Carnets de notes - Chroniques et récits

Louis (1806-1878), époux d’Anne-Agathe Guillaume : cultivateur et échevin à Dampicourt

L’enfance

La « méconnaissance » d’un ancêtre tient à peu de choses. Nous n’avons pas ses archives. Le dépouillement du notariat de Virton s’avère fort décevant, les minutes de monsieur Lambinet, notaire de la famille, n’ont pas été déposées. Les registres de la conservation des hypothèques permettent de combler certaines lacunes, mais tous les actes sous seing privé tombent dans l’oubli. Quelques infractions sanctionnées par le tribunal de simple police, quelques disputes évoquées en justice de paix…, nous permettent d’évoquer sa vie.

Dimanche 2 février 1806, trois heures du matin, Marie Simon[1] met au monde son quatrième fils. Louis naît en France d’un père français et d’une mère native du Duché de Luxembourg. La naissance est enregistrée dans les registres d’état civil de la commune de Dampicourt.

Le 6 vendémiaire [2] de l’An IV, les « provinces belges » des Pays-Bas et le duché de Luxembourg sont annexés à la France révolutionnaire. Ce ne sont pas des territoires occupés, le droit français s’y applique entièrement. Dampicourt est une mairie du département des Forêts.

Jean-Baptiste Saint-Mard, le papa de Louis, est né en 1767 à Thonne-les-Prés, un village français proche de Montmédy. Son père, son grand-père sont français. Son arrière-grand-père est de souche luxembourgeoise : il est natif de Buzenol. Il s’est installé en 1701 à Petit-Verneuil, village français à un saut de puce de la frontière franco-luxembourgeoise.

Louis est français par le sang de son père et par son lieu de naissance.

Louis grandit dans un environnement privilégié. Un père lettré connaissant une belle ascension sociale : l’année de sa naissance, Jean-Baptiste est nommé adjoint au maire. Ancien séminariste, ancien fermier, il est à la tête d’un domaine agricole de presque six hectares.

Louis a trois ans. Ses parents sont propriétaires de presque 16 hectares de terre et prairies.

Deux février 1814, jour anniversaire, du haut de ses huit ans, il perçoit que les choses changent. Des rumeurs se propagent dans le village : les armées françaises reculent. Les alliés gagnent la guerre contre Napoléons. Dans un traité secret, le duché du Luxembourg est promis à Guillaume Ier stathouder de Hollande.

Louis a neuf ans. Aux yeux du nouveau pouvoir, son père Jean-Baptiste est un étranger. Il n’est plus adjoint-maire. Napoléon Bonaparte fait des siennes, Guillaume Ier se proclame roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. Il muselle toute opposition et exige des citoyens français peuplant son duché un serment de fidélité.

Nouvelle guerre, nouvelle défaite. Cette fois-ci, ce n’est plus une rumeur lointaine. À la mi-août, la région grouille de soldats prussiens ; à la mi-septembre, Montmédy est attaquée. Le 15 septembre, vers deux heures du matin, Louis a peut-être entendu les coups de canon.

1816 : l’année sans été, celle de l’exil et de la mort. Il habite désormais à Velosnes, village français. La vie y est plus dure. Ses parents manquent d’argent. Sa tante Anne Marie [3] et son oncle Jean-Joseph les aident. Le 19 juillet, Louis est orphelin.

Comment perçoit-il cette suite d’événement catastrophique ? Nous ne pouvons qu’imaginer, mais inévitablement il doit en souffrir. Sa mère, Anne Marie Simon avec l’aide de son beau-frère Jean-Joseph Saint-Mard organise cette nouvelle vie et sauve le patrimoine familial.

Un dimanche d’août 1821 [4], l’oncle Jean-Joseph s’éteint. L’inhumation a lieu dans le petit cimetière de Montmédy-haut, au pied des remparts. L’ancien chef d’escadron s’est-il confié à ses neveux ; leur a-t-il raconté l’horreur de la guerre d’Espagne, la défaite à Leipzig, la grande charge à Waterloo. Nous pouvons le penser.

Été 1830, Louis est un jeune homme de 24 ans. Deux de ses frères ont épousé une fille de du village. Sa mère, depuis deux années, achète des terres à Dampicourt.

Le retour à Dampicourt

L’été est chaud, au sens climatique et politique du terme. Charles X est renversé au profit de Louis Philippe. La révolution de Juillet sera imitée.

Bruxelles, le 24 août 1830, jour anniversaire du souverain Guillaume Ier, la régence et le gouvernement remettent indéfiniment les fêtes organisées depuis longtemps. L’orage gronde, quelques échauffourées éclatent. Le lendemain, un programme révolutionnaire est affiché sur les murs de la ville [i].

Opéra de la Monnaie. Le soir, on y joue la Muette de Portici, pièce frappée d’interdit. C’est un triomphe. Quelques gendarmes et policiers déguisés sont reconnus dans le public et hués à la sortie. Le cri « Aux armes ! », prononcé par un artiste lors du cinquième acte galvanise les spectateurs qui le répètent dans les rues. Le soir, la ville est en émeute ; les Bruxellois saccagent les demeures des principaux agents de la domination hollandaise [ii].

Le gouvernement de La Haye a toujours favorisé les intérêts des provinces du Nord au détriment des provinces belges du Sud. S’il favorise le développement des industries modernes du textile, du charbon et de la sidérurgie, les industries traditionnelles et l’agriculture sont délaissées. Cette politique est favorable à la haute bourgeoisie belge, mais Guillaume Ier est un despote éclairé qui s’oppose donc aux libéraux. Il contrôle aussi le clergé, provoquant l’hostilité des catholiques. Ces deux partis finissent par s’unir pour réclamer des libertés politiques et religieuses. [iii]

Le 28, les notables se réunissent à l’Hôtel de Ville et adressent une pétition au roi lui demandant de convoquer les États généraux. Guillaume Ier convoque les députés. C’est une diversion, il envoie le prince d’Orange et son frère Frédéric mater la révolte à la tête d’un corps de 5 à 6.000 hommes. Le 1er septembre, l’armée hollandaise entre dans Bruxelles par la porte de Laeken. Les rues barrées par des barricades. La garde bourgeoise est respectueuse, mais froide. Il n’y a pas d’incident. Le prince rencontre les notables et le 3 quitte la ville en promettant d’éloigner ses soldats [iv].

L’agitation se propage dans les « provinces belges. » Le 13 septembre, à l’ouverture des états généraux à La Haye, Guillaume 1er affirme qu’il ne cédera jamais. Le prince Frédéric essaye de reprendre le contrôle de Bruxelles. Le 23, ses troupes pénètrent dans le haut de la ville par les portes de Schaerbeek et de Louvain. 1.200 à 1.500 patriotes bruxellois opposent une valeureuse résistance. Le combat est inégal. Dans la nuit, les premiers volontaires accourent des villes et campagnes voisines. Le peuple révolté résiste et mène des offensives. La journée du dimanche 26 est meurtrière. Le lundi 25, vers les cinq heures du matin, un petit groupe de volontaires pénètrent dans le parc de Bruxelles. Il est vide. L’armée royale hollandaise s’est retirée vers Malines et Anvers. À 7 h, le bourdon de Sainte-Gudule annonce la bonne nouvelle. La ville est libre au prix de six cents morts du côté des insurgés [v].

Le Luxembourg prend le train de la révolte pour d’autres raisons. Le pays est sous-développé : sa métallurgie n’est pas mécanisée, la production de textile se fait aux domiciles des artisans et non dans de grands ateliers. Les distilleries et les petites exploitations agricoles sont trop fortement imposées. Le grand-duc vend une grande partie du domaine public pour éponger les dettes néerlandaises : le duché ne profite pas de ces ventes. À la différence des provinces belges, il n’y a pas de conflits avec un clergé catholique habité à se « soumettre » au pouvoir temporel depuis longtemps. [vi]

Dans la nuit du 24 au 25 septembre, Virton la romane affirme sa préférence : le drapeau français est hissé sur la tour de l’église [vii]. Le 29 septembre, la commission révolutionnaire s’institue en gouvernement provisoire de la Belgique. Le même jour, Arlon s’enflamme. Le peuple veut planter un drapeau belge sur une diligence. Le commandant de la garnison s’y oppose. L’émeute éclate, les soldats se retranchent dans la caserne. Une garde urbaine composée de bourgeois prend le contrôle de la ville. Le 3 octobre, la garnison se retire à Luxembourg. Toutes les provinces et villes « belges » adhèrent à la révolution, excepté les villes d’Anvers, Maëstricht et Luxembourg, où s’y trouvent d’importantes garnisons hollandaises ou prussiennes [viii].

À Namur, ville à la confluence de la Meuse et de la Sambre, dominée par une importante citadelle, le jeune Jean Philippe Lavallé natif de Saint-Mard, garde avec d’autres miliciens la porte de fer. Pas de chance, ils ont tiré le mauvais numéro. Le 1er octobre, les rues se couvrent de barricades. Les Namurois attaquent les portes de la ville. Le lieutenant-général baron Van Geen [5], ancien colonel du 82e régiment d’infanterie de ligne français en Espagne lorsqu’il combattait pour Napoléons Ier, Gantois de naissance, commande une garnison d’élite de 2.000 hommes. Les combats sanglants durent toute la journée, le soir la troupe hollandaise se replie dans la citadelle. Les miliciens wallons se rallient à la population. Van Geen au service de la Hollande depuis quinze années a oublié ses origines flamandes, il est d’une fidélité sans faille à Guillaume Ier qui le lui a bien rendu en lui confiant le commandement de cette citadelle. Il menace de bombarder la ville avec des boulets chauffés à blanc, mais la rébellion de plusieurs officiers « belges » l’en empêche. Le drapeau blanc est hissé : il est contraint de négocier sa sortie. Le 3, la garnison se retire à Anvers [ix].

Dès le début des troubles, la France déclare « qu’elle s’opposerait à ce qu’on vient par les armes, prendre parti pour l’un ou l’autre des deux peuples [x]. » À Londres, la France et l’Angleterre s’unissent pour calmer les parties. Les grandes puissances craignent un embrasement général. Le 4 novembre, les plénipotentiaires d’Autriche, de l’Angleterre, de la Prusse et de la Russie, et l’ambassadeur de France, Talleyrand, tiennent conférence. À l’issue de celle-ci, ils signent un protocole invitant les belligérants à établir une suspension d’armes. La ligne de démarcation au-delà de laquelle les troupes devront se retirer sera la limite existante entre les Provinces-Unies et les provinces belges avant le traité de Paris du 30 mai 1814. [xi]

À Velosnes, Anne-Marie Simon et ses fils Jean-Baptiste et Louis rêvent-ils d’une réunification à la France ? C’est du domaine du possible. Les personnes ou administrations qui empêchent leur retour à Dampicourt n’ont plus d’importance. Le gouverneur du Luxembourg ne contrôle que cette ville éponyme grâce à une importante garnison prussienne. Le duché s’est libéré.

L’action de la France et des Quatre permet d’espérer une issue favorable. Néanmoins, la même conférence prend la résolution d’empêcher toute réunification de la Belgique à la France [xii].

Les populations romanes et alémaniques du duché de Luxembourg n’ont pas nécessairement les mêmes intentions, les mêmes désirent que les révolutionnaires bruxellois. Nous pouvons peut-être y trouver l’origine des rancœurs qui éclateront à partir de février 1848 tant à Arlon qu’à Virton. Le duché a ses spécificités. Partie intégrante des Pays-Bas méridionaux avant 1794, il en est géographiquement isolé. La principauté de Liège, évêché indépendant, empêche toute continuité territoriale. L’Ardenne, territoire boisé et vallonné, peu peuplé, est un obstacle géographique bien plus redoutable. C’est une contrée difficile à franchir. Il faut attendre le 18e siècle pour qu’une chaussée moderne soit construite entre Namur et Luxembourg. Lors des hivers rigoureux, Luxembourg est isolé de Bruxelles. Durant la période autrichienne, une filiale du séminaire de Louvain s’installe à Luxembourg, de même qu’un conseil souverain. Le gouvernement dédouble les institutions pour désenclaver le duché [xiii].

Depuis quinze ans, le duché a un statut juridique des plus particuliers. L’acte général du congrès de Vienne [6] en a fait un état à part entière membre de la Confédération germanique. Guillaume Ier, fils du dernier stathouder des Provinces-Unies est roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. Les deux pays sont donc liés par une « union personnelle. » Le duché aurait donc dû avoir ses propres institutions. Il n’en est rien. L’acte fédératif de l’Allemagne n’y est pas officiellement publié. L’article premier de la loi fondamentale, publiée le 24 août 1815 au journal officiel du Grand-duché de Luxembourg, décréta que le grand-duché « placé sous la même souveraineté que le Royaume des Pays-Bas, sera régit par la même loi fondamentale, sauf ses relations avec la Confédération germanique. » Le rattachement du Luxembourg à ladite confédération ne s’est pas fait sur une base linguistique, car le duché englobe des populations alémanique et francophone. C’est une histoire de géostratégie : par suite de la réorganisation de l’Europe en 1815, la place forte de Luxembourg devient un rempart contre la France. Les grandes puissances n’ayant aucune confiance dans les capacités militaires luxembourgeoises, d’autorité, elles ont incorporé le duché dans une confédération de trente-neuf états. Mais, il faudra attendre 1826 pour que la forteresse de Luxembourg, occupée par une garnison prussienne, soit remise aux mains de la confédération. Guillaume Ier se comporte comme s’il s’agissait d’une simple « province belge » du Royaume des Pays-Bas. La Confédération ne proteste pas de la violation des traités, le peuple luxembourgeois qui n’a jamais été associé aux discussions ne réagit pas. [xiv]

À la mi-novembre [7], l’Assemblée nationale belge proclame l’indépendance du pays. Quatre jours plus tard, elle décrète « que la forme du gouvernement serait la monarchie représentative et héréditaire. [xv] » Le nouvel état doit se choisir un Roi. Saine précaution, les membres de la famille Orange-Nassau sont exclus perpétuellement de tout pouvoir en Belgique [xvi].

La suspension d’armes est prolongée et prend un caractère illimité. Les gouvernements belge et hollandais la ratifient. Des négociations devront permettre d’aboutir à un véritable armistice. Le 20 décembre, la conférence de Londres dissous le Royaume des Pays-Bas et déclare qu’elle « concerterait les mesures les plus propres à combiner l’indépendance future de la Belgique avec les stipulations des traités, les intérêts et la sécurité des autres puissances, et la conservation de l’équilibre européen. [xvii] » Le ton est donné, la Belgique n’est pas totalement maître de son destin. Le gouvernement provisoire accepte les conditions sous réserve. Guillaume Ier proteste. La conférence présente un premier projet [8] dans lequel le Luxembourg et la rive gauche de l’Escaut ne sont pas belges. La réaction est unanime des deux côtés : le congrès belge et Guillaume Ier protestent [xviii].

Entre-temps, Guillaume Ier s’est souvenu qu’il est souverain de deux états : le 31 décembre, il déclare qu’il y aura à l’avenir une administration séparée pour le Grand-Duché. Vaine parole, il ne peut appliquer sa réforme qu’à la ville de Luxembourg, car l’entièreté du duché est contrôlée par le gouvernement belge. Situation étrange où il y a deux gouverneurs : le premier, au nom du roi grand-duc, maître de la citadelle et ville de Luxembourg ; le second, au nom de la Belgique, à Arlon siège provisoire [9] du gouvernement provincial et quartier général du commandement militaire de la province [xix].

Guillaume Ier joue un jeu dangereux : il réclame en sa qualité de grand-duc de Luxembourg, le secours de la diète germanique pour réprimer l’insurrection éclatée dans le Grand-Duché. Fort heureusement, la diète, « avant de prendre les mesures qui sont de sa compétence », s’adresse par l’intermédiaire des plénipotentiaires d’Autriche et de Prusse à la Conférence de Londres [xx].

L’année 1831 sera celle de tous les dangers. Les Hollandais n’admettent pas leur défaite. En 1830, ils étaient privés de leurs régiments d’élite envoyés en Indonésie : ils les rapatrient. Dans les premiers du mois de février, l’assemblée choisit un roi : le duc de Nemours. Le pays se dote d’une constitution. Mais, Louis Philippe refuse l’offre [xxi].

Trouver un souverain, accepté tant par les Belges que par les gouvernements voisins est bien plus difficile que prévu. Néanmoins, le nouvel état ne peut indéfiniment être géré par un gouvernement provisoire. Le 24 février, le baron Érasme Louis Surlet de Chokier [10] est nommé Régent et forme un gouvernement [xxii].

La conférence de Londres donne l’apparence d’infléchir sa position sur le duché de Luxembourg : elle n’exclut plus la possibilité de l’intégrer à la Belgique [11]. Le 4 juin, le prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg Gotha est proclamé roi des Belges. Le 26 du même mois, la conférence arrête le traité des XVIII articles plus favorables aux Belges. Néanmoins, le problème des territoires contestés n’est pas résolu et le Luxembourg devra faire l’objet d’une négociation séparée. De fait, le gouvernement de Bruxelles administre le duché de Luxembourg comme une puissance occupante. [xxiii]

Le prince Léopold accepte le trône de Belgique. Il affirme immédiatement son autorité : il attendra l’approbation du traité de Londres par le congrès avant de se rendre à Bruxelles. Le 9 juillet, après des débats houleux, le parlement adopte ledit traité. Le 16, Léopold débarque à Calais ; le 17, il entre en Belgique ; le 19, il arrive dans sa nouvelle demeure à Laeken [xxiv].

Le 21 juillet, le prince, d’une voie ferme, « jure d’observer la constitution et les lois du peuple belge, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire. [xxv] » Léopold Ier devient le premier Roi des Belges [12].

Guillaume Ier proteste. Les Hollandais considèrent l’inauguration du roi Léopold Ier comme une véritable insulte plus insupportable que leur défaite de 1830. À leurs yeux, les Belges ne sont qu’un rassemblement de rebelles qu’ils doivent réduire sans ménagement. De son côté, la Belgique n’essaie pas d’apaiser les passions. Le gouvernement convoque [13] les collèges électoraux des neuf provinces y compris les électeurs de Luxembourg et de Maëstricht, affirmant sa volonté de maintenir « l’unité territoriale. » [xxvi]

Léopold Ier « visite son pays », il est acclamé par une population qui ne perçoit pas son inquiétude. Le roi a reçu des informations alarmistes de Hollande où Guillaume Ier a rejoint Breda pour se mettre à la tête de son armée. Le roi comprend qu’une guerre est inévitable et en informe son ministre de la Guerre le 1er août [xxvii].

Le 2, l’armée hollandaise envahit la Belgique. Le Roi est à Liège avec une partie de son gouvernement. Pour lui, l’armée n’est pas apte à se défendre seule. Il convainc rapidement les ministres présents qu’il faut demander des secours. Deux estafettes partent de Liège pour Londres et Paris, porteur de lettres adressées à Louis-Philippe et aux lors Grey, Palmerston et Durham, « pour réclamer, sous la foi des traités, l’intervention armée qui devait assurer la défense et l’inviolabilité du sol belge. » Dans la précipitation, ils oublient l’article 121 de la nouvelle constitution qui interdit l’entrée en Belgique d’une armée étrangère sans l’autorisation de la Chambre. Le 3, à quatre heures du matin, le Roi est de retour à Bruxelles. Dans la journée, les Hollandais s’emparent de Turnhout [xxviii].

Le 4 août, après avoir reçu monsieur Le Hon en qualité de ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire du roi des Belges, Louis-Philippe décide d’intervenir en Belgique. Ses fils les ducs d’Orléans et de Nemours se mettront à la tête d’une armée de 50.000 hommes qui se réunit à Lille et Givet. Le roi Léopold Ier se porte sur Malines pour s’opposer à l’invasion du Limbourg. Le 5, Diest tombe. La lenteur et l’indécision hollandaise font croire à une partie des ministres et de l’état-major que l’intervention française est inutile. Le Roi y renonce momentanément et en informe le général Belliard [xxix].

L’armée belge mal organisée est lourdement battue et recule. Bruxelles est menacée. Le Roi renouvelle son appel à l’aide. Le 11 août, trois colonnes françaises pénètrent en Belgique. La première se dirige sur Namur, la seconde sur Bruxelles et la troisième sur Tournais. Les ducs d’Orléans et de Nemours, et une brigade de cavalerie formant une avant-garde entrent le jour même à Bruxelles. Le 13, une convention est signée entre le général Belliard et le prince d’Orange. L’armée hollandaise se retire non s’en commettre quelques dévastations. Le 23, la conférence de Londres arrête les conditions de suspension d’armes de six semaines. Sans encourager ses inspirations belliqueuses, dans leur ensemble, les quatre grandes puissances du « Nord » soutiennent les Hollandais. La France et son ambassadeur le prince de Talleyrand défendent fermement la nation belge, mais uniquement pour empêcher une guerre européenne, peu importe si la Flandre hollandaise, le Limbourg et le Luxembourg font ou non, partie du nouvel État. Le 31, l’armée française repasse la frontière [xxx].

Le 10 octobre, la suspension est prolongée. Le 15, la conférence arrête les conditions de séparation de la Belgique et la Hollande. Le traité des XXIV articles est une déception pour les Belges qui paient le prix de la défaite. Le duché de Luxembourg est victime d’un troisième démembrement : sa partie occidentale de langue romane, « quartier wallon », deviendra la province belge de Luxembourg ; sa partie orientale de langue germanophone, « quartier allemand » restera possession personnelle de Guillaume Ier et prendra le nom de Grand-Duché de Luxembourg. Petite consolation, le gouvernement belge parvient à détacher Arlon et la route de Longwy de la partie allemande du grand-duché. L’article 2 du traité stipule qu’« à partir de la frontière de la France entre Rodange, qui restera au Grand-duché de Luxembourg, et Athus, qui appartiendra à la Belgique, il sera tiré [...] une ligne qui, laissant à la Belgique la route d’Arlon avec sa banlieue et la route d’Arlon à Bastogne, passera entre Messancy, qui sera sur le territoire belge, et Clemency, qui restera au Grand-duché de Luxembourg, pour aboutir à Steinfort, lequel endroit restera également au Grand-Duché. » [xxxi]

La cour et le cabinet de La Haye désapprouvent ce traité : c’est un obstacle à la paix, car il lèse les droits de hollandais. Par l’intermédiaire de son gouvernement, Guillaume Ier proteste auprès de la conférence notamment contre « la participation des Belges à la navigation des eaux intermédiaires entre l’Escaut et le Rhin. » Il réclame la possession des deux rives de la Meuse et l’entièreté du Grand-duché de Luxembourg [xxxii]. Le refus hollandais est une sérieuse menace contre la paix, cela inquiète les cours européennes. Le 24 février 1832, le comte Orloff au nom du Tzar rencontre Guillaume Ier qui se montre inflexible, il n’entend pas se faire ravir le Duché possession lui appartenant en propre et non-partie du Royaume des Pays-Bas. En conséquence, la Russie « reconnaît comme juste et nécessaire que la Belgique reste dans la jouissance actuelle des avantages qui résultent pour elle desdits articles, et nommément de celui qui stipule sa neutralité, déjà reconnue en principe par le roi des Pays-Bas lui-même. » Moyennant quelques réserves, les plénipotentiaires d’Autriche, de Prusse et de Russe ratifient le traité [xxxiii].

Huit années seront nécessaires pour résoudre la « question luxembourgeoise », « véritable casse-tête diplomatique [xxxiv] » et les autres litiges, à savoir le partage du Limbourg, la navigation de l’Escaut et de la Meuse, l’écoulement des eaux des Flandres, les communications avec l’Allemagne et le partage de la dette commune. Guillaume Ier ignore le traité et ne respecte pas l’armistice. Au mois d’avril [14], les chambres belges sont indignées par un grave incident : monsieur Thorn, sénateur et gouverneur belge du Luxembourg, est enlevé dans sa maison de campagne à Schoenfeltz par un parti orangiste qui le livre à la gendarmerie hollandaise. Il est emprisonné à Luxembourg [xxxv].

Les Hollandais maintiennent l’état de guerre et entreprennent des travaux de fortification à la citadelle d’Anvers. Cette attitude les prive du soutien de l’Angleterre qui ordonne l’embargo [15] des navires hollandais dans les ports de la Couronne et interdit aux navires anglais de se rendre en Hollande. La France et l’Angleterre signent [16] une convention pour l’évacuation de ladite citadelle et des forts en dépendant. L’Autriche, la Prusse et la Russie désapprouvent le projet, refusent d’y participer, mais se contentent d’envoyer un corps d’observateurs sur la Meuse. Le 15 novembre, l’armée française intervient pour la seconde fois en Belgique. Le 30, les Français arrivent à Anvers et somment le général Chassé de se rendre. Le 1er décembre, l’artillerie commence à pilonner la citadelle. Les tranchées d’attaque sont ouvertes en vue d’atteindre les murailles et de les saper. Le 23 décembre, des parlementaires sortent de la citadelle pour capituler. Leur situation est catastrophique, les murs menacent de s’écrouler d’un moment à l’autre. Le 24, la capitulation du général Chassé est acceptée. Les hostilités sont suspendues en attendant la réaction de Guillaume Ier. Le 27, il approuve les clauses de la capitulation, mais refuse de restituer Lillo et Liefkenshoek jusqu’à la conclusion d’un traité définitif. De par ce refus, le gouvernement belge ne doit pas évacuer la partie hollandaise du Limbourg et du Luxembourg et ne doit pas payer provisoirement sa quote-part dans la dette hollandaise [xxxvi].

Fin décembre, le député Gendebien dépose sur le bureau de la chambre des représentants, une proposition. À la séance du 29, il explique qu’ayant eu l’intention de proposer de voter des remerciements à l’armée française, plusieurs collèges députés lui suggérèrent « l’idée de demander le nivellement du tertre de Waterloo et d’offrir à l’armée française le lion placé à son sommet. [xxxvii] » Dans son discours, il demande « de faire disparaître l’emblème de la violence qui nous a assujettis » et propose d’élever un monument funéraire à la mémoire des nombreuses victimes qui ont succombé sur le champ de carnage de Waterloo. [xxxviii] » Ledit « Lion de Waterloo » avait été érigé par les Hollandais entre le chemin creux de la Croix et celui des Vertes Bornes où se déroula la grande charge de la cavalerie française. Le chef d’escadron Jean-Joseph Saint-Mard, oncle de Louis, y avait été blessé [17]. Les armées anglaises, prussiennes assistées par des troupes hollandaises et belges avaient gagné cette bataille décisive. L’armée française comprenant des combattants wallons avait été mise en déroute.

Le député luxembourgeois Nothomb est d’un tout autre avis, car « il faut d’ailleurs respecter l’Angleterre » qui « a été le rempart des révolutions de juillet et de septembre. » Il demande que l’on vote des remerciements pour les deux nations. Son point de vue est très diplomatique et respectable. Dans son discours, il affirme que « si à Waterloo, les vaincus eussent été les vainqueurs, Bruxelles serait chef-lieu d’un département français. [xxxix] » Cela n’aurait pas nécessairement déplu au Virtonais comme nous l’avons vu en 1830 et nous le verrons en 1848.

La partie controversée de la proposition fut rejetée. Le Lion continua à dominer le champ de bataille. La nation belge adressa des remerciements à l’armée française. Les pourparlers avec Guillaume Ier continuent, mais s’enlisent. Il ne se passe plus rien. Un long statu quo s’installe.

Une vie à Dampicourt

Été 1835, Louis est un jeune homme de 29 ans. Il est en âge de fonder une famille, mais l’occasion ne semble pas encore s’être présentée. Il n’a peut-être pas le caractère « un peu frondeur » de ses deux frères de Velosnes qui ont engrossé leur fiancée pour pouvoir mieux les épouser.

Anne Marie Simon, leur maman, ne leur en a point voulu et leur a donné à titre de dots, une somme de 2.350 francs. En contrepartie, Jean-Baptiste et son frère Louis reçoivent des terres et prairies à Dampicourt. Le vendredi 14 août 1835, l’acte de donation est rédigé par maître Lambinet, notaire à Virton. Les dots et la donation ne devront pas être rapportées à sa succession [xl].

1836 [18] : la Belgique se dote d’une nouvelle loi communale. Le suffrage étant censitaire, quelques citoyens élisent le conseil communal [19]. « Le Roi choisit dans son sein le bourgmestre et les échevins. » [xli] Nous en reparlerons plus tard. Le problème luxembourgeois n’est pas réglé, mais la Belgique fait comme s’il l’était.

Un mois avant leur union, par-devant Maître Joseph Édouard Marson, Louis et Anne-Agathe signent un contrat de mariage [xlii]. Conformément au Code civil, il y aura communauté de biens entre les futurs époux. Jean Baptiste Guillaume, père de l’épouse, fait donation entre vifs irrévocables aux futurs époux d’une portion de son jardin, situé derrière sa maison.

Le fiancé n’est pas démuni. Certes, il n’est propriétaire que de 1 hectare 64 ares [20] de terres et prés, mais un jour, il héritera du quart de la ferme familiale. Entre-temps, les futurs époux travailleront comme « manœuvre » pour leur parent, le temps qu’ils deviennent autonomes.

Les fiancées se font donation mutuelle et entre vifs, au profit du survivant de la propriété pleine et entière de tous les meubles et effets mobiliers leur appartenant. Si de leur union naît des enfants « le survivant jouira de la moitié seulement des biens de toute nature délaissés par le prédécédé, le tout cependant sans déroger aux dispositions du Code civil, qui attribuent au survivant des père et mère la jouissance des biens de leurs enfants, jusqu’à l’époque, où ceux-ci auront accompli leur dix-huitième année. »

Mardi 25 octobre [21], huit heures du matin, les fiancés comparaissent par-devant l’officier de l’état civil. Aucune opposition ne lui ayant été signifiée, le bourgmestre [22] demande « au futur époux et à la future épouse, s’ils veulent se prendre pour mari et femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement [23] », il les déclare unis par le Mariage.

Cette union est loin d’être anodine. Anne Agathe Guillaume est issue de la descendance de François St Mard et Anne Thiry. Elle est la petite-fille de Jean-Baptiste Guillaume époux d’Anne St Mard. Louis St Mard et Anne Agathe ont donc pour ancêtre commun Pierre St Mard l’aîné et Mairie Maillet, bourgeois de Buzenol au 17e siècle. Lors de son arrivée à Dampicourt, Jean-Baptiste St Mard père connaît inévitablement les liens généalogiques le liant à Philippe St Mard, le père d’Anne St Mard. En connaissance de cause, les époux se sont « choisis » dans leur milieu social. Il se dégage une symbolique du mariage, la nouvelle branche St Mard de Dampicourt s’allie à l’ancienne dont il n’existe plus de représentant patronymique.

Le premier enfant du couple ne tardera pas à venir, Jean-Baptiste voit le jour le jeudi 14 septembre 1837 à cinq heures du soir en la maison de ses parents à Dampicourt. Trois heures plus tard, Louis, accompagné de Ferdinand Vivinus [24] et Henry François [25], déclare ladite naissance.

Mars 1838 [26], le représentant de Guillaume Ier à la conférence de Londres déclare qu’il a reçu l’ordre de son roi de signer le traité des vingt-quatre articles, mais la Belgique considère que la ratification pure et simple dudit traité est devenue impossible. Deux jours après cette annonce, la garnison prussienne de la forteresse de Luxembourg se rend dans le village de Strassen pour y couper un arbre de la liberté garni d’un drapeau belge. Les habitants fêtaient l’élection de leur bourgmestre. Le 16, l’événement est connu à Bruxelles. De nombreuses pétitions réclament l’intégrité du territoire. Cet incident sérieux et inquiétant a « le mérite de provoquer la reprise immédiate des négociations et des conférences de Londres. [xliii] » En octobre, les plénipotentiaires Prusse et Autrichien déclarent que les puissances doivent mettre un terme au statu quo territorial établi par la convention du 21 mai 1833. L’Angleterre menace la Belgique : si elle fait échouer la négociation, le gouvernement britannique ne pourra s’opposer à ce que la confédération germanique ou le roi des Pays-Bas ne mettent fin à la trêve. Léopold Ier, dans un discours prononcé devant les chambres réunies [27], affirme que « le temps a consolidé entre nous et nos compatriotes du Limbourg et du Luxembourg des liens tellement intimes qu’on ne pourrait les rompre sans méconnaître ce qu’il y a de plus sacré dans le droit des gens… [xliv] » La Belgique se berce dans l’illusion qu’elle pourra conserver les territoires contestés au moyen d’une large contribution financière au profit de la Hollande en grande difficulté. Elle croit au soutien inconditionnel de la France de Louis-Philippe. Mais il n’en est rien. Louis-Philippe est pragmatique : la Belgique ne peut défendre militairement lesdits territoires. De plus, il refuse d’être entraîné dans une nouvelle guerre [xlv].

Le gouvernement belge négocie, fait des propositions, mais n’essuie que des refus. La Belgique doit se soumettre « à l’ultimatum de l’Europe » ou prendre le risque d’une guerre avec la Confédération germanique. Le cabinet de Bruxelles cède et réunit les chambres le 19 février 1839. Le député luxembourgeois Berger s’indigne : « Messieurs, par le fatal traité de séparation, on ravit au Luxembourg son indépendance et sa nationalité, on détruit sa richesse territoriale, on ruine ses industries, après cela, on devrait au moins respecter le seul bien qui lui reste, et ne pas méconnaître son patriotisme et son attachement pour la Belgique, même ingrate. [xlvi]» Nothomb déclare que deux grandes nations ont abandonné la Belgique qui n’est point humiliée et déshonorée. Néanmoins, le 19 et 21 mars, la Chambre puis le Sénat autorisent le Roi à signer le traité de paix entre la Belgique et la Hollande. Le 4 avril, la loi est promulguée [xlvii].

Résigné, Guillaume Ier a accepté le démembrement du Grand-Duché. Réuni à Londres, le 18 avril 1839, un traité de partage fixe la frontière entre les deux états. « Les Luxembourgeois protestent avec vigueur. » « L’intégrité territoriale du Luxembourg est sacrifiée sur l’autel de l’intérêt général de l’Europe et des intérêts particuliers des États voisins. [xlviii]» Le 19, le traité de paix est signé. Il est ratifié le 26 à La Haye et le 28 à Bruxelles. Immédiatement, quatre commissions se réunissent notamment pour tracer les limites des états. [xlix]

La frontière qui se dessine n’est pas une simple limite entre deux états : c’est un obstacle interrompant les relations commerciales entre les habitants des deux contrées [l]. « Dans le pays d’Arlon, les familles sont séparées par une frontière dont elles ne comprennent pas le sens. [li] » D’autres habitants du duché de Luxembourg avaient déjà connu ce triste sort en 1659 après les conquêtes françaises légalisées par le traité des Pyrénées [28]. Situation absurde où de jeunes citoyens nés français, devenus hollandais en 1815, Belges en 1830, deviennent luxembourgeois en 1839 [lii]. Une partie de l’élite luxembourgeoise émigre en Belgique, car cette dernière les considère comme belges [liii].

Début octobre 1839 [29], Louis est papa pour la seconde fois. Son épouse, âgée de 29 ans, accouche à dix heures du soir d’un garçon qu’ils prénomment Joseph Alphonse. Le 28 du même mois, Louis achète la « moitié d’un pré, contenant environ 33 ares, situé à la Nau, ban de Dampicourt, tenant au chemin, du midi et aux aboutissants, du nord, se contre échangeant avec Joseph Lahaye. [liv] » Cette modeste acquisition ne fait pas de lui un grand cultivateur, mais cela viendra.

Anne Julie Virginie, troisième enfant du couple, entre dans la famille le mercredi 22 septembre 1841. Elle est née en début de soirée [30]. À cette époque, Louis et Anne Agathe sont propriétaire d’un hectare quatre-vingts ares de terres et prés. La majorité des journaliers et quelques cultivateurs ont moins de biens qu’eux. Néanmoins, cela me paraît fort peu pour faire vivre décemment lorsqu’on est issu de familles de cultivateur aisé. La pauvreté n’est pas leur quotidien.

Si en 1837, Louis est présenté comme cultivateur dans l’acte de naissance de son premier fils Jean-Baptiste, il est qualifié de manœuvre en 1839 et 1841 lors de la naissance de Joseph Alphonse et Anne Julie Virginie. Incontestablement, il ne peut pas être son propre patron. Il continue probablement d’exploiter la ferme familiale avec son frère et sa mère vieillissante.

Une variante du scénario peut être envisagée. Louis prend « à ferme » les 4 hectares de l’exploitation lui revenant après la mort de sa mère et lui paie un loyer. Il exploiterait donc un domaine de six hectares largement suffisant pour démarrer dans la vie. Il n’y a aucun acte permettant d’accréditer cette idée. Le « bail » serait verbal. Louis étant tenu par des liens et obligations de famille, l’écrit est superflu.

Entre 1842 et 1846, deux achats et un échange augmentent modestement la taille du domaine à deux hectares 94 ares [lv]. En 1844, la nouvelle administration belge actualise le cadastre. Le bulletin de propriété n° 345 de monsieur Louis Saint-Mard comporte quelques erreurs [lvi]. Une terre labourable d’un hectare 71 ares lui est attribuée, mais elle appartient à ses parents. Une seconde anomalie apparaît après analyse de deux extraits de la matrice cadastrale annexés à la déclaration de succession d’Anne Agathe Guillaume en 1863. Si nous tenons compte dudit bulletin de 1844, nous devons réévaluer le patrimoine d’une superficie de 93 ares et 27 centiares. En 1863, nous constaterons une surestimation d’un même ordre de grandeur. En « ignorant » le bulletin de 1844, nous n’avons donc plus qu’une différence de cinquante-sept centiares, une broutille. Détail important, le couple est propriétaire d’une maison ayant une emprise d’un are cinquante centiares.

La Gaume est moins d’être un pays plat. C’est une région de collines traversée par trois côtes. Dampicourt est construit en fond de vallée au pied de la cuesta bajocienne. Excepté les prés humides entre le village et le hameau de Rouvroy où sont inhumés les comtes d’Harnoncourt, le paysage est pentu. Néanmoins, le labour est l’activité agricole principale. Quatre-vingt-huit pour cent des biens repris dans ledit bulletin n° 345 sont des terres et onze pour cent des prairies.

Après une « pause » de quatre ans, la famille s’agrandit. Jean-Baptiste Auguste, quatrième enfant du couple, naît le mardi 11 février 1845. Il n’arrive pas sous les meilleurs auspices. L’hiver est rigoureux ; il neige de grande quantité en Lorraine. L’été est humide et frais. 197 jours de pluie et trente de neige sont recensés cette année-là. La récolte de raisin est mauvaise et le vin médiocre. Le blé manque [lvii].

L’été 1846 est très chaud et sec. C’est une année de disette, les épis sont vides et ne permettent pas de reconstituer les réserves alimentaires. Les viticulteurs produisent peu de vin, mais d’une qualité supérieure [lviii]. Début septembre [lix], Anne Marie Simon organise la transmission de la maison familiale à son second fils. Joseph et Jean-François habitent Velosnes ; Louis s’est marié et a sa propre demeure bâtie au village de Dampicourt. Elle comprend un corps de logis ayant deux pièces basses, deux hautes, cave et grenier, d’une écurie, remises et grenier, et d’une cour et un jardin. L’emprise au sol du bâtiment est d’un are et demi, la superficie du jardin de 6 ares [lx].

Jean-Baptiste dans quelques jours fêtera son quarante-sixième anniversaire. Il est peu probable qu’il se marie un jour et encore moins qu’il fonde une famille. Il est resté auprès de sa mère et gère pour elle l’exploitation familiale. Depuis le décès de leur père, chacun de ses quatre frères est propriétaire d’un quart de la moitié de la nue-propriété de la maison. Anne Marie est propriétaire de la moitié du bien et jouit de l’autre moitié. Elle va organiser un système d’échange et compensation financière complexe pour faire de Jean-Baptiste l’unique propriétaire de la maison de la rue de Mathon. En sera exclu, la moitié du jardin, joignant la grande route, au couchant. Au terme de cet accord, qui ne semble avoir posé aucun problème, la ferme est propriété d’une seule personne.

L’après-midi du 3 octobre [31], Jean François décède prématurément à Velosnes. Il est âgé de quarante-trois ans et laisse derrière lui une veuve, âgée de quarante-sept ans et cinq enfants mineurs. Rapidement les funérailles s’organisent. La famille de Dampicourt s’y rend. Anne Marie, quatre-vingts printemps, vit le troisième drame de sa vie. Après l’exil et la mort de son mari en 1816, elle enterre son troisième fils.

Louis et Jean-Baptiste ont attelé leurs meilleures charrettes. Ils prennent le chemin de Rouvroy, Harnoncourt, Lamorteau passant derrière la maison Franque qui aurait dû accueillir Louis XVI nous dit la légende populaire. Entre Lamorteau et Torgny, depuis le chemin dominant la vallée de la Chiers, Anne Marie aperçoit la colline sur laquelle est bâti Velosnes. Elle y a vécu trop d’années d’exil après le décès de son époux. En contrebas de Torgny, elle aperçoit déjà la douane et le pont sur la Chiers, frontière entre les deux pays.

Torgny traversé, la douane franchie, une dernière montée, les voilà arrivés.

Une messe est dite en l’église de la nativité construite au milieu du village, mitoyenne à un bâtiment privé et n’ayant jamais été entourée d’un cimetière. Il faut sortir du village pour rejoindre ledit cimetière construit en 1828 [32].

L’été suivant [33], Anne Marie s’éteint. Louis et Joseph accueillent leurs frère, belles-sœurs, neveux et nièces de Velosnes pour lui rendre un dernier hommage. Comme c’est la coutume, son corps repose sur son lit comme si elle dormait. Deux de ses petits-enfants [34] s’y recueillent sans savoir qu’un jour ils seront mari et femme, et maîtres de cette ferme.

Marie Joséphine, cinquième enfant de Louis, naît l’automne venu [35]. Les héritiers Saint-Mard prennent leur temps pour régler les détails de la succession de leur mère. Maître Lambinet de Virton est chargé de procéder au partage des biens. L’acte [lxi] est signé à la mi-décembre. Louis hérite de 3 hectares 11 ares de terres et 33 ares de prairies [36], portant la taille de son domaine à 6 hectares 96 ares [37], faisant de lui un « moyen » cultivateur.

La déclaration de la succession auprès de l’administration de l’enregistrement et des domaines est faite le 28 janvier 1848, presque cinq mois après son décès [lxii].

Une fois de plus, la France est secouée par une tourmente révolutionnaire. Février, à Paris, un gouvernement provisoire proclame la République. L’écrivain Lamartine en fait partie. Depuis 1831, la prospérité du Royaume de Belgique croit de manière constante, de nombreuses réformes sont adoptées, de nouvelles institutions se mettent en place. Néanmoins, de nombreux problèmes ne sont pas résolus : l’extrémité de la province de Luxembourg s’agite. Mais l’historiographie belge n’a retenu que les incidents à Risquons-Tout et Mouscron provoqués par des ouvriers belges expulsés des ateliers parisiens [lxiii].

De deux manières fort différentes, les sud luxembourgeois expriment leur désamour de la Belgique. C’est un véritable divorce.

L’indépendance de la Belgique en 1830 et le démembrement du duché de Luxembourg en 1839 ont profondément bouleversé les échanges commerciaux dans le sud du pays. Des droits de douane ont été établis limitant les relations avec les villes françaises de Thionville, Montmédy, Sedan et Charleville, et Trêves en Allemagne. Arlon et Virton ne bénéficient pas du décollage économique de la Belgique [lxiv].

Fin du mois de février 1848, les Arlonais s’agitent dans les cabarets et les salles de réunions, entamant des chants républicains. Chef-lieu de la province, la ville est loin d’être belge : la population y parle un dialecte germanique, celui qui de l’autre côté de la frontière qui allait devenir une langue nationale. Le 25 mars, le Gouverneur Smits, natif d’Anvers, s’inquiète auprès du ministre de l’Intérieur Charles Rogier d’une bien étrange affaire : les habitants d’Arlon et de différents villages de la province « effacent » la frontière belgo-luxembourgeoise [lxv].

Les notables envoient à Bruxelles une pétition demandant une réforme budgétaire et parlementaire. Le peuple manifeste du 17 au 20 mars, se heurtant à la garde urbaine. Plusieurs émeutiers sont arrêtés. Le gouverneur quitte la ville et se replie sur Martellange. Le ministre de la Guerre lui envoie une section d’artillerie et 300 fantassins pour rétablir l’ordre [lxvi].

La Gaume ne regarde pas du même côté que le pays d’Arlon : il rêve d’être rattaché à sa voisine la France. Le 19 mars, les Virtonais et les habitants de différents villages voisins manifestent contre le gouvernement belge et le roi. Des jeunes Virtonais se réunissent au Café Dumonceau. Gagnés par les idées républicaines, ils décident de hisser le drapeau rouge français sur le toit de l’église. Vers 8 ou 9 heures du soir, la petite troupe [38], constatant que la porte de ladite église est fermée, veut la défoncer à coup de hache. Le doyen Liffring qui a été averti du début d’émeute arrive derechef avec les clefs qu’il donne à un meneur. Les jeunes montent dans le clocher, le drapeau est accroché. Les cloches sonnent à toute volée. Les cris de « Vive la France, vive la République » retentissent. C’est le signal de l’insurrection. La république est proclamée, un comité révolutionnaire se forme et annonce l’élection des organes de ladite république. Au dire de Félix Marson, la ville est en émeute et en informe le gouverneur. Son autorité n’est plus respectée, ses arrêtés de police sont ignorés, les vitres du palais de justice sont cassées. [lxvii]

La Gaume s’agite. Fantasme : un indicateur du gouverneur Smits lui raconte que cinq cents hommes armés attendraient de l’autre côté de la frontière française en face de Gérouville à douze kilomètres de Virton. Le maire de Virton justifie son inaction en ses termes : « S’il fallait arrêter tous ceux qui crient “Vive la République !”, bientôt tout Virton serait en prison ! » Le gouverneur ne peut tolérer la révolte, il envoie deux cent cinquante soldats pour mater le mouvement. Le 21 mars 1848, le drapeau rouge est décroché par un soldat. Un officier le brûle en le tenant à la pointe de son épée. Les militaires occupent la Grand-Place, la révolution virtonaise est finie. Victor Maréchal, le fils d’un notaire, et Charles Auguste Bon, considéré comme des meneurs sont arrêtés. Six autres personnes [39] sont poursuivies en justices. [lxviii]

Dans l’affaire du Risquon-Tout, il y a eu une condamnation à mort. La justice a été très clémente pour les Arlonais et Virtonais : des peines légères et des non-lieux. Il s’agissait pourtant d’une véritable révolte contre la Belgique. La ville de Virton perdit le Commissariat d’arrondissement et la famille royale la bouda durant de longues années. [lxix]

Louis s’est-il rendu à Virton ? Nous ne le saurons jamais, mais il a dû être très certainement sensible à ce mouvement. Dimanche 31 mars, Marguerite Thérèse Collin, sa belle-mère, décède à quatre heures du matin en la maison qu’elle habite.

L’année 1849 est tout aussi néfaste que la précédente. Le choléra, « infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés [lxx] » sévit dans le canton de Virton [lxxi]. Au 1er janvier, 31 cas en été recensés dont 23 mortels. « Plusieurs cas ont été foudroyants, c’est-à-dire que la durée de la maladie n’a été que de quelques heures. Dans une maison, il y a eu quatre décès ; dans une autre, deux sœurs ont succombé en moins de 24 heures. [lxxii] »

Trois années ont passé, Jean-Baptiste Emmanuel Guillaume rejoint son épouse dans la mort [40]. Les héritiers Guillaume ne tardent pas partager les « biens immeubles sur le territoire de Dampicourt, appartenant pour la plupart de la communauté qui a existé entre défunt Jean-Baptiste-Emmanuel Guillaume et Dame Marguerite Thérèse Collin en leur vivant conjoint, demeurant à Dampicourt et le surplus des propres parents des défunts. » Les quatre héritiers [41] s’étendent bien et se font confiance. Ils ne passent pas par un notaire, un acte sous seing privé répartit les biens en quatre lots égaux en valeur.

Anne Agathe hérite d’un peu plus de trois hectares [42] de terres et prés [lxxiii]. L’exploitation agricole voit sa surface augmenter d’un tiers pour atteindre neuf hectares et demi [43]. Si les biens hérités par chaque époux restent leur propriété, la jouissance en revient à la communauté. Les époux Saint-Mard Guillaume ne dépendent de plus personne.

Il est loin le temps où ils étaient les manouvriers de leurs parents. Ils sont complètement autonomes. Peut-être engagent-ils ponctuellement des journaliers pour les gros travaux des champs. Certes la solidarité familiale doit continuer à jouer, il est plus rentable de s’entre aider et rassembler les différentes familles pour les moissons et fenaisons. Simple question d’organisation aujourd’hui on récolte ton champ, demain le mien.

Les trois derniers enfants du couple naîtront en 1850 et 1853 : Clémence Agathe Clémentine le vendredi 5 avril 1850, les faux jumeaux Marie Virginie et Joseph Alphonse le lundi 27 juin 1853. Les jumeaux ont une santé plus fragile. Joseph décède à l’âge de 3 ans et Marie Virginie à 9 ans. Coïncidence étrange, Joseph Alphonse porte les mêmes prénoms que son frère né en 1839. Pour l’éternité, les jumeaux reposent avec leurs parents dans la même tombe, derrière l’église de Dampicourt dans le « carré » Saint-Mard [44].

Au mois d’août 1851 [lxxiv], Louis achète avec son frère Joseph de Velosnes un are trente centiares de terre vaine. Été 1852 [lxxv], Louis et Agathe d’un côté, et Pierre-Joseph Noël et Marguerite Guillaume, sœur aînée d’Agathe, de l’autre, s’échangent des terres et près. En superficie, Louis reçoit cinq ares [45] de plus qu’il n’en donne. Début octobre [lxxvi] de la même année, le couple achète un hectare de terre permettant d’atteindre la barre symbolique des dix hectares [46].

Une seconde épidémie de choléra sévit en 1854. Virton est la région la plus contaminée de la province de Luxembourg, soixante-quatre cas y sont signalés [lxxvii].

Les époux Saint-Mard ne vont pas se contenter de dix hectares. Entre juin 1856 et octobre 1858 [lxxviii], la communauté va acquérir un hectare seize ares de terre et 61 ares de prairie [47], et vendre « huit ares quarante-trois centiares à prendre dans environ vingt-neuf ares cinquante centiares de terre labourable, situés dessous Cour [48]. » Cultivateur à la tête d’une ferme de douze hectares [49], Louis participe à la vie communale et exerce de manière discontinue un mandat d’échevin entre 1858 et 1875 dont celui premier échevin de 1870 à 1872 [lxxix].

Le premier jour de l’année 1857, un jeudi, à onze heures du soir, Joseph-Alphonse, âgé de trois ans, décède. Il a le triste privilège d’inaugurer le caveau de famille, derrière le cœur de l’église. Au fil des années, plusieurs tombes Saint-Mard s’y rassembleront, comme s’il s’agissait d’une concession familiale.

La même année, Jean-Baptiste, jeune homme de dix-neuf ans, fils aîné de la famille, est inscrit pour la milice nationale. La Belgique tout comme son voisin hollandais a conservé le principe de la conscription hérité de la période française. Il y a une armée de terre et de mer, mais aussi un corps de milice nationale « dont la force sera toujours dans la proportion d’un homme sur cent âmes de la totalité de la population du royaume. [lxxx] » Tout jeune homme âgé de dix-neuf à trente ans peut être engagé volontaire [lxxxi]. Petite disposition sinistre, « les administrations des pauvres et des instituts de bienfaisance sont autorisées à présenter aux administrations communales des volontaires pris parmi les alimentés et ceux élevés dans lesdites institutions. [lxxxii] » S’il manque des hommes après l’enrôlement des volontaires, dans chaque commune un tirage au sort désignera les miliciens [lxxxiii]. Tiré un mauvais numéro et vous voilà loin de chez vous durant huit longues années, en temps de paix, bien entendu [lxxxiv]. Petit moment de frayeur, son nom est le septième à sortir [lxxxv]. Appartenant à la 6e, 7e et 8e classe, Jean-Baptiste reçoit un congé illimité, mais appartient à la réserve [lxxxvi]. Il peut toujours être appelé sous les drapeaux si deux miliciens venaient à défaillir.

Depuis 1830, les communes belges se sont affranchies. « Il y a dans chaque commune un corps communal, composé de conseillers, du bourgmestre et des échevins. [50] » Les conseillers sont élus par les citoyens ; le bourgmestre et les échevins au nombre de deux pour les communes de moins de 20.000 habitants, nommés par le roi « dans le sein du conseil. » [lxxxvii]

« De l’avis conforme de la députation permanente. Dans une commune rurale, le conseil communal ne fournit pas toujours dans sa composition des personnes suffisante pour remplir les fonctions de bourgmestre, soit qu’elles ne veuillent pas accepter ces fonctions, soit qu’elles ne soient pas capables de les remplir. » Dans ce cas-là, elle choisira le bourgmestre en dehors du conseil. Le roi se contentera de ratifier sa décision [lxxxviii]. Fort heureusement Dampicourt n’est pas concerné par cette disposition. Le bourgmestre et ses échevins sont des conseillers.

Pour pouvoir être électeur, il faut être belge de naissance ou par naturalisation, être majeur, avoir son domicile réel dans la commune et verser au trésor de l’État, en contribution directe, le cens électoral [lxxxix]. En 1858, pour ses semblables, la qualité de Belge de Louis ne fait aucun doute. En acceptant le mandat d’échevin, il affirme son appartenance à la communauté dampicourtoise. Il « jure fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge », affirmant sa nationalité belge et peut-être de fait, renonçant à la française.

Afin de ne pas concentrer le pouvoir local entre les mains d’une ou deux familles, le législateur interdit aux conseillers communaux d’« être parents ou allées jusqu’au troisième degré inclusivement. » Mais dans les communes de moins de 1.200 habitants, la prohibition s’arrête au deuxième degré [xc].

La qualité d’échevin amène Louis à exercer des missions de simple police en compagnie du garde champêtre de la commune, savoir Joseph Ricaille. En vertu du règlement provincial fixant l’heure de fermeture des cabarets, le 21 novembre 1858 à dix heures du soir, Louis St Mard et le champêtre se rendent au cabaret de monsieur Claude Henri pour y constater qu’il n’est point fermé. Six clients s’y trouvent. Mauvaise surprise, il y a son fils Alphonse, âgé de vingt ans, mais toujours mineur aux yeux de la loi. Un procès-verbal est dressé le lendemain. À l’audience du 2 décembre de la même année, le tribunal de simple police de Virton condamne chacun des contrevenants à une amende de deux francs [xci].

Entre 1859 et 1861 [xcii], Louis et Anne Agathe acquièrent un hectare 62 ares de terre et 16 ares de prés [51]. La ferme atteint une superficie de 14 hectares [52], taille maximale du vivant d’Anne Agathe. Six des onze acquisitions antérieures à sa mort ont fait l’objet d’une inscription d’office par le conservateur des hypothèques ; elles ont donc été achetées à crédit [53].

Marie Virginie, sœur jumelle de Joseph-Alphonse, meurt le dimanche 5 octobre 1862. Le samedi 21 novembre 1863, la vie d’Anne Agathe s’arrête à son tour vers vingt heures du soir. Âgée de cinquante-trois ans, nous ne pouvons pas la considérer comme vieille. Sa fille aînée n’a que treize ans. Dans le caveau, elle rejoint son fils et sa fille, faux jumeaux, morts en bas âge.

Veuf, Louis ne se remariera pas. Sa fille aînée, Anne Julie Virginie, joue le rôle de mère de substitution pour ses plus jeunes frères et sœurs. Elle ne se mariera jamais sauf à « Dieu » et deviendra congréganiste de la Très Sainte Vierge. En attendant, la vie doit continuer. Émile Louis Magnette, juge de paix du Canton de Virton, assisté de Jean-Nicolas Hustin, greffier, préside à la constitution d’un conseil de famille [xciii]. Le côté paternel est représenté par Jean-Baptiste Saintmard, âgé de soixante-trois ans, oncle des enfants mineurs ; Alphonse Saintmard, âgé de vingt-quatre ans, frère germain, les deux cultivateurs ; et Jean Joseph Laurent âgé de soixante et un ans, maçon, cousin issu de germain, les trois domiciliés à Dampicourt. Le côté maternel par Jean-Baptiste Saintmard, âgé de vingt-six ans, cultivateur, frère germain ; Pierre Joseph Noël, âgé de soixante et un ans, sans profession, oncle par alliance ; et Joseph Noël, âgé de trente-deux ans, marchand, cousin germain, les trois domiciles à Dampicourt.

Louis se retire, le conseil délibère. Jean-Baptiste Saint-Mard est nommé « subrogé tuteur des dits mineurs à l’effet d’agir et de les représenter dans tous les cas où ils se trouveraient en oppositions d’intérêts avec ceux de leur père tuteur comme aussi pour faire tous acte conservatoires et de procéder, notamment d’assister à toutes opérations d’inventaires. » Maudit acte qui omet de préciser lequel des deux Jean-Baptiste il s’agit.

La succession est déclarée le 20 mai 1864. Y est joint deux matrices cadastrales datées de 1863 : l’une pour Louis, l’autre pour Anne Agathe. Le total des biens repris aux dites matrices est de 14 hectares 18 ares et 50 centiares. L’addition des actes de mutation retrouvés dans les archives donne un total de 14 hectares 19 ares 7,67 centiares, soit une différence peu significative de 57,67 centiares. Le graphique d’évolution de leur patrimoine, repris ci-dessous, peut donc être considéré comme très fiable.

Au jour de son décès, Anne Agathe est propriétaire de 22 % de l’exploitation, Louis de 38 % et leur communauté de 39 % et demi [54]. Le père de Louis, Jean-Baptiste Saint Mard s’était constitué au fil des années un beau domaine. Il n’avait hérité d’aucune terre à Dampicourt et l’héritage de son épouse Anne Marie Simon ne représentait que dix pour cent [55] du domaine. Louis et Agathe s’inscrivent dans un schéma plus classique. Ils vivent dans le village de leurs parents et héritent de leurs terres. S’ils n’acquéraient aucun bien, ils risqueraient de connaître un déclassement social vis-à-vis de leurs parents. Ce qui ne pourrait être envisagé. À quarante-huit ans, ses parents étaient à la tête d’une exploitation de 15 hectares, [56] mais en exil. Louis, cinquante-cinq ans, a un petit retard qu’il va s’atteler à combler. Le statut juridique de la propriété est légèrement modifié : ses enfants sont nu-propriétaire des biens de son épouse, et de la moitié indivise leur échue par la succession de leur dite mère dans les biens acquis par la communauté, mais Louis en conserve la jouissance.

Dans les faits, la situation est un tout petit peu plus complexe, car leur contrat de mariage prévoit que « le survivant jouira de la moitié seulement des biens de toute nature délaissés par le prédécédé, le tout cependant sans déroger aux dispositions du Code civil. [xciv] » Il n’y a pas d’élément permettant de savoir comme Louis et ses enfants ont géré cette disposition.

Début février 1866 [57], Louis marie son premier fils, Jean-Baptiste. Marie-Joseph Saint-Mard, la fiancée, est sa nièce, la fille de son frère Jean François de Velosnes. C’est une union consanguine entre cousins germains. Elle est domiciliée à Dampicourt et vit fort probablement dans la maison de son oncle Jean-Baptiste, frère aîné de Louis. L’époux est âgé de vingt-huit ans, l’épouse de trente-trois ans. Aucun élément ne permet de savoir s’il s’agit d’une union arrangée ou d’amour, mais incontestablement c’est un couple qui fonctionna très bien. Il me paraît certain que le jeune couple s’installe rapidement chez leur oncle Jean-Baptiste âgé de 66 ans. Il se fait vieux, a besoin d’aide et de sécurité pour finir ses jours.

L’été venu [58], Louis hypothèque une partie non négligeable de son patrimoine [59] pour garantir un emprunt [60] souscrit madame Marie Élisabeth Lalangue veuve Cornet [61]. Le bordereau de créance hypothécaire [xcv], dans toute sa sécheresse, ne nous permet pas d’en connaître la raison. De son côté, la veuve Cornet hypothèque sa maison et 68 ares [62] de terre. Les demoiselles Anne Marie et Marie Josèphe Lalangue en font de même [63]. Louis n’aura pas de mauvaise surprise, l’inscription sera radiée en 1872 [64].

La vie dans les campagnes a son folklore. Le tribunal de simple police doit régulièrement prononcer des condamnations pour vagabondage d’animaux ou pour les avoir laisser pâturer dans la parcelle d’autrui. Le six octobre 1866, le garde champêtre Joseph Ricaille, vers neuf heures du matin à lieu-dit La Linière, voit et trouve cinq bêtes à cornes, appartenant à Louis St Mard, dans un champ clos appartenant au Baron de Bonhomme. Cette infraction lui vaudra une amende de quatre francs cinquante centimes [xcvi].

En 1867 et 68 [xcvii], la propriété familiale connaît un dernier accroissement d’un hectare douze ares [65]. La ferme a atteint une superficie respectable de 15 hectares 31 ares [66].

Novembre 1868, Joseph Alphonse, second fils de Louis, épouse Marie Catherine Stasser, la fille d’un maréchal-ferrant. Il s’en est fallu de peu pour rendre cette union impossible. Joseph a tiré le mauvais numéro, le n° 1 lors du tirage de la milice nationale. Mais il est exempté de service « pour hernie inguinale [67] droite. [xcviii] » Cette petite « infirmité » ne le gênera point : il exercera la dure profession de cultivateur et vivra jusqu’à l’âge de 78 ans.

Printemps 1869 [68], au petit village de Montquintin surplombant la vallée du Ton et Dampicourt, la jeune veuve Evraets [69] et ses deux filles dorment tranquillement dans le château, l’ancienne demeure de Monseigneur Jean Nicolas de Hontheim [70], évêque in partibus de Myriophite suffragant de Trêve et seigneur temporel du village. Vers les deux heures du matin, un violent incendie se déclare dans le corps de logis, entre les deux ailes secondaires du bâtiment. Un cri d’alarme « Au feu ! [71] » La propriétaire se réveille. Les flammes menacent les chambres du premier étage. Elle réveille énergiquement sa femme de chambre et s’empare de ses deux enfants à moitié endormis. Elle les sauve, les mets à l’abri dans la cour du château. Elle ne peut sauver aucun bien matériel excepté ses titres et papiers les plus importants.

Le village est menacé. Bâti sur une butte-témoin, le village manque cruellement d’eau. Un « très grand vent E.-S.-E » souffle, il menace de propager le feu dans les jardins plantés de mélèzes et de sapins puis de le propager au village. La dame Evraets organise les secours et fait abattre lesdits arbres entourant le château pour préserver Montinquin. À défaut de pouvoir sauver sa demeure, elle protège le village [72].

Un village menacé, le tocsin a probablement dû sonner pour prévenir les deux villages les plus proches, à savoir Couvreux et Dampicourt, siège de la commune. Le bourgmestre Jean-François Genin ne peut être resté dans son lit. Nuit écourtée, il monte au château, accompagné de quelques volontaires. Au petit matin, le corps de logis est entièrement détruit. Il ne sera jamais reconstruit.

1780, Louis, 64 ans, devient premier échevin [xcix]. C’est une année de crise. Deux monteurs d’ours laissent s’échapper leur animal dans les bois de Meix-devant-Virton, « ces animaux féroces ne manqueront pas de procurer beaucoup d’agrément aux chasseurs du pays » écrit un journaliste dans Le Petit Journal du 11 juillet 1870 [c]. Le 19 juillet, la France déclare la guerre à la Prusse après une longue période de tension entre les deux pays. Le 4 août, l’armée prussienne envahit la France. Les militaires belges cantonnent dans les villages. Bismarck défait Napoléons III. Montmédy est assiégé et bombardé. Les civils français fuyant les combats et villes détruites se réfugient en Belgique. Les soldats français battus franchissent la frontière, mettent bas les armes et se rendent aux autorités belges. Louis s’inquiète. Que vont devenir son frère, ses neveux et nièces à Velosnes ? La guerre se termine rapidement, la France capitule. Velosnes est occupé plusieurs années.

Dans le courant de l’année 1872, Louis cesse d’être le premier échevin de la commune. Son troisième fils, Jean-Baptiste Auguste épouse Marie Françoise André native de Villers-la-Loue. Le 8 février, le couple signe un contrat de mariage par-devant maître Lambinet, notaire à Virton.

Chose étonnante, seuls les fils de Louis et Anne Agathe se sont mariés. Aucune des trois filles en âge de fonder une famille ne l’a fait. Deux d’entre elles sont devenues religieuses.

Si une partie du domaine agricole est très certainement exploité par ses fils, certaines parcelles sont louées. Louis invite Jean Baptiste Barthelemy [73] à comparaître devant le tribunal de paix de Virton à l’audience du vingt-trois février 1872 [ci], pour s’y voir condamner à lui payer la somme de cent francs qu’il lui doit pour location d’une prairie à Sainte Anne, ban de Dampicourt, les intérêts judiciaires de ladite somme et les dépens de l’instance. De mauvaise foi, le défendeur déclare qu’il ne doit rien au sieur Saint-Mard pour avoir sous-loué ladite prairie avec l’intervention du demandeur aux sieurs Raucy et Firtz.

Louis a été averti de cette sous-location, mais en aucun il n’est intervenu dans la convention verbale unissant le défendeur aux dits Raucy et Firtz. Néanmoins, il avait accepté que monsieur Raucy lui paie le prix en location, mais comme caution de l’obligé principal. Le tribunal, jugeant en dernier ressort, se rallie à l’argument de Louis et condamne le sieur Barthelemy.

Printemps 1873 [74], l’aîné des frères Saint-Mard titre sa révérence. Joseph, veuf de Marie Benoît, était cultivateur à Velosnes et habitait une petite maison [75] bicellulaire à l’entrée de la Grand Rue, presque à hauteur du carrefour formé par celle-ci, le chemin de Bazeilles et celui de Villécloye. Le bâtiment, typiquement lorrain, a un aspect modeste. Un petit corps de logis : une porte d’entrée avec un linteau millésimé de 1835 décoré d’une étoile à cinq branches, une fenêtre au rez-de-chaussée ; un étage doté d’une seconde fenêtre donnant sur la rue. L’étable est légèrement plus grande que l’habitation, une simple porte surmontée d’une gerbière pour le passage du fourrage permet d’y rentrer. Il n’y a pas de grande porte donnant accès à une grange. Les premières impressions sont trompeuses : le bâtiment est profond et doté de caves sous le corps de logis [cii]. La grange avec écurie [76] est située un peu plus avant dans le village, de l’autre côté de la rue. En 1865, Joseph était propriétaire de 10 hectares 75 ares [77] de terre labourable, pré et jardin à Velosnes et Dampicourt [ciii]. En effet, il a conservé les biens hérités de ses parents. Il ne les exploite pas, nous n’avons pas la trace de baux très certainement verbaux, mais en toute logique, il en tire un revenu.

Fin de l’hiver 1875 [78], Louis cède à ses enfants plus de la moitié [79] de la superficie de la ferme. « Voulant faciliter à ses enfants susnommés le partage des biens immeubles dépendant de la succession de leur mère, a par ces présentes, fait donation entre vif irrévocable avec dispense de rapport, à ses six enfants [...] acceptant avec reconnaissance, de la moitié à lui appartenant dans les conquêts de la communauté qui a existé entre lui et feu sa dite épouse. [civ] » Au terme de cette donation, si le graphique d’évolution du patrimoine laisse entendre qu’il lui reste 6 hectares 75 ares [80], il se pourrait qu’il ne lui reste plus grand-chose. Après sa mort, nous ne trouvons pas de déclaration de succession. Deuxièmement, le Code civil attribue « au survivant des père et mère la jouissance des biens de leurs enfants, jusqu’à l’époque, où ceux-ci auront accompli leur dix-huitième année. » Depuis bien longtemps, ses enfants sont pleinement propriétaire des biens de leur mère [81].

Âgé de 70 ans, notre bon Louis semble relégué à des tâches moins fatigantes. Par une journée de juillet 1876, le champêtre Noël le découvre gardant une vache dans un champ emblavé en luzerne appartenant à Jean-Baptiste Genin, cultivateur de Dampicourt. Le fait se déroule à lieu-dit Sainte-Anne au pied du plateau de la Ronde-Table. La légende raconte qu’une jeune fille du village de Dampicourt égarée un soir au dit lieu. Se sentant menacée par un soldat qui essayait de la rejoindre, elle invoqua Sainte-Anne et lui promit de construire une chapelle si elle échappait au soudard. Ayant échappé au danger, elle fit ériger ladite chapelle. Détruite vers 1794-96, elle fut reconstruite en 1841 par « une foule de personnes pieuses sous le zèle et l’activité de Pierre Simon [82] » de Dampicourt [cv].

Louis reconnaît les faits et en est quitte pour une amende de trois francs [cvi].

Septembre 1876 [cvii], Louis Saintmard comparaît devant la justice de paix de Virton. Georges Noël, garde champêtre, domicilié à Dampicourt, l’accuse d’avoir dit sur la voie publique en s’adressant à son fils : « Ton père est un gueux il m’a fait un procès-verbal qui n’était pas juste ; il a fait un faux serment. » Il réclame une somme de 100 francs à titre de dédommagement.

Louis Saintmard nie les faits. Georges Noël propose d’en apporter la preuve par témoins, ce qui lui est accordé. Quatre témoins mineurs viennent raconter les faits. Marie-Victorine Themelin, 12 ans ; Léopoldine, 14 ans ; Eugène Stasser, 14 ans ; et Eugène Berg, 14 ans, tous demeurant à Dampicourt, ne prêtent pas serment à cause de leur âge et déposent séparément l’un de l’autre en présence des parties.

« Il résulte de leurs dépositions identiques qu’ils ont entendu le défendeur dire au fils du demandeur : Ton père a fait un faux serment. »

Les propos entendus par différents enfants, étant de nature à nuire au demandeur, le tribunal condamne Louis Saint-Mard à payer au demandeur à titre d’indemnité, la somme de vingt-cinq francs.

Dans les archives des notaires, au détour d’une minute, nous pouvons découvrir des mécanismes de solidarités intergénérationnelles. Dans le cadre de nos cultivateurs aisés, ils ont des biens et des héritiers. Mais ils se font vieux, n’ont plus la force pour labourer leurs terres. Dans quelques années, ils auront peut-être à peine la force de se promener dans village et de contempler le temps qui passe sur le seuil d’une porte d’entrée.

Tout comme sa mère Anne Marie l’avait fait, il organise la cession de sa maison à ses filles Anne-Julie Virginie et Marie-Joséphine pour qu’elle s’occupe de lui jusqu’à la fin de sa vie.

La mutation, reprise dans l’acte de vente du 29 février 1878 [cviii], se fait avec l’accord de ses quatre de ses enfants [83]. Elle porte sur les droits leur dans une maison sise à Dampicourt [84] d’une superficie de 1 are 50 centiares, composés d’un corps de logis ayant deux pièces basses, deux hautes, cave et grenier, d’une écurie, remises et grenier, et d’une cour et un jardin celui-ci d’une superficie d’environ 6 ares, tenant du nord à Pierre Joseph Noël, du couchant à Clémence Saintmard [85] et Stasser Alexandre, du levant audit Noël, du couchant à la voie publique, pour une somme de 2.433 francs [86].

Les demoiselles Saint-Mard pourront « user et disposer des parties d’immeubles vendues à compter de ce jour comme bon leur semblera et comme de chose leur appartenant, mais elles ne pourront en jouir » qu’au décès de leur père Louis St Mard. Incontestablement, nous nous trouvons dans le contexte de l’organisation de la fin de la vie. Les deux sœurs Anne-Julie Virginie et Marie-Joséphine restées célibataires vivent avec leur père et s’occupent de lui. En récompense, elles conserveront la maison au décès de celui-ci.

Jeudi 11 avril 1878, Louis ne se lève pas. Ses filles inquiètes entrent dans sa chambre. Il est neuf heures matin. Elles constatent son décès. Le vieux s’en est allé. Elles préviennent leurs frères. Jean-Baptiste se rend à la mairie pour y déclarer le décès. L’heure mentionnée dans l’acte de décès nous permet d’imaginer cette scène.

De nos jours, sa tombe est toujours visible dans « la concession Saint-Mard » derrière l’église de Dampicourt. En voici l’épitaphe : « A la mémoire de Louis ST. MARD. décédé le 11 avril 1878. âgé de 72 ans et d’ANNE AGATHE GUILLAUME son épouse décédée le 21 novembre 1863, âgée de 53 ans munis des secours de la religion. Hodie mihi cras tibi. Et de leurs enfants Jh Alphonse et Mie Virginie morts en bas âge. Seigneur, donnez à nos bons parents le repos éternel et faites luire sur eux votre lumière. »

Bibliographie

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Notes :

[1] Anne Marie SIMON est née le mardi 20 janvier 1767 dans la paroisse de Montquintin. Elle est la fille légitime de Pierre SIMON, laboureur, âgé de 35 ans et de Hélène COLLIGNON, manœuvre, âgée de 27 ans au moins. À Dampicourt, elle a épousé le mardi 9 août 1796, Jean-Baptiste Saint-Mard, un ancien séminariste. Elle est décédée le lundi 30 août 1847, à l’âge de 80 ans, à Dampicourt.

[2] 1er octobre 1795

[3] Anne Marie Saint Mard est née le lundi 18 juin 1764 à Thonne-les-Prés. Sœur aînée de Jean-Baptiste, le père de Louis, elle a épousé le 3 mars 1789 François Montlibert (1757-1820) de Thonne-la-Long. Elle réside depuis dans ledit village. Elle y décède le 12 novembre 1834.

[4] Le 26 août 1821 à Montmédy.

[5] Joseph Jacob Van Geen (1773-1846) 

Jusqu’en 1814, Van Geen est colonel du 82e de Ligne français. En 1815, il est nommé gouverneur militaire du Brabant et général-major d’une armée de réserve des Pays-Bas. Entre 1824 et 1826, il est en Indonésie, colonie hollandaise. En 1831, il commande la 1re division hollandaise qui envahit la jeune Belgique. (Nicaise, 2010, p. 324-325)

[6] 9 juin 1815

[7] 18 novembre 1830

[8] Conférence de Londres : Protocole du 20 et 27 janvier 1831.

[9] Arrêté du 16 octobre 1830

[10] Président du congrès

[11] Protocole du 21 mai 1831

[12] Le Roi est « Roi des Belges » et non « Roi de Belgique. »

[13] Arrêté royal du 26 juillet pour élire les députés et sénateurs le 29 août 1831.

[14] 16 avril 1832

[15] 6 novembre 1832

[16] 5 octobre 1832

[17] Les deux régiments de carabiniers français ont attaqué les troupes du général anglais Adam derrière la ferme manoir d’Hougoumont, plus ou moins, au croisement des chemins de Plancenois et des Vertes Bornes. (Flanc gauche de la Grande Charge)

[18] Loi communale du 30 mars 1836

[19] Il est requis un cens pour être éligible audit conseil.

[20] 1 h. 64 a. 42 c. reçut de sa mère en 1835

[21] 25 octobre 1836

[22] J. Fr. Vivinus

[23] Formule légale reprise dans les actes de mariage

[24] Ferdinand Vivinus, cultivateur, âgé de 21 ans, domicilié à Dampicourt.

[25] Henry François, cultivateur, âgé de 54 ans, domicilié à Dampicourt.

[26] 14 mars 1838

[27] Le 13 novembre 1838

[28]7 novembre 1659

[29] Lundi 7 octobre 1839

[30] 8 heures du soir

[31] Vers 15 heures.

[32] Cady-Toussaint, 2008, p. 49, 70. L’ancien cimetière est situé au bout de la rue de Morthomme.

[33] 30 août 1847

[34] Jean-Baptiste (1837-1924) fils de Louis (Dampicourt) et Marie Josèphe (1832-1924) fille de Jean François (Velosnes.)

[35] Mardi 19 octobre 1847

[36] 3 h. 11 a. 81,17 de terres et 33 a. 71 de prairies, soit un total de 3 h. 45 a. 52,17

[37] 6 h. 39 a. 63,17

[38] Le cafetier Dumonceau ; le fils du notaire Maréchal, étudiant ; Victor Landroit ; Paul Allard dit Popol, hôtelier ; Jacob dit le frisé, cultivateur ; Jacob dit Bigougne ; les frères Bon, Cabe, Cababa et Auguste ; Alexandre Hubert ; Becker, ferblantier-zingueur (Roger, 1932, p. 88)

[39] Les deux frères Wathelet, le tanneur Thomas, le cultivateur Martin, le marchand Dumonceau et le brasseur Frayon. (Olivier, 1998, Toudi n° 10)

[40] Jeudi 27 mars 1851 à Dampicourt

[41] Marguerite Guillaume, épouse du sieur, Pierre-Joseph Noël, maçon, de lui assistée et autorisée, demeurant à Dampicourt ; Joseph Guillaume, cultivateur, demeurant à Dampicourt ; Agathe Guillaume, épouse de sieur Louis Saint-Mard, aussi cultivateur ; de lui dûment autorisée, demeurant à Dampicourt ; Anne-Virginie Guillaume, majeure ménagère, demeurant à Dampicourt

[42] 2 h. 27 a. 66,5 de terre et 85 a. 08 de prairie soit un total de 3 h. 12 a. 74,5

[43] 9 h. 52 a. 37,67

[44] Dans le vieux cimetière de Dampicourt, derrière le chœur de l’église existe une concentration de tombe Saint-Mard formant une sorte de concession rectangulaire. La tombe de Louis St Mard, Anne-Agathe Guillaume et les jumeaux est la plus ancienne de cette « concession. » La tombe St Mard la plus ancienne dans le cimetière se trouve devant l’église. Il s’agit de la sépulture d’Anne Marie Simon (1767-1847) épouse de Jean-Baptiste St Mard (1767-1816). Son fils célibataire Jean-Baptiste Saint-Mard (1800-1890) y est enterré.

[45] 5 a. 22

[46] Achat de 1 h. 2 a. 25. Superficie totale de l’exploitation = 10 h. 61 a. 14,67

[47] 1 h. 16 a. 75 de terre et 61 a. 40 de prairie

[48] Soucou

[49] 12 h. 39 a. 30,67

[50] Article premier de la loi communale de la Belgique du 30 mars 1836, modifiée par les lois de 1842 et 1848.

[51] 1 h. 62 a. 91 de terre et 16 a. 86 de prairie

[52] Taille de l’exploitation en 1861 = 14 h. 19 a. 7,67

[53] Généralement, paiement en trois termes annuels.

[54] Anne Agathe, 3 h. 12 a. 74,5 (22,04 %) ; Louis, 5 h. 43 a. 67,17 (38,31 %) ; la communauté, 5 h. 61 a. 36 (39,56 %) ; indivision Louis/Joseph, 1 a. 30 (0,09 %)

[55] 10,81 %

[56] 15 h. 21 a. 58,36

[57] 6 février 1866

[58] 5 juillet 1866

[59] 2 h. 9 a. 60 de terre et de prairie

[60] Emprunt de 3.600 francs à Jean-Baptiste Théophile Collignon, marchand horloger demeurant à Virton.

[61] Jacques Joseph Cornet

[62] 68 a. 10

[63] Elles hypothèquent une maison et 78 ares 70 centiares de terre.

[64] 11 octobre 1872

[65] 1 h. 12 a. 52 dont 43 a. 40 de terre et 69 a. 12 de prairie

[66] 15 h. 31 a. 59,67

[67] « Une hernie inguinale, qui peut être congénitale ou acquise, est une tuméfaction de l’aine causée par le passage d’une portion de péritoine contenant éventuellement des viscères abdominaux (il s’agit le plus souvent d’une partie de l’intestin grêle, parfois du gros intestin et, dans certains cas, de la vessie) au travers du canal inguinal (pour la hernie indirecte, la plus fréquente) ou directement au travers des muscles abdominaux (pour la hernie directe). » http://fr.wikipedia.org/wiki/Hernie_inguinale

[68] Nuit du 13 au 14 mai 1869

[69] « Mme Evraerts habite depuis plusieurs années, le château de Montquintin, propriété qui lui appartient, un des magnifiques points de vue de la province de Luxembourg.

Cette jeune dame, âgée de vingt-cinq ans environ a eu le malheur de perdre son mari il y a trois ans, et s’est consacré tout entière à l’éducation de ses deux charmantes petites filles. » Dans Le Petit Journal, n° 2.332, du 21 mai 1869, p. 4 citant l’Écho du Grand-duché de Luxembourg

[70] « Évêque suffragant de Trèves, il publie en 1763 un traité contestant l’autorité du pape Clément XIII. Il écrivit sous le pseudonyme de Justin FEBRONIUS, emprunt fait à sa nièce Justine qui était religieuse à Juvigny-sur-Loison (France). Sa publication fut mise à l’index par le pape. Il dut se rétracter, mais resta soutenu par l’empereur autrichien Joseph II qui fit appliquer le fébronisme dans ses états. Mgr Jean Nicolas de Hontheim, fut soutenu dans sa lutte contre l’autorité du pape par l’échevinat de Trèves et les évêques allemands. » Dans École Les Sources (Virton) plaquette « Une des richesses de la Gaume. Le site classé de Montquintin. Rouvroy », janvier à juin 1995.

[71]Le Petit Journal ne mentionne pas le nom de la personne qui a donné l’alerte. Le cri a retenti « soudain près de l’habitation. »

[72] « Elle organisa, dit-on, les secours de façon à préserver les maisons voisines, en faisant spécialement abattre les arbres résineux qui entouraient le château, laissant consumer sa propre demeure avec d’autant plus d’abnégation qu’elle ignore encore, à l’heure qu’il est, si son mari l’a assurée contre les risques d’incendie. » dans Le Petit Journal, n° 2.332, du 21 mai 1869, p. 4

[73] Nanti demeurant à Rouvroy

[74] Le 7 juin 1873 à quatre heures du matin à son domicile de Velosnes.

[75] N° 561 ancien cadastre de Velosnes ; n° 9 Grand Rue aujourd’hui

[76][76] N° 541 ancien cadastre de Velosnes 

[77] 7 h. 01 a. 29 à Velosnes (65,16 %) et 3 h. 75 a. 01 à Dampicourt (34,84 %)

[78] 2 mars 1875

[79] 55,86 % de ses terres et prairies

[80] 6 h. 75 a. 99,67

[81] 3 h. 12 a. 74,50 de terre et prairie

[82] Pierre Simon, rentier, ancien cultivateur né en 1767, époux de Jeanne Genin (1761-1834). La famille Simon était propriétaire de l’ancienne maison forte de Dampicourt. Dans Joannes, 2005, p. 230

[83] Jean-Baptiste, Joseph Alphonse, Jean-Baptiste Auguste, Agathe Clémence

[84] Section C, n° 71 du cadastre

[85] Fille de Louis, covendeuse

[86] 1.300 francs pour les droits de Louis et 1.130 francs pour les quatre autres covendeurs


Références :

[i] Opplet, 1861, p. 67

[ii] Juste, 1868, p. 141 ; Opplet, 1861, p. 67

[iii] Trausch, 2002, p. 210

[iv] Juste, 1868, p. 141-143

[v] Juste, 1868, p. 144-146

[vi] Trausch, 2002, p. 210

[vii] Olivier, 1998 (Toudi)

[viii] Juste, 1868, p. 148 ; Opplet, 161, p.421

[ix] Nicaise, 2010, p. 324-325, Opplet, 1861, p.413-414, 417

[x] Sallé, 1838, p. 274

[xi] Juste, 1868, p. 149 ; Sallé, 1838, p. 274

[xii] Sallé, 1838, p. 274

[xiii] Wils, 1996, p.164-165

[xiv] Trausch, 2002, p. 208-209 ; Vandermaelen-Meisser, 1838, p. 167, 169-171

[xv] Juste, 1868, p. 150

[xvi] Juste, 1868, p. 150

[xvii] Juste, 1868, p. 150

[xviii] Juste, 1868, p. 150

[xix] Vandermaelen-Meisser, 1838, p. 175, 177-178

[xx]Note adressée à la conférence par les plénipotentiaires d’Autriche et de Prusse (1830) dans Recueil de pièces diplomatiques relatives aux affaires de la Hollande et de la Belgique en 1830 et 1831, La Haye/Amsterdam, A. D. Schinkel/Les Frères Van Cleef, 1831, p. 40

[xxi] Juste, 1868, p. 150-151

[xxii] Juste, 1868, p. 151

[xxiii] Juste, 1868, p. 152-153

[xxiv] Juste, 1868, p. 153-155

[xxv] Juste, 1868, p. 155

[xxvi] Juste, 1868, p. 155 ; Poplimont, 1848, 327-328

[xxvii] Juste, 1868, p. 160 et 170

[xxviii] Juste, 1868, p. 160, 161, 163 et 170

[xxix] Juste, 1868, p. 165, 166, 171, 172

[xxx] Juste, 1868, p. 173, 175, 183 ; Poplimont, 1848, p. 362-364

[xxxi] Juste, 1868, p. 183-184 ; Vandermaelen-Meisser, 1838, p. 2, 176-177, 278

[xxxii] Juste, 1868, p.187

[xxxiii] Juste, 1868, p.191

[xxxiv] Trausch, 2002, p. 211

[xxxv] Juste, 1868, p.192

[xxxvi] Juste, 1868, p.216 ; Opplet, 1861, p. 858-860, 874-876, 903, 905

[xxxvii] Opplet, 1861, p. 891-892

[xxxviii] Opplet, 1861, p. 892-893

[xxxix] Opplet, 1861, p. 893

[xl] Archives privées — collection Anaïs Noël. Vendredi 14 août 1835 : Donation de terre appartenant à Anne Marie Simon. Enregistré à Virton, le 24-08-1835 (volume 47, folio 44 verso, cases 1er et suivante) ; transcrit au bureau des hypothèques à Neufchâteau, le 22-10-1835 (volume 203, n° 131).

[xli] Vandermaelen-Meisser, 1838, p. 180-181

[xlii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard MARSON (1811-1846), carton XXIII, minute n° 6365, contrat de mariage du 21 septembre 1836.

[xliii] Opplet, 1861, p. 910

[xliv] Juste, 1868, p. 235

[xlv] Juste, 1868, p. 232-236 ; Opplet, 1861, p. 909-910

[xlvi]Histoire parlementaire du traité de paix du 19 avril 1839 entre la Belgique et la Hollande, tome 2, Bruxelles 1839 dans Trausch, 2002, p. 211

[xlvii] Juste, 1868, p. 241-245 ; Opplet, 1861, p. 913-914

[xlviii] Trausch, 2002, p. 211

[xlix] Opplet, 1861, p. 914-916 ; Trausch, 2002, page 211

[l] Trausch, 2002, p. 212 (Encart : La séparation avec la Belgique)

[li] TREKKER Anne-Marie (avec la collaboration de Claude BERG), Saga paysanne entre Moselle et Semois, Bruxelles, Éditions Labor, 2000, p.89

[lii] Trekker, 2000, p. 89

[liii] Wils, 1996, p. 166

[liv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, MARSON Joseph Édouard, minute n° 7130, acte du 28 octobre 1839 : Vente publique en détail d’immeubles situés sur le territoire de Lamorteau et sur les bans voisins

[lv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon : Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles. N° AEA 994, volume 131, article 72, transcription du 7 janvier 1842, acquisition d’une pièce de terre à Dampicourt ; et n° AEA 1017 ; volume 154 ; article 6, transcription du 8 avril 1844, acquisition d’une pièce de terre à Dampicourt ; Archives privées, collection Anaïs Noël, lundi 24 janvier 1842 : Acte d’échange de terre labourable à Dampicourt. Acte d’échange fait et passé à Virton, en l’Étude du notaire Lambinet.

[lvi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Cadastre du Royaume de Belgique (1844), Province de Luxembourg, Canton de Virton, Commune de Dampicourt, Bulletin des propriétés n° 345

[lvii] Olry, 1885, p. 95, 99-100

[lviii] Olry, 1885, p. 95, 100 et 102

[lix] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1035, volume 172, article 118, transcription du 9 octobre 1846 : Dénouement d’une indivision à Dampicourt (moitié d’une maison) ; Archives privées, Acte d’échange fait et passé le 6 septembre 1846 à Virton, en l’étude du notaire Lambinet

[lx] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Édouard FONTAINE (1872-1900), minute n° 1326, acte de vente du 29 février 1878.

[lxi] Archives privées - collection Anaïs Noël, Acte de partage fait et passé à Virton le vendredi 17 décembre 1847, en l’Étude du notaire Lambinet. Enregistré à Virton, le 20-12-1847 ; Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration de l’enregistrement et des domaines, Bureau de l’enregistrement de Virton, volume 90, folio 77 verso, case 3 à 8 verso, case 2 (Volume 171 dans la numérotation des A.E.A)

[lxii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration de l’enregistrement et des domaines, Bureau de l’enregistrement de Virton, Déclaration de succession (Volume 56, n° 3404), 18 janvier 1848 : Succession d’Anne-Marie Simon veuve de Jean-Baptiste Saint-Mard

[lxiii] Opplet, 1861, p. 950-554

[lxiv] Olivier, 1998, Toudi n° 10

[lxv] Olivier, 1998, Toudi n° 10

[lxvi] Olivier, 1998, Toudi n° 10

[lxvii] Behin, 2003, p. 35-36 ; Olivier, 1998, Toudi n° 10 ; Roger, 1932, p.87-88

[lxviii] Behin, 2003, p. 35-36 ; Olivier, 1998, Toudi n° 10 ; Roger, 1932, p. 88

[lxix] Behin, 2003, p. 35-36 ; Olivier, 1998, Toudi n° 10 ; Roger, 1932, p. 88

[lxx] Organisation mondiale de la Santé, Aide-mémoire n° 107, juin 2010 ; WHO Media centre ; http://www.who.int

[lxxi] TORFS Louis, Fastes des calamités publiques survenues dans les Pays-Bas et particulièrement en Belgique, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Paris/Tournai, H. Casterman éditeur, 1859, p. 435

[lxxii] STACQUEZ M., médecin de régiments — Arlon. Rapport semestriel des hôpitaux et infirmeries. 2e semestre de 1849 (Suite). Dans Archives belges de médecine militaire, journal des sciences médicales, pharmaceutiques et vétérinaires, tome sixième, Bruxelles, Imprimerie de Émile Lelong, 1850, p. 118

[lxxiii] Archives privées — collection Anaïs Noël. Mardi 29 avril 1851 : Acte sous seing privé de partage des biens de Jean-Baptiste-Emmanuel Guillaume. Enregistré à Virton le 3-05-1851

[lxxiv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1074, volume 211, article 171 : 26 août 1851, acquisition d’un are trente centiares de terre vaine à Dampicourt

[lxxv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1084, volume 221, article 77 : 1er juillet 1852, échange de terres et praire à Dampicourt

[lxxvi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1086, volume 223, article 136 : 8 octobre 1852, vente par adjudication publique de différents biens immeubles (héritiers Gillet)

[lxxvii]La Presse Médicale Belge, n° 35, Bruxelles, dimanche 20 août 1854, p. 288 ; Torfs, 1859, p. 436

[lxxviii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1138, volume 275, article 161 : 16 juin 1856, acquisition de douze ares soixante-cinq centiares de terre à Dampicourt ; N° AEA 1144, volume 281, article 146 : 8 décembre 1856, acquisition de trente-trois ares de terre de terre à Villers-la-Loue ; N° AEA 1145, volume 282, article 24 : 23 décembre 1856, acquisition de la moitié d’une terre à Dampicourt ; N° AEA 1148, volume 285, article 7 : 13 février 1857, acquisition de la moitié d’une terre inculte à Dampicourt ; N° AEA 1155, volume 292, article 46 : 21 août 1857, acquisition de prairies à Dampicourt ; N° AEA 1165, volume 302, article 157 : 26 juillet 1858, vente d’une parcelle de terre à Dampicourt ; N° AEA 1168, volume 305, article 5 : 31 juillet 1858, acquisition d’un pré à Dampicourt ; N° AEA 1168, volume 305, article 161 : 6 octobre 1858, acquisition d’une terre et d’un pré à Dampicourt

[lxxix] Joannes, 2005, page 124.

[lxxx] Bivort, Milice, 1847, p. 1 (article premier de la loi)

[lxxxi] Bivort, Milice, 1847, p. 13 (article 31)

[lxxxii] Bivort, Milice, 1847, p. 18 (article 46)

[lxxxiii] Bivort, Milice, 1847, p. 18 (article 48)

[lxxxiv] Bivort, Milice, 1847, p. 3 (article 8)

[lxxxv] Certificat de la milice nationale de la province du Luxembourg daté du 5 janvier 1866 à Arlon. Pièce jointe à l’acte de mariage 28 janvier1866 à Dampicourt.

[lxxxvi] Bivort, Milice, 1847, p. 3

[lxxxvii] Bivort, 1849, p. xi, 15, 16, 18

[lxxxviii] Bivort, 1849, p. 17-18

[lxxxix] Bivort, 1849, p. 20

[xc] Bivort, 1849, p. 66-67

[xci] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Tribunal de simple police du canton de Virton, jugement n° 208 du 8 décembre 1858.

[xcii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1174, volume 311, article 84 : 1er avril 1859, acquisition d’une parcelle de pré à Dampicourt ; N° AEA 1174, volume 311, article 85 : 1er avril 1859, acquisition de terres labourables à Dampicourt ; N° AEA 1199, volume 336, article 156 : 12 juin 1861, acquisition de deux terres à Dampicourt

[xciii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Justice de paix du canton de Virton, 24 novembre 1863, n° 210, nomination du subrogé-tuteur des enfants mineurs de Louis Saint-Mard. Enregistré à Virton, le 14 décembre 1863

[xciv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard MARSON (1811-1846), carton XXIII, minute n° 6365, contrat de mariage du 21 septembre 1836

[xcv] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre des inscriptions hypothécaires, n° AEA 227 ; volume 227 ; article 115 : Bordereau de créance hypothécaire du cinq juillet mil huit cent soixante-six.

[xcvi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Tribunal de simple police du canton de Virton, jugement n° 309 du 10 novembre 1866

[xcvii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1264, volume 401, article 119 : 11 avril 1867, Acquisition de terre et pré à Dampicourt ; N° AEA 1270, volume 407, article 88 : 28 juin 1867, Acquisition de terre labourable et prairie à Dampicourt ; N° AEA 1287, volume 424, article 39 : 31 décembre 1868, acquisition de seize ares quatre-vingts centiares de prairie

[xcviii] Certificat de la milice nationale de la province du Luxembourg daté du 14 novembre 1868 à Arlon. Pièce jointe à l’acte de mariage 25 novembre 1868 à Dampicourt.

[xcix] Joannes, 2005, p. 124

[c] Le Petit Journal, n° 2.748, du 11 juillet 1870, page 4

[ci] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Justice de paix du canton de Virton, Jugement n° 90, Audience du 8 mars 1872 : Louis Saint-Mard contre Jean-Baptiste Barthelemy. Enregistré à Virton, le 8 mars 1872

[cii] Cady-Toussaint, 2008, p. 28

[ciii] France, Archives départementales de la Meuse (AD-55), Archives anciennes (Série P : Finances, cadastres, postes, douanes, depuis 1800), Matrices cadastrales de Velosnes (à partir de 1850), cote : 340 W 1459, page 143 ; Belgique, Archives de l’État à Arlon, Enregistrement et Domaine, bureau de Virton.

Déclaration de succession, volume 81, n° 3 : 24 janvier 1874, déclaration de la mutation opérée par suite du décès de Joseph Saintmard

[civ] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1381 ; Volume 518 ; Article 49 du 2 mars 1875 : Donation de différents immeubles à Dampicourt

[cv] Joannes, 2005, p. 227-229

[cvi] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Tribunal de simple police du canton de Virton, jugement n° 196 du 22 juillet 1876

[cvii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives des institutions de droit public (époque contemporaine), Tribunaux, Justice de Paix, Virton, Carton n° 108, minute n° 296, 15 septembre 1876.

[cviii] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Édouard FONTAINE (1872-1900), minute n° 1326 ; Conservation des hypothèques d’Arlon, Registre de formalité, transcription des actes translatifs des propriétés d’immeubles, n° AEA 1470, volume 607, article 48, du quatorze mars mil huit cent soixante-dix-huit