Il neige en grande quantité [xix]. L’été, la chaleur est « extraordinaire. [xx] »

Octobre 1787, Jean-Baptiste a vingt ans. C’est un jeune adulte, mais toujours mineur. En mars 1788, sa mère Marie Magdelaine décède. Le 31 du même mois, Bernard François Léon Conseiller du Roi, prévôt royal en la prévôté bailliagère de Montmédy inventorie les biens meubles et immeubles constituant la succession [xxi]. Le même jour, un conseil de famille se réunit pour désigner le tuteur et le curateur des trois enfants mineurs Saint-Mard [xxii]. Il est composé de Jacques St Mard laboureur à Petit-Verneuil oncle du côté paternel, Jean Gillardin prêtre vicaire cousin germain aux enfants mineurs, Nicolas Joseph Joannes demeurant à Manteville oncle maternel, Jean Franchet laboureur à Thonne-les-Prés bel-oncle maternel à cause de Marguerite Joannes sa femme. Comme nous pouvons le voir, le beau-père des mineurs a droit au chapitre. Au terme de la délibération, Jacques St Mard est nommé tuteur aux dits mineurs et Nicolas Joseph Joannes leur curateur.

2e époque : le séminariste

Le couvent des Récollets à Virton

En septembre 1788, Jean-Baptiste entame une année d’éloquence au Collège des Récollets à Virton, suit les cours avec une « très grande assiduité » et reçoit les sacrements « aux temps établis. » Aurélien, professeur de poésie et rhétorique le recommande, observant que Jean-Baptiste « s’est comporté avec fraîcheur de mœurs, intégrité de vie et observance à l’égard de ses éducateurs. » [xxiii]

L’hiver 1788-1789 débute le 20 novembre. Il est rude, il gèle durant cinquante jours. Des ortolans du Spitsberg [30] sont observés à Metz [xxiv]. Au mois de mars 1789 [31], sa sœur aînée Anne-Marie épouse François Montlibert de Thonne-la-Long, et s’y établit.

L’été 1789 marque un tournant dans la vie de Jean-Baptiste et dans celle de la France. Les mauvaises récoltes, la disette favorisent l’agitation populaire. Le Roi convoque les États généraux. Les Français rédigent des cahiers de doléance. Leurs principales revendications portent sur l’égalité des citoyens fassent à l’impôt, et la possibilité, sans distinction, d’être admissibles aux dignités et aux emplois du royaume [xxv]. Le 5 mai, les États généraux se réunissent à Versailles. Le 17 juin, le Tiers État se constitue en Assemblée nationale. La noblesse et le clergé protestent ; le Roi fait fermer la salle de l’assemblée à Versailles. En réaction, dans la Salle du Jeu de paume, les députés du Tiers jurent de ne pas se séparer avant d’avoir rédigé une constitution [xxvi]. En juillet, des insurgés d’emparent de la prison forteresse de la Bastille. Le 4 août, les droits féodaux sont abolis [xxvii] ; c’est la fin d’une époque.

À ce stade-ci, les événements parisiens n’exercent aucune influence sur la destinée de Jean-Baptiste qui se destine à entrer dans les ordres ; c’est du moins l’impression qu’il nous donne.

Le 9 août 1789, Pierre Mathieu, curé de l’église paroissiale de Thonne-les-Prés, confirme « que le très illustrissime Jean Nicolas de Hontheim, suffragant de Trêves dans l’église paroissiale de Thonnelle a conféré le sacrement de confirmation à Jean Baptiste St Mard de Thonne-les-Prés. » Il en a « acquis cette certitude du témoignage de plusieurs paroissiens qui étaient à cette cérémonie. [xxviii] »

Début août, Jean Nicolas de Hontheim [32], évêque in partibus de Myriophite suffragant de Trêve, seigneur temporel de Montquintin, après avoir constaté « sur la foi de témoignages dignes, l’honnêteté de vie et de mœurs » et « jugé capable selon les décrets du Concile de Trente » confère à Jean-Baptiste « la première tonsure cléricale avec les cérémonies et solennités nécessaires selon le rite de la Sainte Église catholique apostolique Romaine. [xxix] » La cérémonie se déroule dans la chapelle [33] du château de Montquintin, demeure de l’évêque.

Comment se fait-il qu’un fils d’un laboureur de Thonne-les-Prés soit confirmé et tonsuré par un évêque ?

Monquintin est un petit village construit sur une butte-témoin dominant la basse vallée du Ton et Dampicourt. C’est le siège de la paroisse ; l’église dudit Dampicourt est une succursale. Monseigneur de Hontheim, seigneur du lieu est incontestablement une personnalité locale ; c’est aussi un théologien, un érudit. La rencontre a-t-elle eu lieu grâce aux Joannes de Dampicourt ? Ce n’est pas ma piste préférée. Le couvent de Récollets me paraît plus prometteur. Pourquoi se priver du prestige et des connaissances de l’évêque même si ses rapports avec Rome sont des plus médiocres ! Jean-Baptiste a peut-être été repéré comme un élément prometteur, ce qui lui aurait permis de s’inscrire au Collège du Saint-Esprit à Paris. Tout ceci n’est qu’hypothèse, mais soulève bien des questions.

Une question demeure : l’argent ? Comment Jean-Baptiste Saint-Mard finance-t-il ses études ? Certes les Spiritains accordent des bourses d’études aux jeunes hommes de bonne famille désargentée, mais la même question de l’argent se repoussera un peu plus tard à Dampicourt.

Le séminaire du Saint-Esprit à Paris

Fin du mois, Jean-Baptiste se rend à Paris par la route la plus courte : Vouziers, Reims, Château-Thierry où il est contrôlé le 28 [xxx]. Il peut s’y rendre en deux journées en demi, grâce un réseau de diligence [34], où changer de cheval de poste en poste.

Il reste presque deux ans dans la maison des Spiritains à Paris. Il y suit « une année de philosophie et une année de théologie avec fruit » et participe « avec simplicité, régulièrement aux exercices du Séminaire », fréquente les sacrements et « a toujours été de bonnes mœurs. [xxxi] »

Durant ces deux années, la situation politique de la France se dégrade rapidement. Des troubles éclatent dans le pays notamment à Nancy [35]. Le 27 novembre 1790, un décret ordonne aux prêtes de jurer fidélité à la Constitution civile du clergé [xxxii]. Les contrevenants devront renoncer à leurs offices. Nombreux d’entre eux ne le font pas. Les prêtres réfractaires « sont poursuivis comme perturbateurs du repos public. [xxxiii] » L’avenir s’assombrit pour les séminaristes.

Les événements s’accélèrent en 1791 : Louis XVI est ramené aux châteaux des Tuileries. De fait, il est prisonnier du peuple de Paris. Il se sauve et sa fuite tourne au fiasco. Il est arrêté à Varennes dans la nuit du 21 juin, à deux relais de Montmédy.

Comment Jean-Baptiste a-t-il pu percevoir les événements révolutionnaires ? Nous ne le saurons jamais, car il ne nous a pas laissé de journaux intimes.

Une question me vient à l’esprit : les séminaristes spiritains étaient-ils ouverts à la ville ou cloîtrés dans leur maison ? Dans le premier cas, ils pouvaient « être pervertis » par les clubs parisiens. Dans le second cas, ils ne connaissaient les événements révolutionnaires que par les ouï-dire de leurs supérieurs ou d’extérieurs travaillant pour le séminaire. Toujours est-il, au début de l’été 1791, peu de temps après l’échec de la retraite du Roi à Montmédy, Jean-Baptiste quitte Paris. L’attestation de sa réussite est datée du 11 juillet 1791.

Au même moment, un événement naturel aggrave les perturbations climatiques. Le soleil boude, il se repose [36]. Le « Minimum de Dalton [37] » provoque une baisse de la température moyenne de plus ou moins deux degrés [xxxiv].

Le séminaire de la Sainte-Trinité à Trèves

Jean-Baptiste doit se rendre à Trèves pour poursuivre ses études. C’est un choix dangereux pouvant faire de lui un émigré. Il est passé dans les mailles du filet et n’a pas été inscrit comme tel par le Comité révolutionnaire de Montmédy [xxxv].

Que fait-il durant l’été ? Nous pouvons tout imaginer. A-t-il rendu visite à sa famille ? À son frère et ses cousins Franchet à Thonne-les-Prés ; à ses cousins de Verneuil-Petit ou à sa sœur à Thonne-la-Long, deux villages frontaliers avec le duché de Luxembourg.

Quelle que soit son attitude, la situation est toujours à son avantage. De Paris à la frontière, il ne peut pas être soupçonné de vouloir émigrer. Il rejoint sa famille dans la région de Montmédy. Y arrivé, il peut se rendre en toute tranquillité à la frontière. Si on l’interroge, il répondra : je vais chez ma sœur... chez mon cousin. Au village, l’empêcheur de tourner en rond trouvera un ou une Saint-Mard pour lui confirmer les faits. Imparable.

À Petit-Verneuil ou à Thonne-la-Long, il peut rejoindre très facilement le duché. Il lui suffit d’attendre un moment calme où il n’y a aucune patrouille dans les parages. Quelques bons renseignements, et l’affaire est faite. Il franchit la colline, traverse Couvreux, s’arrête peut-être à Montquintin puis redescend sur Dampicourt. De là, après avoir salué la famille de sa mère, il prend la route de Virton, Arlon, Luxembourg et arrive à Trèves. Fin du scénario.

Probablement dès septembre, Jean-Baptiste fréquente les cours de théologies du Collège de la Sainte Trinité de Trèves. À la fin de l’année, au mois de décembre, Jean-Baptiste et trois autres séminaristes reçoivent les quatre ordres mineurs [xxxvi]. Cette cérémonie discrète voir secrète, est présidée par Monseigneur Cuchot d’Herbain en la chapelle patine de Trèves.

En avril 1792 [38], sous la pression des Girondins, Louis XVI déclare la guerre au roi de Hongrie et de Bohême [xxxvii], ce dernier n’étant pas encore Empereur. Une coalition s’organise contre la France qui perd ses premiers combats. Trèves et les environs de Coblence sont les points de ralliement des armées prussiennes, hessoises et de douze mille émigrés sous les ordres du comte de Provence et du comte d’Artois, frères de Louis XVI. Au moment voulu, ils prendront la route de Paris par Châlons [xxxviii].

Trèves n’est plus une paisible ville bordée par la Moselle, mais un grand camp militaire. Des émigrés sont cantonnés dans un bois « sans foin, sans avoine pour nos chevaux, sans tentes et sans aucune espèce de provision de bouche… » Pour monsieur de Montlosier : « Ce n’est pas un camp de soldats ou de gentilshommes que vous verriez ici, mais une horde de Tartares ou d’Arabes bédouins allant détrousser quelque caravane dans le désert. » Les Français sont fort démunis et ne peuvent compter que sur eux « car les Prussiens retiennent tout, accaparent tout, et les ouvriers de Trèves n’ont pas le temps de travailler pour nous. » [xxxix]

Jean-Baptiste termine son année avec fruit. C’est un élève brillant qui reçoit des louanges et des lettres de recommandation dans toutes les écoles qu’il fréquente. Joanny Gestr, professeur de la faculté, le recommande à être promu à un état supérieur, car il est « de bonnes mœurs, très soucieuses de l’observance et prudent. [xl] » Le billet est daté du 14 septembre 1792. À cette époque, les coalisés avancent, contournent péniblement l’Argonne. Six jours plus tard, ils perdent la bataille de Valmy et entament une retraite. Dès le début de la guerre, Louis XVI a été destitué et emprisonné.

3e époque : la disparition

Jean-Baptiste arrête ses études. Dans les archives familiales, nous ne trouvons pas d’autre diplôme. Nous ne connaîtrons jamais ses intentions. Nous pouvons imaginer plein de scénarios, un destin contre-révolutionnaire, mais en l’absence de commencement de preuve, il ne s’agirait que d’un mauvais roman. La réalité est peut-être fort simple : se faire oublier, se fondre dans la masse et attendre que l’orage passe.

Automne 1792, après l’échec de la campagne de Champagne, les Volontaires français investissent Virton, la pillent, la saccagent. L’armée prussienne est en sûreté dans la citadelle de Luxembourg. Le 25 octobre, Frédéric-Guillaume II déclare aux généraux Kellermann et Valence qu’il ne traitera pas de manière séparée avec la France, ruinant les espoirs français d’une paix séparée avec la Prusse [xli].

L’armée française envahit les Pays-Bas [39] : Le 6 novembre, le général Dumouriez gagne la bataille de Jemappes. Les Pays-Bas sont abandonnés par les Autrichiens et la gouvernante Marie-Christine. Le 14 novembre, Dumouriez prend Bruxelles. Le 27 novembre, la ville de Liège est prise. Le 7 décembre, la guerre se porte dans l’actuelle Allemagne : Aix-la-Chapelle tombe [xlii]. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné [xliii]. La France plonge dans La Terreur.

Jean-Baptiste ne peut rentrer chez lui.

Virton n’a pas été conservée pas les Français. Durant deux années, la région subit le va-et-vient des Français et des Autrichiens. Le 7 juin 1793, une armée française rassemblée à Longwy attaque Arlon. La cavalerie légère française commandée par le général Tolozan repousse les Autrichiens au-delà de Rachecourt occupé par la cavalerie des impériaux, probablement les dragons de Latour. Menacés d’être encerclés, les Autrichiens se retirent sur Luxembourg. Le 12 juin, Arlon est évacué par les Français après s’être emparé des magasins. Ils ont gagné un combat, mais le but de la campagne n’est pas atteint : Mayence n’est pas dégagé et Luxembourg conserve sa garnison [xliv].

Le 1er avril de la même année, Jean Joseph Saint-Mard, frère cadet de Jean-Baptiste, incorpore l’armée française [xlv]. C’est un jeune homme, âgé de dix-neuf ans et quelques mois. Agit-il par patriotisme pour défendre la patrie. Il a été témoin de l’invasion de la Champagne en 1792. À la fin du mois d’août de ladite année, le général autrichien Clerfayt s’était emparé de Stenay. Est-il un conscrit ? Son destin est-il lié à celui de son frère ? Nous n’en savons rien.

Le 17 avril 1794, jour du jeudi saint, l’Armée de Rhin-et-Moselle quitte Longwy pour s’emparer d’Arlon. Trois colonnes principales se dirigent sur les avant-postes autrichiens. La guerre est de retour. Une quatrième colonne venue de Montmédy se présente sur Vance par les bois de Virton. Une cinquième colonne arrivée des environs de Longuyon et Marville débouche près de Saint-Léger. Les Autrichiens se retirent d’Arlon, mais la reprennent le 30. Le 22 mai, elle est reprise par les Français ; le 29 mai par les Autrichiens, le 17 août, l’armée française attaque les troupes autrichiennes campées aux environs de Luxembourg. [xlvi]

La prudence de Jean-Baptiste était justifiée.

Le conventionnel Mallarmé envoie en mission une force armée dans le département de la Meuse. Elle y commet les pires excès. Dans la nuit du 7 juillet 1794 [40], des troupes investissent la petite ville de Dun-sur-Meuse. Fouquier-Tinville, accusateur public du tribunal révolutionnaire à Paris, a émis des mandats d’arrêt contre plusieurs habitants [41] qui auraient entretenu des correspondances et intelligences avec les ennemis de l’État lors de leur invasion sur le territoire français en 1792, tendant à leur procurer des secours, etc. Les individus « décrétés » sont pris de corps, entassés sur des voitures et conduits de relais en relais jusque Paris. Au matin, les habitants hébétés sont convaincus qu’ils ne reverront plus leurs pères, mères, parents, amis enlevés. C’est certain, ils subiront le même sort que les jeunes filles de Verdun qui avaient offert un bouquet de fleurs au roi de Prusse. Ils seront guillotinés [xlvii].

À la fin du mois de juillet, la France se débarrasse d’une bande de despotes sanguinaires [42]. La Terreur progressivement prend fin [xlviii].

Malheureusement, pas assez vite pour les Dunois. Les 7, 8 et 9 vendémiaire an III [43], les malheureux sont jugés. Très courageusement, un dénommé Thierry [44] plaide leur cause devant la cour. Deux sont condamnés à mort, un acquitté faute de preuve, sept convaincus d’avoir participé aux dites manœuvres et intelligence avec l’ennemi, mais non avec des intentions coupables, deux sont condamné à rester enfermés comme suspects. Les autres sont heureusement acquittés [xlix].

4e époque : une vie à Dampicourt

Au début du mois d’août, Trèves s’est rendue à l’armée de Moselle [l]. Deux ans se sont écoulés depuis la fin des études de Jean-Baptiste dans ladite ville. Il réapparaît à Dampicourt. Le 10 décembre 1794, Marie Jeanne Thiry [45] est baptisée : Jean-Baptiste, résidant audit lieu, est le parrain. L’institution de baptême étant sacrée, le choix des parrain et marraine répond à une logique sociale ou familiale, néanmoins il n’existe aucun lien familial connu entre le parrain et sa filleule, mais cette dernière est la cousine d’Anne Marie Simon, future épouse de Jean-Baptiste.

Le choix de Dampicourt n’est pas anodin. Il n’a presque plus de famille à Thonne-les-Prés (une tante) malgré tout de nombreux cousins et oncles habite à Verneuil-Petit, peut-être trop s’il veut rester discret. À Dampicourt, il n’est pas ou peu connu des habitants. Il y a de la famille. Philippe St Mard, cousin germain de son grand-père est décédé en 1789. Sa fille Anne est mariée à Jean-Baptiste Guillaume. En 1805, leur fils Jean-Baptiste Emmanuel Guillaume reconnaît formellement Jean-Baptiste comme étant son cousin [46]. Marie Françoise Joannes épouse de Guillaume Simon et Jean-François Joannes, tante et oncle par sa mère, résident avec certitude dans le village. Tout ceci reste faible pour expliquer le choix de Dampicourt et l’importance de Pierre Simon son beau-père.

En toute logique, Jean-Baptiste a trouvé refuge chez un proche parent, c’est-à-dire un Joannes, néanmoins, la tradition familiale raconte qu’il épousa la fille de son hôte qui n’a pas de lien de parenté avec ladite famille Joannes.

Pierre Simon fils de Jean et Jeanne Chesnois, beau-frère par alliance de Philipe St Mard à raison de son épouse Hélène Collignon, sœur d’Anne Collignon, la seconde épouse dudit Philippe, semble être le personnage le plus important dans cette histoire.

Pierre Simon est beau-frère par alliance à Magdelaine Joannes, mère de son gendre Jean-Baptiste Saint-Mard. En effet son frère Guillaume Simon est l’époux de Marie Françoise Joannes, la sœur de Magdelaine. Le 5 avril 1766, le couple Simon-Joannes fut parrain et marraine de Marie Françoise St Mard, petite sœur de Jean-Baptiste. Elle ne vécut qu’un mois et demi.

Par deux fois, Pierre Simon est lié de manière directe ou indirecte aux St Mard. Le 9 septembre 1774, le couple Simon-Collignon hypothèque ses biens à Dampicourt pour garantir un prêt de cinquante louis d’or lui accordé par Jean St Mard, bourgeois marchand demeurant à Verneuil-Petit. En voici la transcription :

« Ce jourd’hui treizième 9br mil sept cent septante-quatre

Est comparu par devant nous maire et gens de justice de la seigneurie de Dampicourt Jean St Mard bourgeois marchand demeurant à Petit-Verneuil France lequel nous a déclaré qu’il prête à Pierre Simon bourgeois laboureur résidant à Dampicourt la somme de cinquante louis d’or neuf argent au cours de France à vingt-quatre livres chaque premier (prononcé) que le dit St Mard a déboursé audit Pierre Simon à nos présence dis de justice le tous en bon espèce d’or, le dis St Mard a déclaré que c’est pour et au nom de Pierre Jacquemin et de Marie son épouse bourgeois résidant à Vigneul France laquelle somme de cinquante louis d’or neuf les dit Pierre Simon s’oblige de rendre audit St Mard aux noms qu’il agit en deux termes égal Savoir la moitié le premier 9br prochain et le restant à pareil pour l’année 1776 le dit Pierre Simon et sa femme Hélène Collignon s’oblige et hypothèque tous leurs biens meuble et immeuble présent et avenir en quel lieu où il puisse être situé le tout sous les obligations ordinaires et de droits déclarant qu’il n’y a aucune hypothèque sur les biens de dit Pierre Simon en qui de soi à mettre connaissance

Fait et passé au dit Dampicourt le trois octobre 1774. [li]»

Jean St Mard, grand-oncle Jean-Baptiste Saint-Mard, agit comme intermédiaire au bénéfice de son gendre Pierre Jacquemin et de sa fille Marie St Mard. Du point de vue de la filiation, Jean St Mard père de Jean-Baptiste et Anne St Mard épouse de Pierre Jacquemin sont des cousins germains.

En juillet 1791, Anne Collignon veuve de Philippe St Mard, belle-sœur de Pierre Simon, fonde à perpétuité une grande messe à chanter et célébrer à la chapelle de Dampicourt tous les troisièmes jeudis de chaque mois de l’année. « Pour la sûreté de ladite fondation à perpétuité ladite comparante fondatrice cède, donne, et transporte part les présentes un capital de 500 desdits florins créé à constitution de rente à son profit par Pierre Simon laboureur résidant à Dampicourt et Hélène Collignon sa femme… [lii] » Le même jour, elle « donne » un capital de 500 florins à Pierre Simon et Hélène Collignon qui s’obligent à lui payer une rente annuelle de 25 florins15. Pour terminer, Anne Collignon vend cinq parcelles de terre et de pré moyennant une somme de 36 Louis Vertugadins à 14 florins 8 sols au couple Simon-Collignon16.

Des liens de clientèle unissaient Pierre Simon et les St Mard de Verneuil-Petit et Dampicourt avant l’arrivée de Jean-Baptiste à Dampicourt. Pierre Simon a pu aider et héberger Jean-Baptiste tout comme les Joannes ou Anne St Mard dont la petite-fille épousera un fils de Jean-Baptiste. Toutes les hypothèses restent ouvertes.

L’année 1795 commence par un hiver tout aussi rigoureux que les précédents. Quarante-deux jours de froid et des températures atteignant les moins vingt-trois degrés [liii].

Depuis deux ans, la France révolutionnaire désire annexer ses voisins. Fin 1792, début 1793 [47], la Convention nationale ordonne aux généraux des armées qui occupent la Belgique et la principauté de Liège, de convoquer de convoquer les peuples de ces pays en assemblées primaires pour déclarer qu’elle forme de gouvernement ils veulent adopter. Lesdites assemblées [48] demandent la réunion à la France [liv].

Le projet échoue. L’armée d’occupation française est complètement désorganisée par le parti des jacobins. Cela déplaît au général Dumouriez qui conclut à la fin du mois de mars 1793 un traité avec les généraux autrichiens pour pouvoir évacuer la Belgique sans être inquiété. Pire, il aurait pactisé avec eux. Dumouriez se prononce contre la Convention nationale et marche sur Paris pour la renverser. Le ministre de la Guerre et quatre députés sont chargés d’aller l’arrêter au milieu de son armée. Début avril, le général fait arrêter le ministre et les députés. Il les livre aux Autrichiens. Dumouriez n’est pas soutenu par sa troupe : il doit fuir. Il se retire à Mons, puis en Angleterre [lv].

Une nouvelle guerre, le 7 juin 1795, la garnison de Luxembourg capitule. Début du mois d’octobre [49], par décret la France annexe la Belgique et le pays de Liège, le Luxembourg et les pays conquis sur la rive gauche de Rhin. Les territoires occupés tombent sous la loi française et sont divisés en département. Le duché de Luxembourg est partagé entre trois départements : l’Ourthe [50], la Sambre-et-Meuse [51], et celui des Forêts [52] qui englobe la majorité dudit duché [lvi].

Mars 1796, nouveau baptême. Jean-Baptiste devient le parrain de Marie Brasseur, nièce de sa fiancée Anne Marie Simon, la fille d’un laboureur du village [53]. Le 9 août 1796, après avoir obtenu la dispense des trois bans, l’union est célébrée. François Joannes [54] est témoin de l’époux, Pierre Simon de l’épouse. Une fois de plus, nous pouvons nous rendre compte de l’importance des Joannes.

Le lendemain 10, toutes les juridictions anciennes sont abrogées au profit de cours et tribunaux de droit français. En 1802, le département de Forêt est divisé en quatre arrondissements judiciaires [lvii]. Pour les petits litiges, les Dampicourtois saisiront le juge de paix à Virton ; pour les plus graves, ils se rendront au tribunal de première instance à Neufchâteau.

Jean-Baptiste a beau être un personnage hors norme, il est soumis aux mêmes contraintes que tout jeune couple. Lui et son épouse vont devoir s’émanciper de leurs familles, acquérir un chez-soi et une exploitation agricole.

Jean-Baptiste a une double qualification : il est laboureur. Incontestablement, il a aidé son beau-père et sa mère. Il a appris le métier de paysan à Thonne-les-Prés. Mais, il a une formation intellectuelle peu courante dans un petit village tel que Dampicourt. C’est un accident de l’histoire, en fréquentant les Spiritains, il était destiné à devenir curé dans les colonies. Il a donc toutes les qualités pour devenir le fermier du grand propriétaire, en l’occurrence Paul Joseph de Nonancourt, demeurant à Yzel.

En 1804, le bail à ferme les liants arrive à son terme [lviii]. Par analogie avec d’autres beaux, nous pouvons penser qu’il a été conclu pour 3-6-9 années consécutives. Au plus tôt, il aurait pu être conclu en 1795. L’exploitation en question se compose de 22 hectares et demi de terre labourable et 3 hectares et demi de prairie. Dans cette hypothèse, il devenait déjà un beau parti ; l’union avec Anne Marie Simon était donc bien plus équilibrée qu’elle ne paraissait de premier abord.

En 1797, la première acquisition connue de couple est modeste : « Trois quart de terre [55] située sur le ban de Mathon, lieu-dit entre deux villes avec un petit bâtiment y construit, royer le citoyen Deprez au levant et Heni la Roije au couchant, aboutissant au grand Genin du midi et le chemin qui conduit au moulin du nord » pour la somme de 200 livres argent au cours actuel de la République [lix]. L’acte nous apprend un détail, le couple vit à Mathon. À cette époque, le village de Dampicourt n’est pas réellement unifié : « le bas » du village, c’est Dampicourt. Au milieu, nous trouvons l’église. À la confluence de la Chevratte et du Ton, nous avons les seigneuries d’Aigremont et le « quartier » de Mathon. Bien entendu, il existe une rivalité entre Dampicourt et Mathon.

Fin de l’année, Anne Marie est enceinte. Lundi 9 juillet 1798, à deux heures de l’après-midi, en la maison familiale à Mathon, Joseph voit le jour. Premier enfant du couple, il a pour prénom celui de son oncle militaire. Coïncidence ou volonté ? Le lendemain, Jean Etienne Ferdinand Deprez, agent municipal de Dampicourt, ancien seigneur d’Aigremont, enregistre l’acte de naissance. Jean-Baptiste est assisté par Henri Joseph Noël [56], tailleur de pierre à Mathon et Jean-Baptiste Brasseur [57], laboureur à Dampicourt.

Dans ledit acte, Jean-Baptiste est laboureur : c’est un cultivateur propriétaire de ses terres. À ce stade-ci, le terme est galvaudé. C’est peut-être déjà un notable, mais il possède peu de biens propres. C’est un gros fermier.

Les hivers se suivent et se ressemblent. 1798-1799 : le froid est rigoureux. À Épinal, on relève une température de moins vingt-quatre degrés [lx]. Les années passent et se ressemblent : au mois de juin 1799, une seconde coalition contre la France est conclue par l’Angleterre, l’Autriche, une partie des états d’Allemagne, les rois de Naples et de Portugal, la Russie, la Turquie et les états barbaresques. Deux cent cinquante mille Autrichiens, cent vingt mille Russes, 70.000 Siciliens, les armées de la moitié de l’Allemagne menaceront la France. Les Anglais bloqueront les ports et attiseront la guerre en Vendée [lxi]. Pour quelques années, Dampicourt est loin de la guerre, la région est calme.

Le général Bonaparte abandonne son corps expéditionnaire en Égypte. Il rentre en France. Fin septembre [lxii], il fait escale dans sa ville natale d’Ajaccio en Corse [lxiii]. Début octobre, il débarque à Fréjus ; le 16, il arrive à Paris [lxiv]. Ce n’est pas encore son heure. Un mois plus tard, la donne chance. Journée du 18 brumaire [lxv], le général en chef Bonaparte est chargé de transférer le Corps législatif à Saint Cloud. Manœuvre, intimidation, les députés sont chassés par les hommes du général [lxvi]. L’histoire est en marche.

À la fin de l’année [lxvii], une nouvelle constitution est proclamée. Trois Consuls dirigent la France : Bonaparte, premier Consul, Cambacérès, deuxième, et Lebrun, troisième [lxviii]. Bientôt, il ne restera plus qu’un seul. Le 28 décembre, la liberté de culte est rétablie [lxix].

Loin de l’agitation parisienne, la vie poursuit son cours tranquille au village. Le dimanche 14 septembre 1800, Anne Marie met au monde un second fils. Il reçoit le même prénom que son père. Destin prédestiné : adulte, il semble être « l’enfant sacrifié » pour remplacer son défunt père dans la gestion de la ferme.

Le 25 janvier 1801, Jean-Baptiste St Mard, « fermier peu monnayé » est nommé conseiller municipal. Ne nous méprenons pas sur le terme « peu monnayé » : dans l’« état contenant des renseignements sur le Maire, l’Adjoint et les Membres du Conseil municipal [lxx] », l’intégralité des notables formant ledit conseil sont peu fortuné, peu monnayé y compris monsieur le Maire Jean Étienne Ferdinand Deprez propriétaire de cinquante hectares, ancien seigneur. Incontestablement, cette déclaration envoyée à la préfecture de la Meuse est un doux mensonge.

Jean-François Joannes [58], 72 ans, adjoint du Maire, est l’oncle maternel de Jean-Baptiste. C’est un « fermier, peu fortuné. » Jean-Philippe Génin [59], 67 ans, est échevin. Il est dit « rentier », c’est un cultivateur à la retraite. Quatre citoyens sont conseillers : Jean-Baptiste Saint Mard ; Henry Stasser [60], 33 ans, maréchal-ferrant ; Jean-Baptiste Guillaume [61], 72 ans, cultivateur, son épouse Anne Saint Mard est une lointaine cousine de Jean-Baptiste ; et Pierre Simon [62], 37 ans, fermier peu monnayé, cousin germain de Jean-Baptiste [lxxi].

Avril 1801 [lxxii], Hélène Collignon, mère d’Anne Marie, organise la fin de sa vie. Elle est veuve et se fait vieille : elle est âgée d’au moins soixante ans [63]. Elle décide de partager ses biens entre ses cinq enfants vivants, à savoir : Marie Anne Simon épouse de Jean Baptiste Brasseur, Anne Marie Simon épouse de Jean Baptiste St Mard, Marguerite Simon épouse de Jean Baptiste Reumont, Jean Pierre Simon célibataire et Marie Joseph Simon épouse de Jean Joseph Laurent. Les deux maisons et jardins de la communauté, une chènevière et une prairie sont exclus du partage.

« Les bénéficiaires du partage s’engagent à remettre annuellement à Hélène Collignon jusqu’à sa mort “naturelle” et dans sa grange, le tiers de produit de la terre et des prairies. » Conditions simples et honnêtes aux termes desquels ses futurs héritiers exploitent et valorisent ses terres moyennant un « loyer. » Le partage des 9 hectares 33 ares de terre et prairie est égalitaire.

À cette époque, le couple est propriétaire d’un peu moins deux hectares [64].

Petit retour en arrière. Même s’il n’est pas en terre étrangère, Jean-Baptiste n’est pas du village. Beaucoup de laboureurs ont été les journaliers de leurs parents, ont acquis des terres pour assurer leur indépendance. Au plus tard, à la mort de ses derniers, ils héritent et si la fratrie n’est pas trop grande, leurs exploitations sont aussi grandes que celles de leurs géniteurs.

Jean-Baptiste, s’il veut être laboureur, devra acquérir ses terres. Ses parents laboureurs à Thonne-les-Prés devaient posséder quelques biens. Combien ? Je n’en ai pas trouvé la trace. Je n’en sais même pas si les actes existent. En 1815, la ville basse a partiellement brûlé lorsque les alliés l’ont attaquée. En 1870, la totalité de la ville haute et des archives administratives et judiciaires brûlent. Inévitablement, il y a eu héritage. Jean-Baptiste qui se destinait à la prêtrise ne devait pas être intéressé par la conservation des terres. Il les a peut-être vendues. Sans pour autant être riches, nous pouvons envisager qu’il arrive à Dampicourt avec une petite « cassette » lui permettant de garantir dans un premier temps le bail de la ferme Nonancourt et dans un second temps de financer ses premières acquisitions.

Mercredi 7 avril 1802, à l’âge de 68 ans, Anne Collignon la veuve de Philippe St Mard s’éteint à Dampicourt. Le décès est déclaré par son neveu par alliance Jean-Baptiste Brasseur. Jean-Baptiste Saint Mard est témoin : c’est un neveu par alliance de la défunte nous dit l’acte. Philippe et Jean-Baptiste sont de lointain cousin, tous les deux descendants de Pierre l’aîné décédé en 1693 à Buzenol [65].

Mai 1802, « conformément à l’arrêté des Consuls du 20 floréal an 10 », trente-huit citoyens de Dampicourt votent par l’affirmative à « la question : Napoléons Bonaparte sera-t-il Consul à vie. [lxxiii]» Il n’y a aucun vote négatif. Jean-Baptiste « fait son devoir », le 5 Prairial, il est le troisième à dire oui. Avant lui vote le maire Deprez et F. Joannes.

Février 1803, Jean-Baptiste n’est plus conseiller municipal [lxxiv]. Le troisième fils du couple, Jean Françoise Joseph, voit le jour le vendredi 12 août. Jean-Baptiste est plus chanceux que ses parents : ses enfants sont en bonne santé.

Mai 1804, la vie de Jean-Baptiste connaît un tournant important. La veuve et les héritiers de Paul Joseph Nonancourt ne reconduisent pas le bail à ferme. Jean-Baptiste avait-il prévu cette éventualité ? Nul ne le sait. À défaut d’être fermier, il sera cultivateur propriétaire. Le couple Saint-Mard Simon achètera de plus en plus de terre. Lors de la vente publique du 16 floréal An XII liquidant l’héritage Nonancourt [lxxv], Jean-Baptiste acquière 3 hectares 64 ares de terre et pré [66]. Joseph de Neunheuser, ancien seigneur est le plus gros acheteur : il acquiert 10 hectares 79 ares. Nous le retrouverons plus loin dans le récit. Pour la petite histoire, Jean-Baptiste a acquis 15 % des biens vendus et de Neunheuser 41 %.

En avril 1805, lors d’une vente publique, Jean-Baptiste avait acquis un petit bien : 8 ares 58 centiares de terre, au Gué Des Hochards, pour le prix de 12 francs [lxxvi]. Petit à petit, la ferme familiale commence à prendre forme. Le couple est à la tête d’une exploitation d’une superficie de 5 hectares 42 ares. C’est un petit domaine, mais n’oublions pas que la majorité des laboureurs du village n’ont pas plus de terre qu’eux.

À cette époque, nous ne connaissons pas l’emplacement de leur demeure. En 1813 [67], ils habitent rue d’Aigremont, dans un îlot de quatre demeures, sur les terres de l’ancienne seigneurie foncière de Mathon, face à celle d’Aigremont, à équidistance d’Aigremont-la-Neuve et d’Aigremont-la-Vieille, « maison » de Jean Etienne Ferdinand de Prez de Barchon, ancien seigneur et maire de Dampicourt.

La première maison de l’îlot, la plus proche de l’église, est habitée par Henri Carré exerçant la profession de colporteur. La seconde par Jean-Baptiste Laroche, journalier. Dans la troisième, loge Nicolas Dropsy, fondeur en fer et madame Puttkammer ; ce sont les voisins mitoyens de Jean-Baptiste Saint-Mard. De nos jours, la façade rue et la toiture de la maison Dropsy sont classées. C’est une des plus belles du village. Le ferme Saint-Mard a été partiellement détruite et complètement dénaturée.

La maison familiale est décrite dans un acte tardif [lxxvii] qui dénoue l’indivision la frappant. Elle a une surface au sol de 200 m², c’est une ferme tricellulaire lorraine comprenant un corps de logis avec deux pièces basses et deux pièces hautes, une cave, une écurie et une grange. Le jardin d’une superficie de 30 ares 20 centiares est plus large que la bâtisse et s’étend de la rue d’Aigremont à la Grand’Route ou route de Virton à Montmédy.

L’année 1805 marque la naissance d’un nouveau cycle politique et militaire pour l’Europe. À la mi-mars, les députés de la République italienne « offrent » à Napoléon Ier le royaume d’Italie qu’il s’empresse d’accepter. Le 18 du même mois, il se fait couronner à Milan. Avant la fin de l’année, la France sera en guerre contre une nouvelle coalition : le 17 octobre, la Grande Armée s’empare d’Ulm ; le 21, la flotte française est défaite à Trafalgar ; le 2 décembre, Napoléon gagne la bataille d’Austerlitz. Dix années de guerre commencent, ponctuées de traité de paix, simples trêves entre deux tueries [lxxviii].

Pour le moment, l’heure est aux réjouissances populaires. Le maire de Virton, « jaloux de n’avoir qu’à régulariser les mouvements si spontanés d’allégresse et à donner un signe d’ensemble à de si belles intentions, [invite] messieurs les conseillers municipaux et quelques autres fonctionnaires publics à se joindre à lui, pour aviser aux moyens de donner à une époque aussi glorieuse tout l’éclat de solennité, dont les localités pouvaient être susceptibles. [lxxix] »

Le deux prairial an XIII [68], à neuf heures du soir, les cloches de l’église, des tambours, six petites pièces d’artillerie assemblées sur la place face à cette dernière annoncent les cérémonies du 3. La même annonce est répétée ledit jour à six heures du matin. À huit heures, le commandant de la compagnie des jeunes gens fait battre l’appel. Elle se rassemble dans la cour du collège, devant laquelle attendent les gendarmes de la brigade en grande tenue et à cheval. Une garde d’honneur se présente à la mairie pour accompagner le maire, ses adjoints et conseillers au point de départ du cortège [lxxx].

À dix heures, le maréchal de logis commandant la gendarmerie à la tête de ses hommes à cheval, ouvre la marche. Derrière lui, la première demi-compagnie de la jeunesse en armes battant la marche, drapeaux tricolores en tête, suivit par les notables et fonctionnaires [69]. Le maire, les échevins et le Conseil communal défilent en troisième position. Ils sont suivis par la deuxième demi-compagnie qui précède les gardes forestiers des bois impériaux et communaux, et par une foule considérable de tout âge et de tout sexe [lxxxi].

Arrivé à la Grand-Place, le cortège est salué par une salve de quatre canons. Dans l’église paroissiale, une messe est célébrée. Les gendarmes demeurent à cheval, et la compagnie de la jeunesse sous les armes durant toute la durée de l’office dont la majeure partie est une prière pour la prospérité de l’Empire français et la gloire Sa Majesté l’Empereur et Roi [lxxxii].

Un banquet est donné, chaque toast est accompagné de salve de mousqueteries. Un peu avant quatre heures de l’après-midi, le maire, les échevins et conseillers se rendent à la mairie. Une garde d’honneur les y attend ; un second cortège se forme dans le même ordre que le matin. Au dernier coup des vêpres, une décharge d’artillerie annonce le départ pour l’église où une seconde messe est dite. À sa sortie, le maire s’avance au centre d’une double haie de jeunes gens en armes. Arrivé au milieu de la place, il proclame que « cette place qui est le siège principal de la solennité de ce beau jour portera dès aujourd’hui et à jamais le nom de Place Napoléon » et ouvre une souscription pour l’érection du buste de Sa Majesté l’Empereur et Roi. Son annonce est acclamée par la population, suivit d’une décharge de mousqueterie et d’artillerie. La musique joue des fanfares, des rafraîchissements sont servis. Un bal s’improvise et ne cesse qu’à huit heures. La fête n’est pas terminée, à neuf heures, le bal est ouvert dans l’une des salles du collège. Les classes populaires les moins aisées et les plus fortunées sont unies dans d’une même célébration : quel que soit leur statut, les habitants garnissent leurs fenêtres de bougies, de lampions, de chandelles [lxxxiii].

La fête prend fin le lendemain à quatre heures du matin. Pour en garder le souvenir, le maire rédige un compte-rendu [lxxxiv].

Petite anecdote, printemps 1805 [lxxxv], Jean-Baptiste est le témoin de Jean-Baptiste Emmanuel Guillaume [70] qui épouse Marguerite Thérèse Collin [71]. Ils sont présentés comme cousin au 5e degré. Le calcul me paraît inexact : en droit canonique, ils sont cousins au 4e degré, en droit civil, au 8e. Cela n’a qu’une importance relative : ils sont lointains cousins, le savent et se reconnaissent comme tels.

À l’été 1805, le curé Sommeillier est invité à prêter serment de fidélité à l’Empereur par-devant le maire de la commune de Dampicourt. Au plus fort de la Révolution, il avait refusé de jurer fidélité à la Constitution civile du clergé comme beaucoup de prêtres gaumais. Le 25 messidor an XIII, après les derniers coups des vêpres sonnés, au pied de l’autel, en présence des paroissiens et de Jean Étienne Ferdinand Deprez [72], le curé Sommeillier jure et promet « à Dieu sur les saints évangiles, de garder obéissance et fidélité à l’Empereur établi par la Constitution de la République française » et promet « de n’avoir aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil, de n’entretenir aucune ligue, soit au-dedans soit au-dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique. [lxxxvi] »

Le dernier fils du couple, Louis naît le mercredi 2 avril 1806 à trois heures du matin. De manière incongrue, Jean-Baptiste est qualifié de journalier dans l’acte de naissance. Dans les faits, Jean-Baptiste s’est très bien intégré au village, c’est un notable repris comme le vingtième « plus fort Contribuable de la Mairie de Dampicourt. [lxxxvii] » Toute proportion gardée, Ferdinand Deprez paie dix fois plus d’impôt que lui.

La succession de son oncle Jean-François Joannes, décédé le 10 avril, confirme qu’il n’est pas désargenté, mais plutôt « aisé. » Ledit Joannes est endetté et ses héritiers directs cèdent à Jean-Baptiste leurs parts sous condition qu’il organise la liquidation du patrimoine au travers d’une vente publique à ses risques [lxxxviii]. Il accepte de prendre à sa charge la succession.

Jean-Baptiste devra payer toutes les charges et dettes du défunt, remettre à l’échéance de la vente 300 francs à Jean Baptiste Franchet, son oncle par alliance, cultivateur à Thonne-les-Prés, à la charge du sieur Machurai de Cobreville.

Il devra laisser un cheval audit Jean-Baptiste Franchet qui le choisira à l’écurie du défunt. Ce dernier sera « partagé » avec ses frères et sœurs.

En cas de vente insuffisante, Jean-Baptiste devra rembourser les dettes avec ses propres deniers. Les choses se passent bien, la vente qu’il organise avec Pierre Joseph Simon et Pierre Simon rapporte la somme de deux mil deux cent six francs et quinze centimes. Les dettes et charges sont très certainement couvertes par le produit de la vente. Il rentre dans ses frais.

Fin mai, Marson-Grandjan, maire de la petite ville de Virton, à la demande Préfet [73] du département de Forêt, donne son opinion « sur le Sieur Pierre-Joseph Simon, candidat proposé pour remplir les fonctions d’adjoint de la Mairie de Dampicourt [lxxxix]. » Son opinion est des plus claires : c’est « un homme probe, qui se trouve à la tête de l’exploitation de la métairie la plus conséquente de la commune, mais d’un caractère trop doux pour se faire craindre et sévir contre ceux qui oseraient se permettre des délits. »

En conséquence, il propose le choix de Jean-Baptiste Saint Mard, propriétaire à Dampicourt, qui « a sur l’autre l’avantage d’avoir fait son cours d’étude avec quelques distinctions, de pouvoir par conséquent entretenir une correspondance, s’instruire des lois dont il doit assurer l’exécution ; […] » Comme dernier argument, il nous dit que « le Sieur Saint Mard est plus indépendant et a par conséquent moins de raisons de ménager tel délinquant. »

Le 12 juin 1806, le préfet nomme Jean-Baptiste à la fonction d’adjoint maire [xc]. Il s’agit peut-être de la simple officialisation d’une situation de fait. Des indices laissent penser qu’il rédigeait des actes d’état civil et les signait pour le maire Jean Étienne Ferdinand Deprez. Les trois premiers actes de naissance de ses fils ont une caractéristique commune : la position de la signature de Jean Baptiste. Celle-ci est fine et constante. Elle est celle d’un personnage qui écrit facilement. La position de celle-ci sur l’acte, comme fait dans la foulée, nous incite à penser qu’il en est le rédacteur. De plus certains éléments se retrouvent dans la signature et dans l’acte. Par exemple, la manière d’écrire le « d » avec la barre verticale qui forme une boucle vers la gauche. Dans l’acte de naissance de Jean François Joseph, l’impression est encore plus forte lorsque l’on compare les différents « St-Mard » de l’acte et celui de la signature.

Par décret impérial signé le 19 février 1806 au palais des Tuileries, Napoléon Ier, Empereur des Français, Roi d’Italie, exige une autre preuve de ferveur et fidélité à sa personne. Le 15 août, jour de l’Assomption, époque de la conclusion du concordat, la fête de saint Napoléon et celle du rétablissement de la religion catholique en France, devra être célébré. Le décret stipule qu’il « y aura ledit jour une procession hors l’église dans toutes les communes où l’exercice extérieur du culte est autorisé » et qu’il « sera prononcé avant la procession, et par un ministre du culte, un discours analogue à la circonstance ; et il sera chanté, immédiatement après la rentrée de la procession, un Te Deum solennel. » Les autorités militaires, civiles et judiciaires, bien entendu, doivent assister à ces solennités [xci].

À Dampicourt, la veille du dit jour, les cloches annoncent l’événement. Le 15 août, elle le rappelle à sept heures du matin. S’en suit, après les vêpres, une procession dans les rues du village : la jeunesse parade en armes et forme une haie à côté des autorités marchant deux à deux derrière le curé. Les filles marchent en avant et les habitants suivent les membres du Conseil. La procession terminée, un Te Deum est entonné. Durant le chant, par intervalles, la jeunesse tire des coups de mousqueterie. La cérémonie terminée, le maire de Dampicourt donne de l’argent aux jeunes gens qui ont tiré, « pour se divertir et boire un coup, à l’honneur et gloire de S.M. l’Empereur et roi des Français. [xcii] »

En 1808 et 1809, Jean-Baptiste « investit. » La superficie agricole totale est multipliée par un facteur de deux et demi. Les questions, les idées se bousculent. Pourquoi n’a-t-il pas augmenté plus tôt la taille de son domaine ? Il a peut-être simplement dû attendre l’occasion. Avoir les moyens ne suffit pas, il faut que des terres se libèrent et soient mises en vente.

Fin janvier 1808 [xciii], une première acquisition de faible importance : quatre parcelles de terre d’une superficie d’un peu moins de 50 ares [74]. Le 31 mai [xciv], les héritiers Guillaume [75] vendent à Jean-Baptiste 4 hectares 13 ares de terres labourables et 62 ares de prairies moyennant le paiement d’une rente d’un muid et demi de grains moitié seigle et moitié avoine ancienne mesure de Virton à payer annuellement à monsieur Demarteau de Habay. L’acte de vente ne précise pas le terme de cette rente évaluée en capital à 500 francs. Dans l’immédiat, Jean-Baptiste ne doit rien débourser, mais sa nouvelle acquisition est hypothéquée pour garantir le paiement de ladite rente.

La seconde acquisition porte sur un petit corps de ferme en 3 hectares 87 ares de terres et 71 ares de près. La vente conclue le mercredi 3 mai 1809 par-devant Maître Bernard Papier [xcv], notaire à Virton, est en tout point similaire à celle du 31 mai 1808 : même vendeurs, les héritiers Guillaume [76], mêmes conditions. Les biens une valeur de 675 francs au cours décimal de France. « En payement et extinction de ladite somme, l’acquéreur promet et s’oblige de livrer et fournir annuellement en nature à l’entière décharge des vendeurs, à compter du 11 novembre dernier, aux héritiers Demarteau de Habay, 18 bichets de seigle, mesure ancienne de Virton, faisant environ 3 hectolitres 1 décalitres et en avoine aussi 18 bichets mêmes mesure ancienne, faisant 3 hectolitres 1 décalitre et 7 livres, dont lesdits immeubles, sont grevés, et de coutume ainsi par chaque année à cedit jour, ladite livraison et fourniture de manière que les vendeurs n’en soient recherchés ni inquiétés dans la suite en aucune manière. »

Cette double acquisition améliore le statut social du couple. Jean-Baptiste, notable lettré devient rapidement un des plus gros laboureurs du village, néanmoins, il ne peut pas rivaliser avec les anciens seigneurs d’Aigremont et Mathon. Petit bémol, c’est un investissement à crédit.

Février 1810, le maire Jean Etienne Ferdinand Deprez, ancien seigneur de Mathon et des Aigremont, propose trois candidats à sa succession : Joseph de Neunheuser (ancien seigneur), Jean-Baptiste St Mard et Henri Joseph Lambert [xcvi]. La fonction de maire étant la chasse gardée des anciens seigneurs, la logique sera respectée, un ancien seigneur transmet la mairie à un autre ancien seigneur, Joseph de Neunheuser, propriétaire de 27 hectares de terres, prairies, jardins et bois à Dampicourt. Le lettré reste l’adjoint.

Des doutes planent sur la santé mentale de Jean Étienne Ferdinand Deprez. Au plus tard, à l’époque de la fenaison de ladite année 1810, il est en état de démence et d’imbécillité. La qualité de la signature apposée sur la lettre précitée démontre qu’il n’a pas pu l’écrire. En soi, cela ne prouve rien. Constatant qu’il n’était plus capable de gérer ses affaires, ses domestiques Jacques Herbain et Marie Joseph Guillaume lui font signer deux actes de vente à leur profit en employant des moyens illicites : « Marie Joseph Guillaume, après avoir employé différent moyen pour parvenir à son but, a menacé le sieur Jean Étienne Ferdinand Despré qu’il s’en repentirait, le traitant de Vieux Coquin, Vieille bête (…) et lui jetant au nez la porte de la chambre dans laquelle il était. [xcvii]» Ils lui font croire qu’ils épongeront ses dettes à hauteurs d’une somme de 18.000 francs. Trois mois avant les ventes, le trente juin, un troisième larron intervient. Jean Ferdinand Deprez rédige un nouveau testament instituant légataire universel Nicolas Joseph Charles de Beraud d’Arimont, propriétaire demeurant à Charleville. Après la mort du sieur Deprez, le trio s’affrontera par-devant le Tribunal de première instance de Neufchâteau. Nicolas Joseph Charles de Beraud d’Arimont veut tous les biens, tout le gâteau. Nous y reviendrons un peu plus loin.

De 1810 à 1813, la vie à Dampicourt suit un cours tranquille. Fin juin 1811 [xcviii], Jean-Baptiste et Joseph Neunheuser, propriétaire et maître de forges, domicilié à Dampicourt s’échangent chacun une prairie et une terre ; preuve de la bonne entente entre l’Adjoint maire et son Maire. La mutation augmente légèrement la taille de la ferme. En tenant compte de l’achat de gré à gré de trois quarts de terre en 1797, l’exploitation familiale a une superficie de 16 hectares [77].

Juillet 1811 [xcix], Jean Baptiste et son associé Albert Leroy, demandent une autorisation d’exploitation de mines de fer sur la surface d’une terre de 4 ares 15 centiares situés dessous court [c]. La minette, fer de prairie ou fer tendre se trouve sous une couche de deux à quatre mètres de terre sablonneuse. L’exploitant commençait par retirer la terre arable, en toute logique, il la conservait. Venait le tour de la couche sableuse, puis commençait l’extraction à proprement parler. À Dampicourt, la production était essentiellement achetée par les forges de Berchiwé à Houdrigny. Le gisement tari, l’exploitant devait remettre le terrain en l’état [ci].

À la même époque, nous retrouvons la trace de son frère Jean Joseph en Espagne. Il est devenu Capitaine au 11e Régiment de Dragons [cii].

Le 1er janvier 1812, Jean-Baptiste, en qualité d’Adjoint au maire, clôture les registres d’état civil de l’année 1811. Monsieur le Maire est empêché.

Juin 1812 [ciii], Jean-Baptiste, Antoine Jonnette, propriétaire et cultivateur, résidant à Grandcourt, et Jean Toussaint, ancien maire et propriétaire, domicilié en la commune de Ruette prêtent serment par-devant Laurent Augustin Dupont, Juge de Paix du Canton de Virton. Ils sont nommés « experts, à l’effet de procéder, à l’estimation des immeubles, situés sur le territoire de Ruette, Grandcourt, Signeulx, Saint-Remy, Dampicourt, et Couvreux », provenant d’une succession. En outre, ils doivent indiquer « si les objets estimés peuvent être commodément partagés, de quelle manière, et fixe enfin, en cas de division, en cinq lots, chacune des parts qu’on peut en former et leur valeur. » À quarante-quatre ans, Jean-Baptiste s’est fondu dans la société locale, c’est une personne digne de confiance à qui l’on fait appel en cas de problème.

Mauvaise époque, la faible activité solaire fait sentir ses effets. Dès la fin de l’automne 1812, l’hiver pointe son nez [civ]. La Grande Armée de Napoléon gèle et périt en Russie. L’Empereur n’est plus invincible.

Début juin 1813, Jean-Baptiste reçoit la visite d’un huissier : il est cité à comparaître par-devant mon monsieur Dewez juge, le 15 juin 1813 à 2 heures de relevé en la Chambre du conseil au dit Neufchâteau. Rien d’inquiétant, il doit témoigner dans le cadre de la sombre affaire de spoliation des biens de Jean Étienne Ferdinand Deprez, évoquée ci-dessus.

L’affaire remonte à 1810, Nicolas Joseph de Beraud d’Arimont veut faire annuler les ventes du 25 septembre et 18 octobre de la même année, au profit de Jacques Herbain et son épouse Marie-Joseph Guillaume arguant que le vendeur était sénile au moment des faits. Pour lui, il y a eu dol et violence [cv].

Néanmoins, cette « tracasserie » va l’occuper deux journées à une époque de l’année où le travail ne manque pas à la ferme. Se rendre au tribunal de 1re instance est une petite expédition de 35 kilomètres par le chemin le plus direct. À pied, il y en a pour 7 heures et demie. À cheval ou en charrette, plus rapide. Jean-Baptiste doit prendre le chemin de Meix-devant-Virton, traverser la forêt gaumaise, Bellefontaine, Tintigny, franchir le Semois à Breuvanne, remonter sur Rossignol et franchir la forêt ardennaise. Il me paraît peu probable que l’aller et le retour pouvaient se faire dans la même journée. Il y a le temps perdu devant le Juge, les formalités et prestations. Il doit très certainement y loger une nuit.

5e époque : fin de l’Empire et début des difficultés

1813, année maudite pour l’armée française en Espagne. Arthur Wellesley, plus connu sous son titre de duc de Wellington, les combat sans relâche. Le 21 juin, à Vittoria aux Pays basques, c’est le choc. Trois armées françaises en replis se heurtent aux armées dirigées le duc anglais. La défaite est sanglante. Le capitaine Jean Joseph Saint-Mard y perd son cheval et son équipement [cvi]. Le 22 août 1813, le régiment est aux avant-postes de Gross-Beeren près de Berlin. Trois mille vieux dragons d’Espagne ont eu ordre de rejoindre la Grande Armée en Allemagne. Le 14 octobre 1813, le prince Murat engage le 11e Dragons à la bataille de Wachau à la veille de la « Bataille des Nations » à Leipzig. Napoléon perd, recule, la guerre est en France [cvii].

Début novembre 1813, Jean-Baptiste n’imagine pas que cette retraite militaire bouleversera sa vie deux ans plus tard. Il n’imagine pas devoir quitter Dampicourt et continu à y investir. Il achète un petit bien rural situé sur le Ban de Dampicourt et voisin pour une somme de 25 francs. Affaire de famille, le vendeur est son beau-frère [78]. Malheureusement pour nous, l’acte ne décrit pas le bien : ni superficie, ni nature, ni localisation [cviii].

À la fin du mois de janvier 1814, l’armée de Silésie franchit la Meuse [79]. Marie-Louise épouse de Napoléons Ier est nommée régente [80], leur fils le roi de Rome est sous la protection de la Garde nationale. Le 25, l’Empereur qui Paris pour rejoindre son armée. Son quartier général est à Châlons-en-Champagne [81]. Le 1er février, un ami, un fidèle le trahit : Murat déclare la guerre à la France [cix].

Le 24 mars 1814, le tribunal nomme Jean-Baptiste gardien judiciaire aux immeubles contestés [cx]. Cette affaire, qui n’est pas terminée en 1822 et provoquera quelques soucis à Anne Marie Simon après la mort de son époux.

Les alliés ont déjà envahi la France, ils se battent au Nord et à l’Est de Paris. Les institutions locales continuent à fonctionner, mais qui donne les ordres ? Les hauts fonctionnaires français suivent le mouvement de recul. Les Alliés foncent sur Paris. Qui dirige les territoires « libérés » ou « occupés » par les alliés ?

Le gros des armées coalisé entre en France par Mézières d’un côté et Luxembourg de l’autre. La Lorraine est occupée, mais toutes les places fortes de frontières refusent de capituler. Montmédy n’est pas inquiétée [cxi]. Les Dampicourtois ne peuvent ignorer les événements. Mais la vie continue loin du tumulte.

L’histoire s’accélère. Fin mars, Napoléon abandonne ses troupes pour se rendre à Fontainebleau. Il veut négocier, mais les souverains étrangers l’ignorent. Paris capitule. Un gouvernement provisoire s’installe [82] et s’adresse à l’armée [83] « Vous n’êtes plus les soldats de Napoléon, le Sénat et la France vous dégagent de vos serments. » Le 6 avril, le Sénat appelle au trône Louis XVIII [cxii].

Le 30 mars, les Alliés décident que « la Hollande placée sous la souveraineté de la maison d’Orange recevra un accroissement de territoire. [84] » Secrètement, ils décident que « les pays de la rive gauche du Rhin qui avaient été réunis à la France, serviront à l’agrandissement de la Hollande et à des compensations pour la Prusse et les autres États allemands. » [cxiii]

Mi-avril [85], Napoléons conclut un traité avec les puissances coalisées. Il abdique et s’exilera sur l’île d’Elbe, bien petit royaume pour celui qui crut être l’Empereur de l’Europe. Le 20, il quitte Fontainebleau pour Fréjus où il embarquera pour ladite île [cxiv]. Dans le courant du même mois, la place forte de Montmédy, comme d’autres, reconnaît Louis XVIII et arbore le drapeau blanc [cxv].

Le 3 mai, Louis XVIII entre solennel à Paris. À la fin du mois, un traité de paix est conclu avec la Russie, l’Autriche, l’Angleterre et la Prusse : la France conserve les limites de 1792 [cxvi].

Dampicourt n’est plus français. La France n’administre plus les territoires conquis au cours des vingt dernières années. Les vainqueurs instaurent des gouvernements provisoires. Le département des Forêts est rattaché au gouvernement général du bas et moyen Rhin. Le siège du commissariat général du département est à Echternach [cxvii].

À Londres, un mauvais scénario est en train de s’écrire. Huit articles secrets prévoient les conditions d’annexion des provinces belges à la Hollande. Le 21 juillet, Guillaume Ier les accepte. Le Grand-Duché de Luxembourg reviendra personnellement du dit Guillaume en échange de ses quatre principautés [86] patrimoniales allemandes [cxviii].

Dans un premier temps, les changements ne portent pas à conséquence : Jean Baptiste conserve ses fonctions municipales. En septembre, Gilles Darge, cultivateur demeurant en la métairie de Beauregard et Pierre Brasseur, cultivateur, domicilié à Couvreux commune de Dampicourt « pour tourner la difficulté élevée devant le tribunal de Paix du canton de Virton » désigne expert Jean Baptiste St Mard, adjoint au maire. Le litige porte sur l’indemnité de la récolte d’un champ de 17 ares 15 centiares de terre, situé à la Ronde Table [cxix].

À la fin de la campagne de France [87], son frère Jean Joseph est monté en grade : il a été nommé Chef d’Escadron. Fin juillet, il est muté au prestigieux 2e Régiment de Carabiniers à Nancy [cxx].

Fin de l’année 1814, Jean Baptiste né en France, de père français et exerce toujours son mandat d’adjoint au Maire à Dampicourt. Pour les nouvelles autorités, c’est une situation qui ne peut plus durer. Tout changedans les premières semaines de 1815. Il perd ses attributions, n’est plus adjoint ni officier de l’état civil. Le 20 janvier, il rédige et signe un dernier acte de décès : celui de Jeanne Catherine Brasseur. Suprême vexation, les actes du début 1815 ne sont pas considérés comme légaux. Ils sont contresignés par le nouveau mayeur. Dès le 27 janvier, de Neunheuser signe seul les actes et l’appellation « Maire » est remplacé par « Bourgmestre. » Le nouveau bourgmestre n’a pas les mêmes problèmes que Jean-Baptiste même s’il était Maire sous le régime français. Sa famille est seigneur de Mathon et Aigremont. En 1795, leur « château » avait été saisi par les révolutionnaires, car ils étaient « émigrés [cxxi]. »

Comme l’on dit dans ces cas-là : la vie continue. Jean-Baptiste a des obligations, dont la gestion des biens du sieur Jean Étienne Ferdinand Deprez. Il organise la vente publique de différentes denrées provenant de ladite succession : trèfle, foin, paille, pomme de terre, orge et froment. Une maison à Aigremont avec grange, écurie, jardin potager et chènevière est mise en location au plus offrant tout comme deux grandes et deux petites prairies [cxxii].

Le 19 mars 1815, Jean-Baptiste déclare le décès de Jean Joseph Laurent. C’est la dernière mention de lui dans les registres d’état civil de la commune.

Louis XVIII a licencié une grande partie de son armée. Jean Joseph Saint-Mard, petit frère de Jean-Baptiste, s’est retiré à Sedan où il jouit du traitement de demi-solde [cxxiii].

Premier mars 1815, l’orage gronde sur la France. Une flottille partie de l’île d’Elbe entre dans le golfe Juan. Bonaparte, mil cent soldats et quatre canons débarquent. Le 5, la nouvelle de sa marche sur Paris arrive au gouvernement. Le 6, Louis XVIII convoque les Chambres des Pairs et des Députés en session extraordinaire. Bonaparte est déclaré traître et rebelle. De toutes parts des régiments de l’armée et des gardes nationales sont mobilisés pour l’arrêter. Le maréchal Ney se met à la tête de l’armée rassemblée en Franche-Comté. Rien n’y fait, l’armée de rallie à l’Empereur. Le 8, il entre dans Grenoble ; le 10, il est à Lyon [cxxiv].

Le 11 mars, dans une proclamation, le Roi s’adresse aux Français, le 12 à l’armée. Le 13 est une journée cruciale : le congrès de Vienne se déclare contre Napoléon. Les puissances étrangères donneront au Roi de France tous les secours nécessaires pour rétablir la tranquillité dans son Royaume. La France balance entre deux pouvoirs. Napoléon prend des décrets, il dissout les Chambres et convoque à Paris des collèges électoraux des départements pour se réunir en assemblée extraordinaire [cxxv].

Guillaume Ier, roi de Hollande, saisit cette opportunité. Le congrès de Vienne n’a pas terminé de redessiner la carte de l’Europe. Il n’y a pas d’accord définitif. Par une proclamation, le 16 mars, le prince souverain des Provinces-Unies prend le titre de Roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. Les peuples annexés ne régissent pas. L’état de guerre permet au nouveau roi de limiter drastiquement la liberté de presse et de museler toutes oppositions. Guillaume désigne une commission de onze notables belges et onze néerlandais pour « rédiger » une constitution et leur présente les Huit Articles secrets [cxxvi].

Vingt mars, Napoléon arrive à Fontainebleau ; le Roi et la famille royale quittent les Tuileries. Louis XVIII en a malheureusement l’habitude ; c’est la troisième fois qu’il prend le chemin de l’exil. Le soir venu, l’Empereur entre dans la capitale. La population reste calme, l’armée l’accueille avec enthousiasme. Nouveau gouvernement, valse de préfets. Louis XVIII est à Lille, les places fortes du Nord abordent le drapeau tricolore. Louis XVII entre en « Belgique » le 23 mars [cxxvii].

Simple formalité, le 27, le Conseil d’État relève Napoléon de sa déchéance et annule son abdication. Le 28, tous les militaires en congé sont rappelés sous les drapeaux. Jean-Joseph Saint-Mard rejoint son régiment. Le 5 avril, le duc de Wellington arrive à Bruxelles [cxxviii].

Les coalisés ne tolèrent pas le retour de Napoléons Ier. Une guerre se prépare. Petit souci, de nombreux Français habitent en Belgique. Le 6 avril 1815, une circulaire du Directeur du Cercle de Neufchâteau oblige les habitants nés en France à signer un serment de fidélité, une déclaration de renoncement à la France : « Je jure et promets fidélité aux hautes puissances alliées, de n’entretenir avec la France aucune communication quelconque ni verbale ni par écrit, de porter toujours et sur-le-champ à la connaissance de l’autorité locale, toutes les nouvelles et renseignements qui pourraient me parvenir et m’être adressés venu de la France, contraire aux intérêts des hautes Puissances, et en général de me soumettre et d’obéir en tout aux ordres émané des hautes Puissances alliées. [cxxix] »

À des milliers de kilomètres, en Indonésie, dans la péninsule de Sanggar de l’île de Sumbawa, un volcan se réveille et explose le 10 du mois. Ses cendres font le tour du monde, voilent le soleil et refroidissent le climat. Rapidement, le climat est altéré : deux « étés glacés » se préparent [88]. Une importante famine frappera l’Europe.

Le 12, Napoléon apprend qu’aucune puissance européenne ne veut le reconnaître. Le 14, Louis XVIII, réfugié à Gand, fait une proclamation [cxxx].

Le 15 avril, à onze heures du matin, le Conseil des Échevins de Dampicourt se réunit pour entendre la prestation de vingt citoyens du village né en France : Jean Sommeillier, 49 ans, curé desservant dudit lieu commence le défilé, suivit de Jean-Baptiste, 48 ans [cxxxi]. Il est quasiment certain qu’ils n’ont pas le choix, mais ce serment ne peut être respecté. Dans le pays, la frontière est une fiction : de part et d’autre, les mêmes familles, les mêmes histoires, les mêmes coutumes et traditions, les mêmes légendes. Anne Marie, la sœur aînée de Jean-Baptiste habite de l’autre côté de la colline, à Thonne-la-Long, six kilomètres. Jean-Joseph avant d’être rappelé sous les drapeaux séjournait à Sedan.

Coïncidence ? Le 25 avril, Jean-Baptiste met en location publique un bien immeuble en terre et pré lui appartenant à Dampicourt, soit dix prairies d’une superficie totale de 1 hectares 90 ares et dix terres labourables d’une superficie totale de 2 hectares 37 ares [89]. Le bail sera conclu pour six ou neuf années consécutives d’exploitation et de jouissance. Le 11 novembre de chaque année, le preneur paiera une rente d’un franc par chaque 34 ares 30 centiares de terre et trois francs par chaque 34 ares 30 centiares de pré [cxxxii].

Jean-Baptiste organise-t-il son départ ? Sa ferme est-elle trop étendue ? Il a quarante-huit ans, il commence à vieillir. Les indices ne sont pas concluants.

Au mois de mai, la guerre paraît de plus en plus inévitable. Le congrès de Vienne [90] ne reconnaît pas au peuple le droit de changer son système de gouvernement. L’empereur de Russie, celui d’Autriche, le roi de Prusse se mettent à la tête de leurs armées [91] et marche sur la France [cxxxiii]. Cent cinquante mille soldats commencent à se concentrer en Belgique.

Le 31 mai, les cinq grandes puissances signent un traité séparé définissant les conditions de formations et les limites des Pays-Bas. Le 8 juin, ils signent l’acte de la constitution fédérative de l’Allemagne [cxxxiv].

Napoléon prend les devants, il veut diviser et battre les forces alliées en Belgique avant qu’elles ne deviennent trop fortes. Douze juin, il sort de Paris et se met à la tête de l’armée. Il entre en Belgique. Le 16, les Français gagnent la bataille de Ligny-sous-Fleurus, mais Napoléon tarde à autoriser la poursuite des troupes prussiennes qui peuvent se réorganiser. Les Anglais reculent des Quatre-Bras en direction de Bruxelles. Ils s’arrêtent sur les crêtes de Mont-Saint-Jean. Le soir du 17, Napoléon installe son quartier général à la ferme du Caillou à Genappe. Le lendemain, Wellington barre la route de Bruxelles. Le commandement français est défaillant, les carrés anglais résistent. En fin d’après-midi, le maréchal Ney sacrifie sa dernière réserve de cavalerie : les deux régiments de carabiniers, sans soutien, chargent les carrés et batteries du général Adam. C’est le carnage : la moitié des deux régiments est perdu. Jean Joseph, chef d’escadron est blessé tout comme le chef d’escadron Reynaud, les sous-lieutenants Prudhomme et Fontaine, du même Régiment [cxxxv]. Provenant de Wavre, un corps d’armée prussienne commandé par Blücher débouche sur la droite. En fin d’après-midi, l’armée française s’effondre ; la panique s’est installée, c’est la déroute. Protégé par la Garde, Napoléons quitte le champ de bataille, il rentre en France. Le 20, il est de retour à Paris. Les Parisiens et les Chambres s’agitent. Napoléon abdique en faveur de son fils ; le 20, Louis XVIII rentre en France. Le 29, Napoléon quitte définitivement Paris. Le 2 juillet, les Prussiens occupent Versailles ; le 8, le Roi est de retour sur son trône. Les Chambres sont dissoutes ; un nouveau conseil est formé. Talleyrand en est le président. Le 15, Napoléon se rend aux Anglais, croyant pouvoir s’exiler en Amériques. Il n’en sera rien [cxxxvi].

Le 18 juillet, Guillaume Ier publie le texte de la constitution. Le 24 août, le gouvernement proclame l’acceptation de ladite constitution. De manière étonnante, l’acte fédératif de l’Allemagne n’est pas publié au Luxembourg. L’article premier de la loi fondamentale précise que « le Grand-duché de Luxembourg, tel que limité par le traité de Vienne, étant placé sous la même souveraineté que le Royaume des Pays-Bas, sera régi par la même loi fondamentale, sauf ses relations avec la Confédération germanique. » Même si une garnison prussienne occupe la forteresse de Luxembourg, Guillaume agit comme si son duché est une simple province belge [cxxxvii].

En France, la guerre est loin d’être finie. Deux corps d’armées prussiennes réduisent les places fortes du nord de la France. La ville citadelle de Montmédy est défendue par 145 douaniers, 196 gardes nationaux des Ardennes, 67 soldats du 56e régiment, 39 canonniers, quelques militaires retraités et près de 200 habitants dirigés par leur maire. Le 15 août, la ville est bloquée par 2.000 hommes des troupes mecklenbourgeoises commandées par le grand-duc héréditaire de Mecklenbourg-Schwerin. Le 1er septembre, le général Warbourg prend le commandement du siège. Il installe ses batteries sur toutes les hauteurs. Dans la nuit du 14 au 15 septembre, vers deux heures du matin, 1.500 soldats coalisés, commandés par le prince Auguste, surprennent en deux points la ville basse. Les habitants se rallient à 63 douaniers pour défendre leur ville [cxxxviii].

Le combat est inégal, les douaniers et habitants se réfugient dans la citadelle. Les Prussiens préparent une attaque de plus grande ampleur pour s’emparer de la place forte. Le 17, le lieutenant-général Laurent, commandant de la place, réuni un conseil de guerre et impose la capitulation. Le 22 septembre, les troupes de Sa Majesté le roi de Prusse entrent dans la place ; ils l’occuperont jusqu’au 24 novembre 1818. La garnison est désarmée et dirigée sur la Loire. Les soldats et officiers retraités sont expulsés de la ville. Les douaniers et les gardes nationaux sont désarmés [cxxxix].

Le deuxième traité de Paris, signé le 20 novembre 1815, met fin à la guerre. Pendant cinq ans, 150.000 hommes occuperont les places fortes françaises de la frontière. Montmédy comme d’autres places est dépouillée [cxl].

Reconstituer la vie de Jean-Baptiste en 1815 et 1816 se révèle très compliqué. Il n’y a pas d’archives. Il n’y a pas d’indice. Mais il y a un fait : il s’exile à Velosnes, premier village français après Torgny. La rivière la Chiers marque la frontière entre la France et les Pays-Bas, de part et d’autre de la vallée, à cinq cents mètres deux villages frères se regardent : Torgny le Luxembourgeois, construit à mi-hauteur de la cuesta bajocienne et Velosnes le Meusien.

Nous pouvons imaginer qu’il n’a eu aucun problème avec les Prussiens. Ayant vécu une année à Trèves, il connaît peut-être des rudiments d’allemand. Les nouvelles autorités hollandaises le considèrent peut-être comme ennemi. Il est français, n’a probablement pas respecté le « serment de haine à la France. » Si le fait est connu, la participation de son frère Jean-Joseph à la bataille de Waterloo est une circonstance aggravante. Le destin des deux frères est lié. L’action de l’un entraîne des répercussions sur la vie de l’autre.

De grandes zones d’ombre persistent malgré mes différentes recherches. Nous ne connaissons même pas la date de son départ. S’est-il réfugié chez sa sœur à Thonne-la-Long ou s’est-il rendu directement à Velosnes. Nul ne le sait.

Février 1816, seconde vente publique de denrées et location d’immeubles appartenant à défunt Deprez [cxli]. Mars de la même année, pour le terme de trois, six ou neuf années consécutives d’exploitation et de jouissance, Jean-Baptiste met en location publique 3 hectares 17 ares de terre [cxlii]. La moitié du domaine familial est en fermage [92]. Dans l’acte, il est qualifié de « propriétaire, demeurant à Dampicourt. »

Le départ se fait donc entre le 12 février et le 19 juillet 1816. C’est une période mal choisie dans l’année, car elle implique l’abandon des récoltes. Il y a donc eu un élément déclencheur : le départ semble subi et non choisi.

6e époque : l’exil à Velosnes

Les alliés accablent la Lorraine en réquisitionnant les réserves de grains. Pour la seconde fois en trente et un ans, le climat est très fortement bouleversé. La période de faible activité solaire, commencée en 1790, atteint son paroxysme. Facteur aggravant, les cendres du Tambora voilent ledit soleil. C’est une année sans été ; l’année de « l’été glacé. » La fenaison est très tardive, les prairies sont fauchées après la mi-juillet. Le blé ne mûrit pas. La saison est excessivement pluvieuse : « quatre-vingt-dix jours de pluie sur cent quinze journées d’été. [cxliii] » La moisson commence vers le 29 août ; elle devrait être terminée depuis le 15. Le 2 septembre, une giboulée de grésil et de neige s’abat sur la Lorraine. « Le lendemain, un spectacle, digne d’inspirer une éternelle pitié, plonge la population dans la stupeur et la consternation : une couche de neige couvrait les blés couchés depuis plusieurs semaines et ensevelis sous les herbes ! [cxliv] » La récolte est mauvaise ; une disette s’installe. En 1817, le vieux blé se vendra cher, quantité de personnes mourront de faim. Les gens se nourriront de pain d’orge et d’avoine, d’herbes, d’écorces [cxlv].

Jean-Baptiste avait compris qu’il ne pourrait pas revenir de sitôt à Dampicourt. Peut-être avait-il le projet de vendre ses biens ? Mais en attendant, il fallait vivre ! Les mois ou semaines précédant sa mort, Jean-Baptiste et Anne Marie avaient conclu un bail verbal avec Madame de Marche pour exploiter un domaine agricole. Les aléas de l’histoire semblent vouloir détruire tout ce qu’il a entrepris. Après avoir abandonné ses études de théologie, il était devenu fermier. Après plusieurs années, il était propriétaire de son domaine. À quarante-neuf ans, le voilà à nouveau fermier.

Le bâtiment de ferme habitée par le couple est typiquement Nord meusien [93] : un habitant comprenant une cuisine et deux chambres, des écuries, une grange, un grenier et une cave ainsi qu’un poêle. En vis-à-vis de la maison, une cour. Dans la cuisine, le coin cuisson comprend une poêle à feu, un soufflet à canon, une pincette et une paire de croupes à cendre. Anne-Marie a à sa disposition un gros pot en fer, quatre pots ordinaires, deux marmites en fer blanc, quatre gamelles en terre, une douzaine d’assiettes en faïence, un saladier et des pots et cuvettes à lait. Le pèle à côté de la cuisine est à la fois une pièce de vie et de nuit, nous y trouvons une table et une armoire. Mais principalement des lits : trois lits de plumes, deux paillasses, un matelas, trois oreillers, quatre couvertures en laine. Dans la « chambre » donnant entrée et prenant entrée dans la cuisine, différents ustensiles sont entreposés dont un pétrin. L’autre « chambre » (vis-à-vis de la cuisine) semble être un débarras dans lequel il y a un tonneau à lessive, vingt-quatre kilos de chaume, quatre kilos et demi de fil, deux poêles à frire, un chandelier et une lanterne. Les deux pièces classées comme chambre ne sont donc pas des pièces de nuit comme nous l’entendons de nos jours.

Sous la maison, une cave comprend notamment la réserve de pommes de terre. Au-dessus de la maison, le grenier abrite quatre essuies de voitures et un poêle avec les bûches. Dans les écuries, les animaux de la ferme à savoir treize chevaux, cinq vaches, un taureau, sept veaux, quatre cochons et 17 poulets ainsi que douze colliers garnis en mauvais état. La grange sert de lieux de stockage pour douze tonnes de mauvais foin, 4.000 gerbes de blé, 1.000 gerbes d’avoine, 2.500 gerbes d’orge et six fourches.

Dans la cour, deux chariots montés, deux charrues montées, quatre herses, une brouette et un vieux dressoir devant la cuisine.

Le 19 juillet, Jean-Baptiste meurt. Cela ne modifie pas la donne ; Anne Marie et ses enfants mineurs restent bloqués à Velosnes. Anne Marie est confrontée à une montagne de difficulté. Le déménagement « improvisé » a entraîné des frais. Une partie des biens meubles semblent être restés au village. La trésorerie est mauvaise, la famille est endettée, mais elle n’est pas ruinée. Il lui est dû 3.790 francs, mais elle doit le double soit au minimum 8.549, 42 francs [94]. À l’automne, Anne Marie percevra les fermages. Entre-temps, si elle n’arrive pas à gérer la succession, il y a risque d’appauvrissement. Elle sera aidée par son beau-frère. Jean-Joseph Saint-Mard est nommé subrogé-tuteur des enfants mineurs. Licencié de l’armée, il s’est installé à Montmédy. Contrairement à plusieurs de ses compagnons d’armes, le retour à la vie civile n’est pas source de misère. En effet, son défunt frère lui doit une somme de 2.463,57 francs, dont 500 d’avance sur le bail [95].

La solidarité familiale est complète, sa sœur, Anne Marie et son époux François Montlibert lui ont prêté une somme de 1.150 francs [96].

Une question se pose ? La moitié de l’exploitation a été mise en fermage. Que devient l’autre moitié ? Cette une zone d’ombre sans explication. Il n’y a ni tradition familiale ni acte permettant de répondre à cette question. Nous ne pouvons faire qu’une seule hypothèse : un familier exploite et entretient le domaine. Il s’agit peut-être d’un Simon, d’un Joannes ou d’un Guillaume.

L’inventaire des biens de la communauté se fait très tardivement, le 11 novembre [cxlvi]. Maître Thièbault de Montmédy visite la maison de Velosnes pièce par pièce. Il joint à son acte « les comptes de la maison de Velosnes » tenu en double exemplaire par Jean-Joseph [97] et différents inventaires peu lisibles.

Trois jours après, Anne Marie et son beau-frère Jean Joseph se rendent à l’étude de Maître Bernard Papier, notaire à Virton. Elle lui donna plein pouvoir pour gérer et administrer, tant activement que passivement tous les biens immobiliers et mobiliers tant dans le Royaume des Pays-Bas qu’en celui de France. Jean Joseph a le droit de louer, vendre, céder et transporter avec toute garantie de droit, à toute personne, pour le prix, aux charges, clauses et conditions qu’il avisera bien être, tous les biens tant mobiliers qu’immobiliers. Son pouvoir de gestion est très étendu [cxlvii].

Jean Joseph lui « prête » 1.300 francs. Plus exactement, ils concluent un contrat de vente à réméré [98]. Anne Marie vend quatre prairies, soit 85 ares et 75 ares. Elle s’engage à rembourser la somme de 1300 francs plus les frais liés à la vente dans un délai de 5 ans. Si elle ne rembourse pas la somme, les biens deviendront la propriété de Jean Joseph [cxlviii]. Cette somme ne sera pas remboursée comme nous le verrons plus loin.

Les deux actes précités ont été conclus à Virton. Si Anne Marie ne semble pas pouvoir vivre à Dampicourt, elle peut librement circuler dans la région et rencontrer sa famille. Inévitablement, le 16 novembre, elle s’arrête au village pour voir sa famille.

À l’intervention de Jean Joseph St Mard, chef d’escadron retiré, demeurant en la ville de Montmédy, agissant en qualité d’homme d’affaires, de la dame Anne Marie Simon, une troisième partie de l’exploitation familiale de Dampicourt est mise en location en juin 1817. Le premier fermage des 5 hectares 30 ares de terre et prairie [99], sera perçu le 11 novembre [cxlix].

À cette époque, la quasi-totalité du domaine est louée.

Jean Joseph n’intervient pas dans une vente le 25 janvier 1818 de trois pièces de prairies à Dampicourt mettant fin à une indivision entre les héritiers de Pierre Simon, père d’Anne-Marie [cl].

Côté passif, il y a la gestion des biens de Jean Étienne Ferdinand Deprez.

Jean-Baptiste avait été nommé séquestre judiciaire par un jugement du tribunal de première instance de Neufchâteau en 1814 dans le cadre d’un litige opposant Nicolas Joseph de Beraud d’Arimont et Anne Marie Deprez à Jacques Herbain époux de Marie Joseph Guillaume. Le 28 janvier 1818, le tribunal de première instance de Montmédy (Meuse) condamne Anne Marie Simon à rendre compte à Philippe Lambert, propriétaire à Dampicourt, dans un délai d’un mois de la gestion que feu son mari avait eu en qualité de séquestre judiciaire des dits biens. L’affaire se clôt par, une quittance de 1.367 francs 65 centimes montant des ventes et locations du 12 février 1815 à Dampicourt [cli]. Pour la petite histoire en 1822, la justice n’a pas encore tranché : pour le cadastre, le bien appartient « aux héritiers Deprez. »

Anne Marie Simon est une femme de caractère. En 1820, elle a repris en main la gestion du patrimoine de Dampicourt. Jean Joseph est toujours vivant, mais il n’apparaît ni dans l’acte de location de 186 perches 553 aunes quarrées de prairie à Dampicourt du 18 juin 1820 [clii] (bail de 1 an) ni le 21 juin 1821 [cliii] (bail de 1 an portant sur 178 perches 253 aunes quarrées.) Les adjudications publiques se font à Dampicourt en présence d’Anne Marie.

Les archives familiales ne permettent pas de reconstituer la vie ordinaire à Velosnes. Nous y trouvons, néanmoins, un procès-verbal daté du garde champêtre Henry Benoît du 31 juillet 1820 [cliv] : « A la réquisition de la veuve Saint-Mard et son fils, que ce jour (...) vers sept heures du matin (...) en la contrée dit le Rasyée Bau du dit Velosnes, dans le pré appartenant à la veuve Saint-Mard, fermier à madame de Marche, a trouvé les deux garçons du vieux Jean Orquevaux, et deux de ces manœuvres qui coupait des lieux le long de la rivière dans ledit pré. Ledit garde leur ayant demandé pourquoi ils coupaient ces lieux, ils lui ont répondu qu’ils ne les avaient pas, mais qu’ils auront les lieux qu’ils leur appartenaient et qu’ils avaient le moyen de les défendre en outre venant avec sa voiture (attelage) a passé dans ledit pré, sans être fauché, pour aller chercher les [lieux]. »

Le dimanche 26 août 1821, à l’âge de 47 ans, Jean-Joseph Saint-Mard meurt à Montmédy et est inhumé dans le petit cimetière à l’entrée de la citadelle.

En 1822, le Royaume des Pays-Bas inventorie les propriétés foncières en vue d’établir une nouvelle matrice cadastrale. Les propriétaires sont invités à consulter et vérifier leurs bulletins de propriétés pour y déceler d’éventuelles erreurs. Ces dernières sont corrigées sur le bulletin ou font l’objet d’une procédure de réclamation.

Ce « brouillon » de la nouvelle matrice cadastrale est document d’une valeur inestimable : il nous offre une photographie arrêtée de la situation et devrait nous permettre de valider la reconstitution du patrimoine de la communauté Saint-Mard-Simon.

L’exploitation de feu Jean-Baptiste St Mard a une superficie de 13 hectares 63 ares et 65 centiares comprenant un terrain d’habitation de 2 ares, un jardin de 30 ares 20 centiares, des terres labourables pour un total de 11 hectares 5 ares 65 centiares et des prairies pour un totalde 2 hectares 1 ares. Elle s’étend sur trois sections cadastrales : Dampicourt 11 hectares 40 ares 35 centiares, Montquintin 1 hectare 98 ares 50 centiares et Villers-la-Loue 24 ares 80 centiares.

Le total des trois bulletins est largement inférieur à la superficie calcule dans la reconstitution du patrimoine. Nous constatons une différence d’un hectare 32 ares 93 centiares. Certes, les actes en quart, perches et aunes carrés ne sont pas comptabilisés dans ladite reconstitution et ils ne feraient qu’aggraver la différence. Deux explications sont possibles [100]. La différence serait des biens propres à Anne-Marie Simon [101]. Néanmoins, je n’ai pas trouvé trace d’un bulletin à son nom. Les erreurs mineures dans les bulletins sont corrigées dessus, mais les « erreurs » de contenances et de classifications devaient faire l’objet d’une procédure en réclamation. L’éventuelle rectification n’était pas portée sur ledit bulletin. Les archives du cadastre belge étant ce qu’elles sont, un vaste « cimetière » où l’on trouve de boîtes avec la mention « vieux papiers [102] », les archives déposées sont incomplètes. Nous ne pouvons donc savoir s’il y a eu erreur de contenance.

Cette même année les souris pullulent en Alsace et Lorraine. Le printemps et l’été sont marqués par de fortes chaleurs et quelques orages favorables à la végétation [clv].

Anne Marie rêve peut-être d’un retour « chez elle. » Le 9 juin 1822, 120 perches 129 aunes quarrées de prairie sont mises en location [clvi]. C’est la dernière adjudication publique de baux à ferme. À partir de cette date, nous ne trouvons plus de baux. En 1828, Anne Marie achète quelques biens audit Dampicourt [clvii]. Un projet de retour commence-t-il à prendre forme ? Elle donne congé à son fermier Thomas Magnette. Quelques différends entraîneront des procédures en justice de paix, mais la ferme sera libérée pour le 23 avril 1827 [clviii].

En 1827, Anne Marie Simon a soixante ans. Deux de ses fils n’ont pas le même projet qu’elle, et désirent rester à Velosnes. Joseph Saint-Mard et Jean François Joseph Saint-Mard engrossent deux filles du village.

Premier août, mois des moissons, Joseph et Marie Benoît [103] comparaissent devant monsieur le maire [104]… à sept heures du soir. Les travaux agricoles priment sur les réjouissances, qui plus est, lorsque l’on a rendu l’union inévitable. La mariée, à son septième mois de grossesse, peut difficilement cacher son état. Ce n’est pas une jouvencelle. Comme son époux, elle est âgée de 29 ans. Pour la petite histoire, ils sont petits-cousins. Le savent-ils ? Rien ne permet de le dire. L’acte de mariage est muet. Chose normale, six degrés civils les séparent [105]. Fin septembre [106], une fille prénommée Catherine voit le jour. Elle semble être morte en bas âge. En 1829, le couple a une seconde fille qui porte le même prénom [107].

Décembre 1827 [108], Jean François et Catherine Benoît [109] s’unissent… à quatre heures de l’après-midi. Nous sommes en hivers, monsieur le maire [110] peut se libérer plus tôt. Dans le chef de Catherine, sa grossesse est difficilement un accident : elle a 28 ans, elle sait ce qu’elle fait. Jean François, âgé de 24 ans, veut peut-être vivre sa vie. Quatre mois plus tard, leur fils Jean-Baptiste [111] voit le jour.

Les deux frères semblent avoir mis leur mère devant le fait accompli et seul le mariage pouvait sauver l’honneur.

À la mort de Jean Joseph Saint Mard, la moitié de ses biens furent échus à sa sœur Anne Marie [112] Saint-Mard résidant à Thonne-la-Long, l’autre moitié à ses neveux. Les quatre prairies à Dampicourt vendues à réméré font partie de l’héritage. Anne Marie Simon n’a pas remboursé la somme de 1.300 francs aux termes des cinq années. En mars 1828 [clix], elle rachète à sa belle-sœur, la moitié desdites prairies pour un prix de 310 florins, que la venderesse reconnaît avoir reçu, à son contentement, antérieurement à la passation des actes.

Quelques jours après, elle achète en vente publique deux champs à Dampicourt [clx]. Elle n’est pas présente à la vente, mais représentée par Jean-Baptiste, son fils aîné.

Dimanche 19 juillet 1829, Jean-Baptiste fils achète pour le compte de sa mère 184 perches 268 aunes quarrées de terre à Dampicourt adjugé au prix principal 1022 florins 96 cents et 33 perches 73 aunes quarrées de prairie pour la somme de 444 florins 15 cents [clxi].

Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, n’a pas abrogé le système métrique, mais les unités de mesure ont repris des dénominations vieillottes. L’aune pour le mètre et la perche pour le décamètre. Le centiare se dit aune carrée et l’are, perche carrée [113]. Un mot pour un autre.

Dernier acte connu à Velosnes, le 30 octobre 1829, le baron de Marche, tuteur de sa sœur, signe une quittance de 150 francs pour acompte de 1830 sur le canon de la ferme détenue le tout sans préjudice des récoltes de 1829 et à ce qui peut être du sur le canon de 1828 [clxii].

Le « froid hiver » commence le 3 décembre 1829 pour une durée de 70 jours consécutifs. Il est aussi rigoureux que celui de 1783. La terre est gelée en profondeur ; les rivières prises dans la glace ; les campagnes couvertes de neige [clxiii]. L’été et l’automne 1830 seront « chaud » : des insurrections éclateront en France, Belgique et Pologne.  

7e époque : le retour à Dampicourt

Lundi 26 juillet 1830, la liberté de la presse est suspendue, les chambres dissoutes. Les journaux le Temps et le National sont saisis le lendemain. Vers les six heures du soir, la première des trois révolutions de 1830 commence. Le mercredi 28, les rues de Paris se hérissent de barricades. On se bat dans la ville. Le 30, les émeutiers emportent le Louvre et les Tuileries. Tardivement, Charles X accepte un changement ministériel. Un gouvernement provisoire se rassemble à l’Hôtel de ville. Le duc d’Orléans se rend au Palais-Royal ; le Roi sort de Paris. Le 31, le nouveau gouvernement destitue Charles X et offre la lieutenance générale du royaume au duc d’Orléans, qui l’accepte [clxiv].

Le 2 août, Charles X et le Dauphin abdiquent. Le 9, Louis-Philippe est élu roi. Il prête serment de fidélité à la Charte [clxv].

Fin août, une seconde révolution éclate à Bruxelles : une insurrection contre l’occupation hollandaise. Le mouvement s’étend à tout le pays. Les Néerlandais sont chassés. Le 4 octobre 1830, le Gouvernement provisoire déclare l’indépendance de la Belgique. Les obstacles au retour de la famille semblent définitivement levés.

Anne Marie quitte Velosnes pour Dampicourt avec ses fils Jean-Baptiste et Louis St Mard. Le 4 avril 1831, au domicile de Mathieu Collignon, cabaretier à Houdrigny, Anne Marie Simon, veuve de Jean-Baptiste Saint Mard, demeure à Dampicourt, acceptant par son fils Jean-Baptiste achète un champ [clxvi]. Le retour d’exil s’est fait dans un délai réduit à six mois.

Le nouvel état belge est fragile, il se cherche un roi et des protecteurs. Un régent est nommé [114]. Le 21 juillet 1831, Léopold 1er jure fidélité à la Constitution belge. Les Pays-Bas envahissent le pays. La France le sauve. Les négociations de paix durent huit années. La Belgique doit céder : elle n’obtiendra pas Luxembourg et Maastricht. En 1839, un traité délimite les frontières de la Belgique. Il est accepté et signé par Guillaume Ier qui résigné, accepte le démembrement du Grand-duché de Luxembourg. Cette histoire importe peu à Anne Marie : elle a sauvé la ferme de Dampicourt et y a ramené sa famille.

Août 1835, Anne-Marie donne à Louis et Jean-Baptiste l’intégralité des terres et prés qu’elle a achetés lors d’une vente publique en 1829. Les immeubles donnés ne devront pas être rapportés à la succession future de la donatrice à la condition qu’ils n’exigent pas de leurs frères Joseph Saint-Mard et François Saint-Mard, « fassent rapport à la masse de la même succession de la somme de 2.350 francs que la donatrice déclare avoir donné à titre de dots, à chacun de ces deux derniers. [clxvii] » La donation est équilibrée : les deux frères à Dampicourt reçoivent des terres ; les deux autres à Velosnes reçoivent une somme équivalente.

Les deux mutations ne sont pas anodines. En 1829, Jean-Baptiste, le second fils d’Anne Marie a vingt-neuf ans. Il travaille avec à sa mère à la ferme. Il l’aide certainement dans la gestion de celle-ci, mais c’est elle le chef : elle en a l’usufruit et la moitié de la nue-propriété. Depuis plusieurs années, elle gère le patrimoine familial. Elle aurait pu se contenter de le préserver. Il n’en est rien. L’achat de 1829 est conséquent : six pièces de terre et une prairie entraînant un accroissement de 3 hectares [115]. Durant cinq années, la ferme atteint la taille honorable de 19 hectares [116].

Certes, la vente n’est pas au comptant et les paiements s’étaleront jusqu’en 1838. Mais cela démontre que la famille a retrouvé sa capacité d’entreprendre. Les difficultés de 1816 sont du passé.

Jean Baptiste, le cadet [117] des frères, reste célibataire. Il ne semble pas être destiné à fonder une famille et donne l’impression d’être l’enfant « sacrifié. » Sa mère Anne-Marie Simon ne s’est pas remariée après le décès de son époux Jean-Baptiste, mais elle doit faire fonctionner l’exploitation familiale depuis son retour à Dampicourt. Elle a besoin d’aide pour y arriver. Louis, son benjamin, se maria en octobre 1836 avec Anne Agathe Guillaume, fille d’un cultivateur propriétaire. Pour autant, quitte-t-il la maison familiale ? Nous ne le savons pas.

Toujours est-il, le 6 septembre 1846 [clxviii], Anne-Marie Simon veuve Saint-Mard fait donation de la nue-propriété de sa maison à ses enfants. Elle conserve l’usufruit le reste de « sa vie durant. » Par un jeu d’échange et de rachat de part, Jean-Baptiste Saint-Mard, deuxième fils du couple St Mard-Simon, devient l’unique propriétaire de la maison.

Une conclusion peut s’imposer. Louis n’habite plus dans ladite maison. Il est soit chez ses beaux-parents, soit le couple s’est installé dans sa propre demeure. Jean-Baptiste fils reste donc seul avec sa mère, mais la maison lui appartenant, il aurait pu y fonder famille sans pour autant abandonner sa mère. À la fin de sa vie, la cohabitation avec son neveu et sa nièce prouveront que cela était possible. L’absence de mariage est un non-sens tant pour lui que pour sa mère. En se mariant, il aurait respecté les us et usages de son époque, aurait consolidé son réseau de relation familiale et sociale. Le mariage a aussi une vocation économique, chez les laboureurs, il permet de maintenir la taille des exploitations. Le célibataire n’héritera que de ses parents. De son côté, l’épouse qu’il n’a eue aurait pu aider Anne-Marie vieillissant pour les tâches d’entretien de la maison.

Prisonnier de ses responsabilités, Jean-Baptiste n’a peut-être pas pris le temps de conter fleurette et s’est retrouvé vieux garçon à ses dépens. Néanmoins, Jean-Baptiste ne sera pas un célibataire marginal. Je me plains à penser que sa nièce Marie-Joseph, a peut-être été comme nous le verrons plus loin la fille qu’il n’a pas eue.

Anne Marie Simon décède le 30 août 1847, à 15 heures, en la demeure de son fils Jean-Baptiste. Elle avait quatre-vingts ans. Imaginons ses funérailles.

En ce temps-là, l’inhumation se fait le jour même, au plus tard, le lendemain. Un messager s’en va à Velosnes prévenir son fils Joseph et ses belles-filles. L’après-midi est largement entamée : les funérailles auront lieu le lendemain.

Les familles Saint-Mard et Simon se recueillent en la demeure de la rue de Mathon. Joseph arrive. Quelques petits-enfants de Velosnes sont peut-être du voyage. Avant de rentrer dans la maison, Joseph croise des Guillaume. Il entre dans la chambre de la défunte. Anne Marie est allongée sur son lit. En ce temps, on ne cache pas les morts. Toute la famille lui rend un dernier hommage : il y ses deux frères Jean-Baptiste et Louis, sa belle-sœur Anne Agathe enceinte pour la cinquième fois, et leurs enfants.

La nouvelle du décès a fait le tour du village. Les amis, les connaissances se rassemblent sous le vieux tilleul marquant « la frontière » entre les anciens villages de Dampicourt et Mathon-Aigremont réunis au sein d’une même commune, mais toujours rivaux. Réminiscence celtique, l’arbre est vénéré par les deux communautés qui depuis des temps immémoriaux viennent y planter des clous de fers à chevaux pour guérir des rages de dents [clxix].

Les villageois empruntent l’escalier. Quatre mètres, à leur droite une fosse a été creusée, la dernière demeure d’Anne Marie.

Une ouverture dans le mur de clôture longeant la rue de Mathon, permet très certainement d’éviter l’escalier relativement raide [118]. Le cortège funéraire contourne la nouvelle église avant d’y entrer. La famille se place devant, les paroissiens et amis derrières.

Le curé Gautier [119] dit la messe dos aux fidèles, face au maître autel. C’est la tradition.

La messe dite, la bénédiction donnée. Les enfants de la défunte portent le cercueil. Monsieur le curé se place devant eux. Suivent les belles-filles et leurs enfants. Jean François, son troisième fils, n’est pas là, il est parti avant elle [120].

La procession sort de l’église. Quelques mètres, Louis, Joseph, Jean-Baptiste et un quatrième porteur s’arrêtent. Ils se placent de part et d’autre de la fosse. Une dernière bénédiction, un dernier adieu : le cercueil descend. Une première poignée de terre, un signe de croix, une grande dame s’en est allé.

De nos jours, la tombe d’Anne-Marie accueille les paroissiens avec son ami le buisson qui l’enlace. Regardez bien la photo, elle semble surveiller la route. Malheureusement, sa petite croix tombée derrière elle a disparu depuis que je l’ai photographiée.

La terre stabilisée, une stèle en calcaire jaune du pays fut érigée. L’épitaphe, peu lisible, est la suivante :

ICI GIE

ANNE MARIE SIMON DECEDE

[30] AOUT 1847 AGEE DE 87 ANS

EPOUSE DE JEAN BTE ST MARD (…)

DCD VELOSNES FRANCE

[AGE] DE 78 ANS PRIEZ

[POUR LE REPOS] DE LEUR [AMES]

En avril 1890, son fils Jean-Baptiste la rejoint. N’allons pas trop vite, les héritiers prennent leur temps pour introduire la déclaration de succession. Ce sera fait cinq mois plus tard, le 18 janvier 1848. En décembre 1817, les 15 hectares 20 ares appartenant au couple Jean-Baptiste St Mard et Anne Marie Simon avaient été partagés en quatre lots revenant à leurs enfants. Le troisième lot échu à défunt Jean François Saint Mard revient à ses enfants mineurs.

Après la mort de son époux en 1816, Anne Marie a valorisé le patrimoine familial. Les mauvais coups de la vie n’ont pas réussi à la ruiner.

En guise de conclusion

Le rameau généalogique dampicourtois est un accident de l’histoire. Jean-Baptiste (1767-1816) Saint Mard époux d’Anne Marie Simon n’aurait pas dû devenir cultivateur, il était destiné à la prêtrise. Néanmoins, cette tradition agricole perdurera durant tout le dix-neuvième siècle.

Arrivé au village « de nulle part », rien ne prédispose Jean-Baptiste à devenir un gros cultivateur.

La totalité des superficies agricoles appartenant à la communauté Saint-Mard Simon a été acquise de gré à gré ou en vente publique. Du vivant de Jean-Baptiste, dix pour cent des superficies appartiennent en bien propre à son épouse Anne Marie pour les avoir reçus de sa mère. Néanmoins, ils sont exploités par la communauté.

Le graphique de l’évolution du patrimoine dans le temps est obtenu par compilation des actes de mutation dudit patrimoine. Cette reconstitution est relativement fiable.

Certes en 1822, nous avons une différence d’un hectare 32 ares et 93 centiares avec le cadastre et en 1844, une différence moindre de 77 ares 16 centiares. Nous avons aussi une différence d’un hectare 39 ares et demi entre la situation de 1847 et la déclaration de succession de 1848. Une seule explication : la déclaration ne reprend que les biens de la communauté. Il faut donc exclure un hectare 78 ares et demi appartenant en propre à Anne-Marie Simon, qui ont dû faire l’objet d’une déclaration séparée qu’il me manque. Déduction faite, il nous reste une différence d’environ 40 ares sachant qu’il existe aussi une différence de 3 ares et 11 centiares entre la déclaration et l’acte de partage.

Cette exploitation n’est ni une petite ni une grande propriété, elle se classe dans une tranche intermédiaire de sept propriétaires ayant entre 10 et 20 hectares [121]. Jean-Baptiste est le dixième plus gros agriculteur de la basse vallée du Ton entre Saint-Mard et Lamorteau, mais suivant la reconstitution du son patrimoine, il pourrait être le neuvième plus gros cultivateur des dits villages avant son exil en 1815. Si nous nous limitons au village de Dampicourt, il est le plus gros cultivateur du village. Pour les cinq villages, il est aussi le vingt et unième plus gros propriétaire [122] toutes professions et qualités comprises y compris les communautés des habitants.

Si l’activité de « laboureur » était sa profession principale, à sa mort en 1816 à Velosnes, il est propriétaire de treize chevaux qu’il a emportés avec lui dans son exil. La tradition familiale affirme qu’il élevait des chevaux et les vendait aux garnisons militaires.

Incontestablement, Jean-Baptiste Saint-Mard, le plus atypique de mes ancêtres, est un notable aisé qui s’est très bien intégré dans son village d’adoption. Son épouse Anne-Marie est une grande dame qui a très fortement influencé la destinée de son fils Louis.

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Notes :

[1] Thonne-les-Prés, no INSS 550510, département de la Meuse, France.

[2] Baptisé le 23 juin 1732.

[3] Verneuil-Petit, no INSS 550547, département de la Meuse, France.

[4] Un peu moins de sept kilomètres.

[5] Marie Magdelaine Joannes est née le 7 février 1734 à Dampicourt. Par suite du traité des Pyrénées en 1659, Montmédy et sa région sont devenues françaises : c’est le premier démembrement du duché de Luxembourg. En revanche, Virton a +- 15 kilomètres de Montmédy reste dans le duché de Luxembourg. De nos jours, Dampicourt est un village de la commune de Rouvroy (province de Luxembourg, Belgique.)

[6]Le 26 août 1760

[7] Samedi 15 août 1761 à Thonne-les-Prés, baptisée le même jour.

[8] Décédée le samedi 12 septembre 1761.

[9] Dimanche 2 janvier 1763 à Thonne-les-Prés, baptisée le même jour.

[10] Décédée le mercredi 21 novembre 1764 et inhumée le lendemain.

[11] Lundi 18 juin 1764 à Thonne-les-Prés, baptisée le même jour.

[12] Décédée le mercredi 12 novembre 1834 à Thonne-la-Long, mère de huit enfants, veuve de François Montlibert.

[13] Née le samedi 5 avril 1766 et décédée le mercredi 28 mai 1766 à Thonne-les-Prés.

[14] Marie Scholastique Charlotte Saint Mard, baptisée le 2 octobre 1730 à Verneuil-Petit, fille de Pierre et Marguerite Genin. Elle épouse le jeudi 19 février 1756 Jean-Baptiste Gillardin. De leur union naît neuf enfants. Marie décède le dimanche 19 juillet 1795, à l’âge de 64 ans, à Verneuil-Petit.

[15] Vendredi 18 août 1769 à Thonne-les-Prés, baptisé le lendemain.

[16] Décédé et inhumée le jeudi 16 avril 1772 à Thonne-les-Prés.

[17] Née le lundi 29 juillet 1771, baptisée le 30, décédée le mardi 31 mars 1772 et inhumée le 1er avril à Thonne-les-Prés.

[18] Mardi 7 décembre 1773 à Thonne-les-Prés, baptisée le même jour.

[19] Décédé le dimanche 26 août 1821 à Montmédy. Capitaine au 11e Régiment de Dragons en Espagne et Allemagne. Chef d’Escadron au 2e Régiment de Carabiniers, blessé à Waterloo. Officier de la Légion d’honneur.

[20] Margueritte JOANNES, née le dimanche 23 juin 1737 à Dampicourt, est la fille légitime de Pierre JOANNES, âgé de 47 ans environ et de Jeanne GRAVET. Le dimanche 19 août 1770 à Dampicourt, elle épouse Jean FRANCHET. Elle est morte le samedi 6 juillet 1793, à l’âge de 56 ans, à Thonne-les-Prés.

[21] Jeudi 10 août 1775 à Thonne-les-Prés, inhumé le même jour.

[22] Dimanche 9 février 1777 à Thonne-les-Prés

[23] La dorsale médio-atlantique

[24] 8 juin 1783 : début de l’éruption du Laki.

[25] Skaftáreldar

[26] Le chanoine Cotte, prêtre de l’Oratoire.

[27] 26, 27 et 28 juin

[28] Dégel le 25 et 26 décembre, les 1, 2, 3, 16 et 17 janvier. (Rozier, 1784, p. 456)

[29] Nuit du 30 au 31 décembre. (Rozier, 1784, p. 456)

[30] Oiseaux des zones polaires.

[31] Union le 3 mars 1789 à Thonne-les-Prés. Une dispense de deux bans leur a été accordée par Mgr l’Évêque d’Ascalon officiant à Longwy.

[32] « Évêque suffragant de Trèves, il publie en 1763 un traité contestant l’autorité du pape Clément XIII. Il écrivit sous le pseudonyme de Justin FEBRONIUS, emprunt fait à sa nièce Justine qui était religieuse à Juvigny-sur-Loison (France). Sa publication fut mise à l’index par le pape. Il dut se rétracter, mais resta soutenu par l’empereur autrichien Joseph II qui fit appliquer le fébronisme dans ses états. Mgr Jean Nicolas de Hontheim, fut soutenu dans sa lutte contre l’autorité du pape par l’échevinat de Trèves et les évêques allemands. » In École Les Sources (Virton) plaquette « Une des richesses de la Gaume. Le site classé de Montquintin. Rouvroy », janvier à juin 1995.

[33] Je n’ai jamais trouvé la moindre trace d’une chapelle dans le château, mais une petite chapelle est accolée dans l’angle nord-est de l’église de Montquintin. La chapelle carrée et voûtée en style gothique est dite « chapelle des seigneurs » et possédait une porte indépendante, bouchée de nos jours. Voir JOANNES Bernard, Si Montquintin et Couvreux m’étaient contés…, Les éditions de la Joyeuserie, Dampicourt, 2005, pages 26 à 29

[34] Depuis 1730, un vaste mouvement a imposé la construction de « route royale » en France. C’est une véritable « révolution routière. » En 1789, 40.000 km de route fonctionnent et autant sont en construction. Des lignes régulières de diligences desservent la France depuis 1780. Sedan est à deux journées de Paris et Verdun à deux journées et demie. La ligne Paris — Verdun passe par Château-Thierry.

Serge Bianchi, Michel Biard, Alan Forrest, Édouard Gruter, Jean Jacquart, La terre et les paysans en France et Grande-Bretagne du début du 17e à la fin du 18e siècle, Armand Collin, Paris, 1999. Pages 143 et 156

[35] 31 août 1790 : « La guerre civile éclate à Nancy. Les régiments qui y sont en garnison s’insurgent contre leurs officiers. Le général Bouillé se met à a tête de quatre régiments, de quatorze escadrons de cavalerie et des gardes nationales. Il part de Metz pour rétablir l’ordre dans Nancy, et se faire livrer les chefs de la révolte. Les soldats s’y refusent. Trait héroïque de Desilles, officier du régiment du Roi, qui s’étant jeté à a bouche d’un canon dirigé contre l’armée du général Bouillé, pour empêcher qu’on y mit le feu, est blessé de plusieurs coups de fusil. Les troupes du général Bouillé entrent dans la ville qui est désarmée, et dans le club dont les membres sont dissipés. Les Suisses de Châteauvieux sont jugés. » InBuret de Longchamp, Les fastes universels ou Tableaux historiques, chronologiques et géographiques avec atlas contenant trois grands tableaux synoptiques... suivis de 42 tableaux particuliers... nouvel art de vérifier les dates, Volume 8, J. B. Dupon, 1825, page 218

[36] Diminution importante du nombre de tâches solaire durant le cycle.

[37] Du nom du météorologiste anglais John Dalton. Période commençant en 1790 et se terminant en 1830.

[38] 20 avril 1792

[39] Territoire de l’actuelle Belgique

[40] 19 messidor an II

[41] Trente-six accusés.

[42] Le 28 juillet 1794 : Exécution de Robespierre, de Couthon et de Saint-Just. Fin du règne de la Terreur.

Maximilien ROBESPIERRE (de) : Homme politique français (Arras le 6 mai 1758 — Paris le 28 juillet 1794.)

Avocat d’Arras, député à la Convention « le 20 septembre 1792. Il se signale par son intervention du 3 décembre 1792 à la tribune de l’assemblée avant le procès de Louis XVI. Il organise ensuite l’élimination de la Gironde, un parti coupable de s’opposer à la Terreur.

L’“Incorruptible” va personnifier la Révolution à partir de son entrée au Comité de salut public (le gouvernement révolutionnaire), le 27 juillet 1793.

Dictateur de fait après l’exécution de son principal rival Danton, le 5 avril 1794, il relance précisément la Terreur et tente même d’imposer l’éphémère culte de l’être suprême en remplacement du christianisme. Gagnés par la lassitude et la peur, rassurés par les victoires des armées françaises sur le front, les députés de la Convention finissent par s’insurger et décrètent l’arrestation de Robespierre et de ses proches le 9 thermidor An II (27 juillet 1794). L’“Incorruptible” est exécuté le lendemain. » in www.herodote.net

[43] 28 au 30 septembre 1794

[44] Beau-frère du général Renard, mort à Dun-sur-Meuse en 1854. (Pierrot, 1904, p. 187)

[45] Fille de Guillaume Thiry et Marie Jeanne Jacques.

[46] Voir acte de mariage du 1er mai 1805 entre Jean-Baptiste Emmanuel Guillaume et Marie Thérèse Collin.

[47] Décrets du 15 décembre 1792 et 31 janvier 1793 (Vandermaelen, 1838, p.162)

[48] Assemblée du pays de Liège, du Hainaut, du Tournaisis, du pays de Namur, d’une partie de la Flandre et du Brabant (Vandermaelen, 1838, p.162)

[49] 1er octobre 1795 (6 vendémiaire An IV)

[50] Cantons de Viel-Salm, de Rouland, de Saint-Vith et de Schleyden.

[51] Cantons d’Orchimont, de Saint-Hubert, de La Roche, de Durbuy, de Nassogne, de Wellin, de Marche et une partie du canton de Rochefort.

[52] Le reste du duché, formant 37 cantons.

[53] Fille de feu Pierre Simon en son vivant laboureur à Dampicourt et d’Hélène Collignon.

[54] Il pourrait s’agir de son oncle François Joannes, laboureur et syndic (11 mars 1717 Dampicourt, 10 septembre 1804 à Épiez-sur-Chiers) époux en premières noces de Marie Barbe Genin et en secondes noces de Marguerite Gaveroy ; ou de son cousin Jean François Joannes (+ 7 novembre 1830 à Dampicourt), charron et époux de Margueritte Bourgignon

[55] +- 25 ares

[56] Âgé de 28 ans

[57] Âgé de 31 ans

[58] Jean François JOANNES né le dimanche 3 décembre 1730 à Dampicourt, est le fils de Pierre JOANNES, de Jeanne GRAVET. Il épouse Marie Christine HONNET. Il meurt le jeudi 10 avril 1806, à l’âge de 75 ans, à Dampicourt.

[59] Jean Philippe GENIN né le dimanche 9 décembre 1736 à Dampicourt est le fils de Jean GENIN et de Jeanne GUSTIN. Il est décédé le mercredi 20 avril 1808, à 6 h du soir, à l’âge de 71 ans, à Dampicourt.

[60] Henri STASSER né le samedi 6 avril 1771 à Houdrigny — Villers-la-Loue, est le fils de Maximilien STASSER, bourgeois, maréchal-ferrant, synodal et de Marie Jeanne SERVAIS. Le dimanche 8 décembre 1799, il épouse Marie Catherine BOURGIGNON. Il meurt le lundi 19 février 1827, à l’âge de 55 ans, à Dampicourt.

[61] Jean Baptiste GUILLAUME né le lundi 10 juillet 1730 à Couvreux est le fils légitime d’Ernest GUILLAUME et de Catherine FOISSET. Il épouse Anne SAINT MARD, la fille légitime de Philippe François SAINT MARD et de Françoise LAMBERT. Il meurt le mercredi 22 avril 1807, à 1 h du matin, à l’âge de 76 ans, à Dampicourt.

[62] Pierre SIMON né le jeudi 14 août 1766 dans la paroisse de Montquintin est le fils de Guillaume SIMON et de Marie Françoise JOANNES.

[63] Je ne connais pas sa date de naissance, et l’estime avant 1740.

[64] Une superficie de 1 h. 78 a. 47,86 c. à laquelle il faut ajouter « trois quarts » de terre.

[65] Pierre l’Aîné Saint Mard né avant 1659, fils de Nicolas, époux de Maire Maillet, décédé le jeudi 10 décembre 1693 à Buzenol (actuellement commune d’Étalle, province de Luxembourg, Belgique)

[66] 3 hectares 25 ares 87 centiares de terre labourable, 38 ares 60 centiares de pré, soit un total de 3 hectares 64 ares 47 centiares (89,5 % de terre et 10,5 % de prairie.)

[67]Millésime sculpté sur le linteau de la porte d’entrée.

[68] 22 mai 1805

[69] Les préposés de l’Agence forestière, les officiers de santé, les notaires, les membres de la Commission des hospices, les marguilliers de la fabrique, le receveur de l’enregistrement et du domaine impérial, le Contrôleur des contributions directes, le Juge de paix, le Greffier et les officiers ministériels de cet établissement.

[70] Jean Baptiste Emmanuel GUILLAUME né le lundi 16 mai 1774 à Montquintin, fils de Jean Baptiste GUILLAUME, cultivateur, et d’Anne SAINT MARD. Petit-fils de Philippe Saint Mard. Jean Baptiste Emmanuel est décédé le jeudi 27 mars 1851, à l’âge de 76 ans, à Dampicourt.

[71] Marguerite Thérèse COLLIN née à Virton, fille d’Henry COLLIN, maréchal-ferrant et de Jeanne Marguerite DESTENAY. Elle est décédée le vendredi 31 mars 1848, à Dampicourt.

[72] Le maire de Dampicourt

[73] Monsieur Lacoste

[74] 49 ares 53 centiares pour être exacte.

[75] Anne Guillaume, propriétaire à Velosnes ; Jean Pierre Guillaume, propriétaire à Tintigny ; Marie Joseph Guillaume, propriétaire à Tintigny ; Odile Guillaume autorisée par son époux Jacques Guiot, propriétaire à Jamoigne.

[76] Anne Guillaume, propriétaire, demeurant à Velosnes ; Jean Pierre Guillaume, propriétaire, demeurant à Tintigny ; Marie Josèphe Guillaume veuve d’Henri Joseph Maitrejean, propriétaire à Tintigny ; Jacques Guiot, propriétaire, demeurant à Jamoigne, en qualité de bail et mari d’Odile Guillaume sa femme.

[77]15 h. 82 a. 33,86 c. + « trois quarts » de terre soit 25 à 27 ares

[78] Jean-Pierre Simon, vigneron, domicilié à Moulins, canton de Stenay, arrondissement de Montmédy.

[79] 21 janvier 1814

[80] 23 janvier 1814

[81] Châlons-sur-Marne

[82] 1er avril 1814

[83] 2 avril 1814

[84] Article 4 du traité de Paris

[85] 11 avril 1814

[86] Hadamar, Siegn, Dietz et Nassau-Dillembourg

[87] 16 février 1814

[88] In Le Figaro du 11 septembre 2002, Emmanuel Le Roy Ladurie, en 1815, une secousse tellurique aux conséquences économiques et sociales incalculables. L’effroyable explosion du mont Tambora

« Le volcan Tambora est situé à l’est de Java (Indonésie) dans la presqu’île de Sanggar (...) On le tenait jusqu’en 1811 pour un volcan éteint depuis belle lurette. (…) Au 10 avril (1815), à 19 heures, le paroxysme eut lieu. » Le mont explosa, son altitude passa de 4300 m à 2850 mètres. 150 kilomètres cubes de cendres et de divers débris furent expulsés dans l’atmosphère. « Le voile de poussières ainsi répandu autour du globe alla jusqu’à obscurcir l’éclipse lunaire de juin 1816 (un an après) devenu impossible à observer tant à Londres qu’en Saxe. L’an 1816, c’est “l’année sans été” ; ou bien c’est ce que les écolos pacifistes de notre temps appelleront “l’hiver nucléaire”, mais paradoxalement logé en pleine saison estivale.

[89] 1 hectare 90 ares 74 centiares de pré, 2 hectares 37 ares 40 centiares de terre, soit un total de 4 hectares 28 ares 14 centiares

[90] Le 12 mai 1815

[91] Le 26 mai 1815

[92] Soit 7 h. 45 a. 74 c.

[93] Description de la ferme de Velosnes suivant l’inventaire après décès du 11 novembre 1816.

[94] Suivant l’inventaire après décès du 11 novembre 1816. À cela, il faut ajouter les « comptes avec ses ouvrières », les frais de curatelle dus à Montmédy et les frais de l’acte d’inventaire.

[95] Suivant l’inventaire après décès du 11 novembre 1816.

[96] Idem

[97] L’écriture de Jean-Joseph Saint-Mard est fine, petite et régulière.

[98] « Réméré : Clause par laquelle on se réserve le droit de racheter dans un certain délai la chose qu’on vend, en remboursant à l’acquéreur le prix principal et les frais de son acquisition. » In Dictionnaire Petit Larousse, Librairie Larousse, 1972, pages 790-791

[99] 5 h. 30 a. 66 c.

[100] Le partage des biens après décès en 1847 et la déclaration de succession de 1848 valident la reconstitution du patrimoine.

[101] Le lundi 13 avril 1801, Anne-Marie Simon reçoit 1 h. 78 a. 47,86 c. de sa mère Hélène Collignon. Archives privées — collection Anaïs Noël.

[102] Un archiviste du dépôt d’Arlon m’a décrit en ces termes les archives de l’administration du cadastre à Arlon. J’ai déjà entendu des histoires similaires pour un autre bureau dans le Brabant wallon.

[103] Marie BENOIT née le samedi 17 mars 1798 (27 ventôse an VI) à Velosnes, est la fille de Jean BENOIT, cultivateur et de Marie Anne GILLARDIN.

[104] Jean Courty

[105] Ils ont pour arrière-grands-parents communs : Pierre Saint Mard (1701 Verneuil-Petit — 1762 Rouvres-en-Woëvre) et Marguerite Genin (1704 Verneuil-Petit — 1774 Verneuil-Petit)

[106] Lundi 24 septembre 1827

[107] Catherine est née le vendredi 6 novembre 1829 à Bazeilles-sur-Othain. Elle est décédée le samedi 24 février 1917, à l’âge de 87 ans, à Nancy. Religieuse et infirmière sous le nom de Sœur Cyrénie.

[108] 20 décembre 1827

[109] Catherine BENOIT née le jeudi 16 mai 1799 (27 floréal an VII) à Velosnes, est la fille d’Henry le Jeune BENOIT, manœuvre et d’Anne Catherine CLAUDE. Elle est décédée le samedi 23 septembre 1871, à l’âge de 72 ans, à Velosnes. Il ne semble pas y avoir de lien de parenté entre Catherine et Marie Benoît épouse de Joseph.

[110] Jean Courty

[111] Dimanche 13 avril 1828 à Velosnes, à 17 h.

[112] Anne Marie Saint-Mard, épouse de François Montlibert, cultivatrice.

[113] Aux Pays-Bas, la loi du 21 août 1816 change la dénomination des unités de poids et mesures, mais elle conserve le système décimal. Voir : DELEBECQUE A., Bulletin usuel des lois et arrêtés concernant l’administration, tome deuxième, 1814-1843, Bruxelles, Bruylant-Christophe et Compagnie, 1861, p. 131-132 (Arrêté du 29 mars 1817 qui détermine les noms des nouveaux poids et mesures, ainsi que leurs multiples et subdivisions.) ; Almanach administratif et statistique de la province de Liège et de la Cour d’appel de Liège et de son ressort, 42e année, Liège, Imprimerie de Jacques Desoer, 1837, p. 83

[114] Le baron Érasme Louis Surlet de Chokier (1769-1839)

[115] 3 hectares 20 ares 41 centiares.

[116] 19 h. 14 a. 37,11 c. si on considère que les « trois quarts » de la première acquisition équivaut à +- 25 ares.

[117] Cadet = le deuxième

[118] Il s’agit plus d’une supposition logique que d’une certitude. De nos jours, une barrière, rue de Mathon, permet d’entrer dans l’extension de l’ancien cimetière. (3 extensions : 1888, 1912, 1928)

[119] Jean Antoine Gauthier (1805-1880) Curé de Dampicourt du 31 décembre 1832 au 1er janvier 1880. Joannes, 2005, p. 88

[120] Décédé le 3 octobre 1846

[121] N’ayant pas de points de comparaisons pour étudier le statut social des Saint-Mard, j’ai encodé l’inventaire immobilier de 1767 dit cadastre de Marie-Thérèse, les bulletins de propriétés ayant servi à la confection de la matrice cadastrale en 1822 et 1844, des villages de la basse vallée du Ton (1822 : Dampicourt, Montquintin, Couvreux, Vieux-Virton, Saint-Mard ; 1844 : Rouvroy, Harnoncourt, Lamorteau, Torgny.) J’ai calculé différentes statiques.

[122] Propriétaires résidents ou assimilés. Assimilés = successions non liquidées ou siège principal de l’activité.


Références :

[i] Olry, 1885, p. 98

[ii] Monge, 1793, lettre B, p. 232*

[iii] Martin, 1851, p. 220

[iv] wikipedia.org, Laki ; CHENAL Yves, 8 juin 1783, Éruption dramatique du Laki.In herodote.net ; Nuage mortel, documentaire ARTE F, Royaume-Uni, 2006, 48 mn

[v] wikipedia.org, Laki 

[vi] COTTE, Mémoire sur les brouillards extraordinaires des mois de Juin et Juillet 1783.In Rozier, 1783, p. 203

[vii] Rozier, 1783, p. 203

[viii] Olry, 1885, p. 27-28

[ix] Olry, 1885, p. 28 ; Rozier, 1783, p. 203

[x] Monge, 1793, lettre B, p. 233*

[xi] Martin, 1851, p. 216

[xii]Nuage mortel, documentaire ARTE F, Royaume-Uni, 2006, 48 mn

[xiii] Martin, 1851, p.217

[xiv] Rozier, 1783, p. 203

[xv] CHENAL Yves, 8 juin 1783, Éruption dramatique du Laki.In herodote.net

[xvi] wikipedia.org, Laki 

[xvii] Rozier, 1784, p. 456-457

[xviii] Rozier, 1784, p. 457

[xix] Olry, 1885, p. 98

[xx] Olry, 1885, p. 102

[xxi] 24 et 31 mars 1788 : Succession de défunte Magdelaine Joannes et tutelle des enfants mineurs de Jean St Mard — Archives départementales de la Meuse (AD-55), Archives anciennes (Série B : Cours et juridictions avant 1790), Prévôté de Montmédy (1650-1790), Procès-verbaux et actes divers. Cote : Bp 4342 (1787-1788)

[xxii] 24 et 31 mars 1788 : Succession de défunte Magdelaine Joannes et tutelle des enfants mineurs de Jean St Mard — Archives départementales de la Meuse (AD-55), Archives anciennes (Série B : Cours et juridictions avant 1790), Prévôté de Montmédy (1650-1790), Procès-verbaux et actes divers. Cote : Bp 4342 (1787-1788)

[xxiii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Mercredi 22 juillet 1789 : Recommandation du Collège des Récollets de Virton.

[xxiv] Olry, 1885, p. 98

[xxv] Frissard, 1824, page 11

[xxvi] Duruy, 1849, page 316 ; Frissard, 1824, p. 11

[xxvii] Duruy, 1824, p. 317

[xxviii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Dimanche 9 août 1789 : Paroisse de Thonne-les-Prés — lettre de confirmation de sacrement - Acte en latin

[xxix] Archives privées — collection Anaïs Noël. Diplôme en latin délivré par l’Évêché de Trèves en août 1789.

[xxx] Archives privées — collection Anaïs Noël. Mercredi 22 juillet 1789 : Recommandation du Collège des Récollets de Virton. Annoté sur le document : « Vu à Château-Thierry le 28-08-1789 » Signé [...] MARCY, Lieutenant

[xxxi] Archives privées — collection Anaïs Noël. Lundi 11 juillet 1791 : Attestation du Séminaire du Saint-Esprit Paris, rédigée et signée par le prêtre supérieur au Séminaire.

[xxxii] Duruy, 1849, p. 320 ; Frissard, 1824, p. 30

[xxxiii] Frissard, 1824, p. 30

[xxxiv] wikipedia.org, Minimum de Dalton

[xxxv] Source : Courriel des Archives départementales de la Meuse du lundi 26 mai 2008, de « LACORDE Vincent » lacorde.v@cg55.fr, objet : RE : Inventaires Prévôté de Montmédy : « L’inventaire de la série L mentionne des archives du comité de surveillance du district de Montmédy sous la cote L 1685.

Le nom de Saint-Mard n’apparaît pas dans les listes d’émigrés cotées Q 836 à Q 991. »

[xxxvi] Source : Bistumsarchiv Trier, Jesuitenstrasse 13b, D 54290 Trier, Marita Kohl (Archivarin), lettre du 3 septembre 1998

[xxxvii] Duruy, 1849, p. 355 ; Frissard, 1824, p. 47

[xxxviii] Jomini, 1842, p. 137

[xxxix] Lettre datée de Trèves du mois d’août 1792, de monsieur de Montlosier décrivant les conditions de vie dans un camp d’émigrés dans : Mémoires et correspondance de Mallet du Pan pour servir à l’histoire de la Révolution française recueillie et mise en ordre par André Sayous, tome 1er, Paris, Amyot Libarite & J. Cherbuliez, 1851, p. 325-326

[xl] Archives privées — collection Anaïs Noël. Vendredi 14 septembre 1792 : Collège de la Sainte Trinité à Trèves — Attestation de réussite scolaire - Document en latin

[xli] Hippler, 2002, p. 15 ; PARISOT Robert, Histoire de Lorraine de 1789 à 1919 (Meurthe, Meuse, Moselle, Vosges), tome 3, Paris, Auguste Picard, 1924, p. 68-69

[xlii] Buret de Longchamp, 1825, p. 252-253 ; Duruy, 1849, p. 359 ; Frissard, 1824, p. 57

[xliii] Frissard, 1824, p. 66

[xliv] Clauteaux, 1829, p. 51-52 ; Dictionnaire historique des batailles, sièges, et combats de terre et de mer qui ont eu lieu pendant la Révolution française, par une société de militaire et de marins, tome 1er, A-C, Paris, Menard et Desenne fils, 1818, p. 139-140 ; Éphémérides militaires, depuis 1792 jusqu’en 1815, ou, Anniversaires de la valeur française, Juin, volume 6, Pillet, 1818, p. 58 ; Reichling, 1866, p. 158

[xlv] Source : René Lenoir, consultation du MINITEL

[xlvi] Clauteaux, 1829, p. 52 ; Dictionnaire Menard et Desenne, 1818, p. 141

[xlvii] Pierrot, 1904, p. 186-190

[xlviii] Duruy, 1849, p. 377 : Frissard, 1824, p. 109

[xlix] Pierrot, 1904, p. 184, 186-187

[l] Buret de Longchamp, 1825, p. 292

[li] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Justice subalterne, Œuvres de loi de Dampicourt, Cote 849 page 81 : 13 novembre 1774 : Prêt de 50 louis d’or à Pierre Simon.

[lii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Notaire François Joseph DUPONT, Carton VI (1790-1795), minute du 1er juillet 1791.

[liii] Olry, 1885, p. 98

[liv] Vandermaelen, 1838, p.162-163

[lv] Buret de Longchamp, 1825, p. 270 ; Duruy, 1849, p. 362 ; Frissard, 1824, p. 77

[lvi] Duruy, 1849, p. 380 ; Vandermaelen, 1838, p. 164

[lvii]Vandermaelen, 1838, p. 164

[lviii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MICHEL Michel (1772-1846), minute no 81 du 6 mai 1804. Vente par hausse publique et en détail de deux corps de ferme réunis en un seul, appartenant aux héritiers de feu Paul Joseph Nonancourt propriétaire demeurant à Yzel, situés sur le territoire de Dampicourt et voisins

[lix] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MICHEL Michel (1772-1846), minute no 10 du 27 pluviôse An V (15 février 1797) : Contrat de vente au profit de Jean Baptiste Saint Mard et de sa femme de Mathon. Archives privées — collection Anaïs Noël : Grosse du même acte.

[lx] Olry, 1885, p. 98

[lxi] Buret de Longchamp, 1825, p. 366 ; Duruy, 1849, p. 425

[lxii] 30 septembre 1799

[lxiii] Buret de Longchamp, 1825, p. 373

[lxiv] Frissard, 1824, p. 219 ; Buret de Longchamp, 1825, p. 374

[lxv] 9 novembre 1799

[lxvi] Duruy, 1849, p. 426 ; Frissard, 1824, p. 219

[lxvii] 24 décembre 1799

[lxviii] Duruy, 1849, p. 427 ; Frissard, 1824, p. 219

[lxix] Frissard, 1824, p. 226

[lxx] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-2 Personnel de l’autorité locale (an IX-1811) : État contenant des renseignements sur le Maire, l’Adjoint et les Membres du Conseil municipal (An XI)

[lxxi] Joannes, 2005, p.120-121 ; Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-2 Personnel de l’autorité locale (an IX-1811) : État contenant des renseignements sur le Maire, l’Adjoint et les Membres du Conseil municipal (An XI)

[lxxii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Lundi 13 avril 1801 : Acte de partage fait et passé à Mathon

[lxxiii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425 a-6 Esprit public (an IV-1807) : Registre ouvert dans la municipalité de Dampicourt et Mathon, pour recevoir du 5 au 11 Prairial An X le vote des Citoyens de cette Commune sur la question : Napoléons Bonaparte sera-t-il Consul à vie

[lxxiv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-2 Personnel de l’autorité locale (an IX-1811) : État contenant des renseignements sur le Maire, l’Adjoint et les Membres du Conseil municipal (An XI)

[lxxv] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MICHEL Michel, minute no 81, acte du 6 mai 1804 (16 floréal An XII) fait et passé à Dampicourt : Vente publique et en détail de deux corps de ferme à Dampicourt

[lxxvi] Archives privées — collection Anaïs Noël. Samedi 13 avril 1805 : Vente publique d’un petit bien situé sur le territoire de Dampicourt, faite et passée à Dampicourt le 9 floréal an XIII par Bernard Papier, Notaire public à Virton.

[lxxvii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon : Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles. Cote : no AEA 1035 ; Volume 172 ; Article 118. Transcription d’un acte 9 octobre 1846 fait et passé par-devant Maître Lambinet, notaire résidant à Virton (Dénouement d’une indivision à Dampicourt [moitié d’une maison])

[lxxviii] Duruy, 1849, p. 446-448

[lxxix] Guerlot, 1902, p. 301-302

[lxxx] Guerlot, 1902, p. 302

[lxxxi] Guerlot, 1902, p. 302-303

[lxxxii] Guerlot, 1902, p. 303

[lxxxiii] Guerlot, 1902, p. 303-304

[lxxxiv] Guerlot, 1902, p. 304

[lxxxv] Acte de mariage du 11 floréal an XIII (1er mai 1805) — Marie de Dampicourt

[lxxxvi] Joannes, 2005, p.150-151

[lxxxvii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-1 : Renseignement statistique (An XII-1812), État des vingt plus forts Contribuables de la Mairie de Dampicourt en 1806

[lxxxviii] Archives privées — Collection Anaïs Noël : Succession Joannes. Actes : mercredi 16 avril 1806 : Cession d’une succession, dimanche 20 avril 1806 : Cession de la succession de François Joannes (dettes), mercredi 23 avril 1806 : Cession de succession (François Joannes), 29 avril 1806 : Vente publique des meubles de François Joannes, mercredi 30 avril 1806 : Dettes de François Joannes, dimanche 27 juillet 1806 : Acte de vente d’une succession (François Joannes)

[lxxxix] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-2 : Personnel de l’autorité locale (an IX-1811), Lettre du Maire de Virton proposant Jean-Baptiste Saint-Mard comme adjoint au Maire de la commune de Dampicourt (1806)

[xc] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-2 : Personnel de l’autorité locale (an IX-1811), Nomination de Jean-Baptiste Saint-Mard à la fonction d’Adjoint Maire à Dampicourt (1806)

[xci] Bulletin des lois, juin 1806, p. 279

[xcii] Joannes, 2005, p.151-152 (compte rendu du maire de Dampicourt)

[xciii] Archives privées - collection Anaïs Noël, dimanche 24 janvier 1808 : Vente publique de biens à Dampicourt (Protin de Velosnes), notaire Bernard Papier.

[xciv] Archives privées — collection Anaïs Noël : Mardi 31 mai 1808 : Acte de vente de biens appartenant aux héritiers Guillaume, fait et passé à Villers-la-Loue. (4 h. 13 a. 4 c. de terres et 62 a. 87 c. de prairies soit une superficie totale de 4 h. 75 a. 91 c.)

[xcv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 109, acte du 3 mai 1809 ; Archives privées — collection Anaïs Noël — mercredi 3 mai 1809 : Acte de vente d’une ferme à Dampicourt (Guillaume) (3 h. 87 a. 41 c. de terres et 71 a. 47 c. de près soit une superficie totale de 4 h. 58 a. 88 c.)

[xcvi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425a-2 Personnel de l’autorité locale (an IX-1811), Lettre du Maire de Dampicourt, Deprez, proposant trois candidats (Neunheuser, St Mard, Lambert) aux fonctions de Maire (1810)

[xcvii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Samedi 12 juin 1813 : Citation à comparaître comme témoin à la Chambre du Conseil de Neufchâteau

[xcviii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Samedi 22 juin 1811 : Acte d’échange de terres à Dampicourt (St Mard/de Neunheuser). Enregistré à Virton, le 22-07-1811

[xcix] Belgique, Archives de l’état à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425b-28 Exploitation de la mine de fer (1811) : Tableau des propriétaires de la commune de Dampicourt qui se proposent d’exploiter des mines de fer sur la surface de la terre pendant le cours de l’année 1812 (1811)

[c] Soucou

[ci] Joannes, 2005, p. 261-266.

[cii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Lundi 1er août 1814 : Armée de Terre française - 6e Régiment de Dragons Berry (ancien 11e Dragons) - Certificat de non-paiement - appointements exercice 1811

[ciii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Tribunaux, Justice de Paix du canton de Virton, Juridiction gracieuse, Minutes d’actes civils, carton no 35, minute no 121 (2 juin 1812)

[civ] Orly 1885, p. 98

[cv] Belgique, Archives de l’état à Arlon, Archives des institutions de droit public (époque contemporaine), Tribunaux, Tribunal de première instance de Neufchâteau (1800-1970) - Affaires civiles, Rôles 4444 et 4254, cotes : TPI NEUF B no 55-57, 671, 672, 677, 678

[cvi] Archives privées — collection Anaïs Noël : lundi 1er août 1814, Armée de terre française, Indemnité de perte d’un cheval à Vittoria et indemnités de pertes de son équipement (2 actes)

[cvii] Martinien, 1899, p. 549 ; Martinien, 1909, p. 93

[cviii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Lundi 8 novembre 1813 : Acte de vente d’un petit bien rural situé sur le Ban de Dampicourt et voisins

[cix] Duruy, 1849, p. 465 ; Frissard, 1824, P.394, 404 et 411

[cx] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives des institutions de droit public (époque contemporaine), Tribunaux, Tribunal de première instance de Neufchâteau (1800-1970) - Affaires civiles, Rôles 4444 et 4254, cotes : TPI NEUF B no 55-57, 671, 672, 677, 678

[cxi] Parisot, 1924, p. 252-253

[cxii] Duruy, 1849, p. 466 ; Frissard, 1824, p. 395, 408 et 409

[cxiii] Vandermaelen, 1838, p. 166-167 ; Wils, 1996, p. 131

[cxiv] Duruy, 1849, p. 466, Frissard, 1824, p.397

[cxv]Parisot, 1924, p. 252-253

[cxvi] Duruy, 1849, p. 467; Frissard, 1824, p. 398-399

[cxvii] Vandermaelen, 1838, p.166-167

[cxviii] Vandermaelen, 1838, p.167 ; Wils, 1996, p. 131

[cxix] Archives privées — collection Anaïs Noël. Mardi 13 septembre 1814 : Désignation d’un expert pour trancher un conflit immobilier

[cxx] Archives privées — collection Anaïs Noël : Mercredi 14 décembre 1814 ; Armée française — Certificat de mutation - Régiment de Berry, 6e Dragons (anciennement 11e Régiment)

[cxxi] Joannes, 2005, p. 42-43

[cxxii] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 31, acte du 12 février 1815 : Vente publique de denrées et location d’un immeuble à Dampicourt, au domicile de Maximilien Lambert, à l’intervention du sieur commissaire gardien judiciaire

[cxxiii] Archives privées — collection Anaïs Noël : Armée de Terre française — Certificat du 25 février 1815 expédié par duplicata, certifié par le conseil d’administration du Régiment de Berry 6e dragons (anciennement 11e Régiment) Arriéré de solde

[cxxiv] Duruy, 1849, p. 475 ; Frissard, 1824, p.420, 421, 422, 434, 435

[cxxv] Ibidem

[cxxvi] Vandermaelen, 1838, p.166-167 ; Wils, 1996, p. 134

[cxxvii] Ibidem

[cxxviii] Ibidem

[cxxix] Roger, 1932, p.229

[cxxx] Duruy, 1849, p. 475

[cxxxi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives de l’Administration du département des Forêts, Mairie de Dampicourt (425 a et b, page 308 à 310 de l’inventaire), cote 425 a-7 Police générale. Surveillance. Passeports. Ports d’armes (an III-1815) : Prestation de serment aux Puissances alliées des personnes nées en France et domiciliées à Dampicourt (avril 1815) ; État des individus domiciliés dans la commune de Dampicourt, nés en France (avril 1815)

[cxxxii] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 84, acte du 25 avril 1815, fait et relaissé à Dampicourt : Location d’un bien immeuble en terre et pré à Dampicourt, enregistré à Virton, le 5 mai 1815

[cxxxiii] Duruy, 1849, p. 476 ; Frissard, 1824, p. 430

[cxxxiv] Vandermaelen, 1838, p.167

[cxxxv] Martinien, 1909, p. 90

[cxxxvi] Duruy, 1849, p. 476, 478 ; Frissard, 1824, p. 424, 425, 426, 430, 431

[cxxxvii] Vandermaelen, 1838, p.170; Wils, 1996, p. 135-136

[cxxxviii] Damitz, 1841, p. 252; Jeantin, 1863, p. 1654-1655 ; Koch, 1818, p. 446 (note bas de page) ; Malte-Brun, 1882, p. 18 ; Vaudoncourt, 1826, p. 313

[cxxxix] Ibidem

[cxl] Parisot, p. 261-262 ; Vaudoncourt, 1826, p. 312

[cxli] 12 février 1816 : Vente publique de denrées et location d’un immeuble à Dampicourt

Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 23, acte du 12 février 1816, passé à Dampicourt : Vente publique de denrées et location d’un immeuble à Dampicourt, enregistré à Virton, le 22 février 1816.

[cxlii] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 67, acte du 28 mars 1816, fait à Dampicourt : Bail public de terre à Dampicourt, enregistré à Virton, le 3 avril 1816 ; 3 h. 17 a. 60 c.

[cxliii] Olry, 1885, p. 100

[cxliv] Olry, 1885, p. 100

[cxlv] Olry, 1885, p. 100 ; Parisot, 1924, p. 266 et 268

[cxlvi] Archives privées — collection Anaïs Noël. Lundi 11 novembre 1816 : Inventaire après décès des biens de Jean-Baptiste St Mard époux Anne Marie Simon. Notaire : Joseph Antoine Auspice Thiebault, à Montmédy (Meuse)

[cxlvii] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 172, acte du 16 novembre 1816, fait et passé à Virton, en l’Étude. Procuration à l’effet de gérer toutes les affaires d’Anne Marie Simon, veuve de Jean-Baptiste Saint Mard

[cxlviii] Archives privées — collection Anaïs Noël ; Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 171, acte du 16 novembre 1816, fait à Virton, en l’Étude : Vente à réméré deux pièces de prairie et la moitié de deux autres à Dampicourt

[cxlix] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 135, acte du 21 juin 1817, clos et arrêté à Dampicourt, au domicile de Nicolas Martin : Location publique à différents particuliers de plusieurs pièces de terre et pré à Dampicourt

[cl] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute no 1719, acte du 25 janvier 1818, fait et passé en l’étude, à Virton : Vente de quatre cinquièmes dans trois pièces de prairies à Dampicourt

[cli] Archives privées — collection Anaïs Noël. Mercredi 28 janvier 1818 : Jugement du tribunal de première instance séant à Montmédy, condamnant Marie Simon à rendre les comptes de la gestion de Jean Baptiste St Mard sur un séquestre judiciaire ; Belgique : Archives de l’État à Arlon, Administration de l’enregistrement et des domaines, Bureau de Virton, Livre 103, page 111, 13 septembre 1819 : Expédition d’un jugement rendu par le tribunal civil de Montmédy le 28 janvier 1818 ; Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 131, acte du 14 septembre 1819, fait et passé à Virton, en l’étude : Quittance (montant des ventes et locations d’un séquestre judiciaire)

[clii] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, PAPIER Bernard, minute no 81, acte du 18 juin 1820, arrêté à Dampicourt, au domicile de Nicolas Martin : Bail à divers particuliers de prairie à Dampicourt

[cliii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute no 2578, acte du 21 juin 1821, fait et passé, en la maison de Nicolas Martin, cabaretier, à Dampicourt : Adjudication d’un bail à ferme à Dampicourt

[cliv] Archives privées — collection Anaïs Noël. Lundi 31 juillet 1820 : Garde-chasse Henry Benoît — Procès-verbal d’une coupe illégale de bois dans un pré à Velosnes

[clv] Olry, 1885, p. 102

[clvi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute no 2804, acte du 9 juin 1822, fait et passé, au domicile du sieur Henri Joseph Lambert, cultivateur à Dampicourt : Location publique pour un an de prairies situées sur le ban de Dampicourt

[clvii] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute no 4204, acte du 23 mars 1828, fait et passé au domicile de Louis Simon, cultivateur à Dampicourt (Vente aux enchères de champs à Dampicourt et Montquintin)

[clviii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Samedi 30 décembre 1826 : Exploit d’huissier (congé d’un bail - Magnette) ; Archives privées — collection Anaïs Noël. Samedi 29 décembre 1827 : Exploit d’huissier (Battre dans le délai de 3 jours tous les grains/Magnette) ; Archives privées — collection Anaïs Noël : Samedi 19 janvier 1828 : Citation à comparaître devant de Juge de Paix de Montmédy (Magnette)

[clix] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute no 4189, acte du 10 mars 1828, fait et passé, en l’étude, à Virton : Vente de moitié dans quatre prés à Dampicourt ; Archives privées — collection Anaïs Noël, la grosse.

[clx] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute no 4204, acte du 23 mars 1828, fait et passé au domicile de Louis Simon, cultivateur à Dampicourt : Vente aux enchères de champs à Dampicourt et Montquintin

[clxi] Archives privées — collection Anaïs Noël. Dimanche 19 juillet 1829 : Vente publique de biens à Dampicourt (Béraud/Camyn)

[clxii] Archives privées — collection Anaïs Noël : Vendredi 30 octobre 1829 : Quittance sur acompte sur le canon de 1830 d’une ferme à Velosnes, signée par le Baron de Marches.

[clxiii] Olry, 1885, p. 99

[clxiv] Duruy, 1849, p. 494

[clxv] Duruy, 1849, p. 494

[clxvi] Belgique : Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, HENRI Adolphe, minute no 371, acte du 4 avril 1831, fait et passé au domicile du sieur Mathieu Collignon, cabaretier, à Houdrigny : Vente publique de sept pièces de terre

[clxvii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Vendredi 14 août 1835 : Donation de terre appartenant à Anne Marie Simon. Transcrit au bureau des hypothèques à Neufchâteau, le 22-10-1835

[clxviii] Archives privées, Acte de donation entre vifs fait et passé le 6 septembre 1846 à Virton, en l’étude du notaire Lambinet, enregistré à Virton, le 07-09-1846 (volume 86, folio 42 verso, case 5)

[clxix] Joannes, 2005, p. 95-97