Jean-Philippe Lavallé, le dernier combattant de la Révolution belge de 1830
Préambule
Un jour, papa retrouva un ancien livre scolaire : l’année élémentaire d’histoire de Belgique à l’usage des 3e et 4e degrés des écoles primaires. Aperçu intuitif de la vie des Belges à travers les siècles par E. Meunier, inspecteur principal honoraire [1]. Il ouvrit la page no 255, celle de la révolution belge de 1830. Une gravure représentait Jean-Philippe Lavallé, dernier combattant de 1830. Il me dit : « On dit qu’il est de la famille. »
En établissant ma généalogie ascendante, je suis tombé sur une Lavallé. Ni une ni deux, Papa ressortit l’histoire de Jean-Philippe.
Alors que je me trouvais chez une cousine à Saint-Mard pour photocopier les archives Saint-Mard, je lui en ai parlé. Quelques heures plus tard, Madeleine m’annonce qu’elle avait emprunté une généalogie de la lignée Lavallé à une voisine. Tout concordait, le centenaire est le cousin de l’arrière-grand-mère d’Yvonne ma grand-mère paternelle.
Depuis lors, j’ai beaucoup de sympathie pour ce personnage.
La rumeur après la mort du dernier de 1830
En février 1912, le journal « L’indépendance » annonce la mort d’un centenaire à Arquennes. Le vieux Philippe-Joseph Demoulin [2] reconnu comme étant le dernier combattant de 1830. Intrigué par une rumeur qui court à Saint-Mard, François Joseph Piessevaux (1855-1937), bourgmestre de Saint-Mard (1906-1932) consulte les archives communales. Il constate que Jean-Philippe Lavallé, combattant de 1830, est toujours renseigné comme vivant.
Dans le numéro du mois de novembre de la revue mensuelle illustrée l’expansion belge, un rédacteur écrit « Aucun survivant des volontaires de 1830, qui combattirent pour notre indépendance, n’a assisté cette année au traditionnel pèlerinage de la place de Martyrs. Le dernier des volontaires est mort centenaire, après avoir reçu dans sa modeste demeure, la visite du Roi Albert. Il nous reste, il est vrai, la Société des fils des combattants de 1803, une société bien originale, bien belge… Mais on vient, comme par miracle, de retrouver en France — écrit Monsieur Georges Lorand [député], dans un très intéressant article — un combattant de 1830 authentique et plus que centenaire, qui avait été complètement oublié jusqu’à cette année ; il n’était même pas décoré. […] On l’avait complètement perdu de vue, parce qu’il n’avait rien demandé et était, comme tant de Virtonnais, parti pour aller gagner sa vie en France, près de Bar-le-Duc, où il habite depuis… soixante-cinq ans. [3]»
Le centenaire de Rumont
Jean-Philippe, âgé de 103 ans, vit paisiblement chez son fils à Rumont, commune rurale d’environ cent vingt habitants sis à douze kilomètres au nord-est de Bar-le-Duc.
La rumeur parvient aux oreilles de la presse. Le bourgmestre de Saint-Mard « écrit au gouverneur pour signaler le brave vieux à sa sollicitude. [4]»
Au mois de février, le correspondant du journal le petit bleu se présente au village. C’est le premier visiteur. Les journaux régionaux Le Progrès et L’Ardennais répercutent cette découverte. Le Petit Parisien publie une interview du centenaire.
Le 5 mars 1912, dans le Journal la vie militaire, le correspondant bruxellois de La Meuse relate la rencontre entre le bourgmestre de Saint-Mard et Jean-Philippe : « Dans un langage pittoresque, le vieux, qui s’était brusquement redressé, raconta son histoire. Il fit le récit complet des journées de septembre telles qu’il les avait vécues. C’était à la fois émouvant, simple et lumineux. Lavallé, qui avait plus de 102 ans, bêchait encore la terre. [5]»
Le président de la Société luxembourgeoise des Anciens Militaires de Léopold Ier, le commandant Pierson lui rend visite. Il lui remet l’insigne de la société et remarque que le vieux milicien « se souvenait de son ancien colonel Dollion, commandant le 2e de ligne, et du général Daine, commandant l’armée de la Meuse. [6]»
Beaucoup de personnes se rendent à Rumont pour le rencontrer.
Un jour d’été le député Louis Lorand avait interrogé son ami François Piessevaux, bourgmestre de Saint-Mard sur la véracité des nouvelles de la presse. Il avait répondu « que c’était lui qui avait fourni aux reporters les indications officielles résultant des registres de la population de Saint-Mard et que d’ailleurs, le vétéran centenaire lui était bien connu et était avantageusement estimé dans sa commune d’origine, où il avait un beau-frère octogénaire et deux neveux. [7]»
Le député est d’avis qu’il est de son strict devoir « d’aller rendre visite à ce dernier survivant de ceux qui ont fait la Belgique, de me rendre compte de sa situation et, éventuellement, de ses besoins. [8]» Il fait appel à un ami propriétaire d’une automobile. Le voyage en train jusqu’à Bar-le-Duc prendrait plus d’un jour.
À Rumont, il trouve facilement le vieillard que tout le monde connaît dans le pays.
Jean-Philippe est assis sur un banc de pierre devant la maison de son fils. Le soleil le réchauffe. « C’est un petit vieux souriant, sympathique, propret, extrêmement aimable, causant encore avec animation et surtout une extrême politesse. [9]» Lorsque ses neveux qui sont venus de Saint-Mard le saluer lui disent que ses visiteurs sont le bourgmestre de Saint-Mard et le député de Virton, il en paraît surpris.
La conversion s’engage. Il y a si longtemps que je suis parti, dit-il. Piessevaux et Lorand lui déclarent qu’ils voudraient bien l’y voir et l’y fêter. Il n’est plus retourné au village depuis vingt-huit ans. Une marche de 120 kilomètres en deux jours avec une halte au faubourg de Verdun. « Aujourd’hui, dit-il, je ne crois pas que je pourrais faire une étape, je ne puis déjà presque plus travailler aux champs, à peine faucher un peu. Ce qui m’ennuie le plus en devenant vieux, c’est d’être à charge aux autres et de ne plus pouvoir les aider. [10]»
Les deux visiteurs veulent le convaincre de revenir dans son village natal. Le cas échéant, ils pourraient le ramener en automobile. Jean-Philippe qui examinait la machine ne dit pas non.
Le patriarche qui a conservé une mémoire étonnante, leur raconte ses souvenirs de la révolution à Namur, de la guerre belgo-néerlandaise et sa vie de manœuvre. Il leur montre le diplôme de membre d’honneur de la société des Combattants de 1830 qu’il a reçu quelques mois avant. Il n’a aucune médaille, aucun souvenir officiel. « Lavallé, d’ailleurs, ne se plaint pas. Il a le caractère aimable. Et quand nous le quittons, en lui disant que nous le rappelons au souvenir de nos gouvernants, il lève son vin de vin gris et trinque joyeusement avec nous, avec une amabilité et une cordialité dont nous tous nous avons été vraiment touchés : - Merci, Messieurs, merci de votre bonne visite. Merci d’avoir pensé à moi. Bon retour au pays. Si j’avais besoin de quelque chose, je vous ferais écrire par mon fils. Et bien des compliments à tout le monde, à Saint-Mard ! [11]»
Le milicien
Fils de Jean-Baptiste journalier manœuvre et de Marie-Joseph Authelet, Jean-Philippe Lavallé voit le jour le 4 février 1809 à Saint-Mard, bourg voisin de Virton, département des Forêts. Il naît français. Cette année, une cinquième coalition se forme contre l’Empereur Napoléon Ier qui domine l’Europe. En juillet, les Autrichiens sont battus à Wagram. En octobre, un traité de paix met fin aux hostilités.
Jean-Philippe a cinq ans. Napoléon Bonaparte est défait. Les armées françaises refluent chez elle. Les Alliés prennent le contrôle des provinces Belgique et de l’ancien duché de Luxembourg qui passe sous administration provisoire allemande : gouvernement-général du Moyen-Rhin, gouvernement-général du Bas-Rhin et Moyen-Rhin. Le 1er mars 1815, Napoléon Bonaparte débarque avec une petite armée de mille hommes sur une plage du sud de la France entre Cannes et Antibes. Sans difficulté, il reconquiert le pourvoir. Les alliés lui déclarent la guerre. Le 18 juin 1815, il perd la bataille de Waterloo. Profitant de la situation, le 16 mars, Guillaume prince d’Orange-Nassau se proclame roi des Pays-Bas et Grand-duc de Luxembourg. Jean-Philippe est Luxembourgeois. Le congrès de Vienne ratifie le fait accompli. Au mois d’août, le roi des Pays-Bas promulgué sa charte fondamentale par laquelle notamment il intègre en toute illégalité sous Grand-Duché de Luxembourg dans son royaume. Jean-Philippe est néerlando-luxembourgeois.
Conscrit de la levée de 1828, Jean-Philippe, jeune homme âgé de 19 ans, est désigné milicienpar tirage au sort. Le 1er mai, il incorpore à Namur — ville à la confluence de la Sambre et de la Meuse — le 12de afdeling de l’armée du roi Guillaume.
La même année, par voie de pétition, les catholiques et les libéraux unis revendiquent l’exercice des libertés inscrites dans la Loi fondamentale et la suppression des taxes les plus impopulaires. L’année suivante, le journaliste Louis de Potter du journal libéral d’opposition le Courrier des Pays-Bas réclame la séparation administrative des provinces du Sud (belge) et du Nord (hollandaise). Si le gouvernement est contraint de reporter les mesures les plus abhorrées, le 15 février 1830, il fait arrêter les chefs de l’opposition et les fait condamner à l’exil.
La révolution de juillet à Paris entraîne un changement de dynastie. Charles X est renversé. Louis-Philippe, duc d’Orléans est proclamé roi des Français. Dans les provinces Belgique, le feu couve. Le 25 septembre, au théâtre de la Monnaie a lieu une représentation de l’opéra La Muette de Portici. Le ténor chante « Amour sacré de la patrie / Rends-nous l’audace et la fierté ! ». Les spectateurs se lèvent et entonnent les deux vers. Le théâtre se vide. C’est le début de deux journées d’émeute au court desquelles les habitations des principaux agents hollandais sont saccagées. À la demande des notables bruxellois, Guillaume Ier d’un côté convoque les états généraux et de l’autre, il envoie une troupe de 5 à 6.000 hommes pour rétablir l’ordre. Le 23 septembre, les troupes hollandaises pénètrent dans la ville. Dans de véritables combats, les insurgés les combattent. Le 26, la journée la plus sanglante, un gouvernement provisoire est formé. Dans la nuit du 26 au 27 septembre, l’armée royale hollandaise se retire vers Maline et Anvers. Le 29, le gouvernement hollandais accepte la séparation administrative. C’est trop tard. C’est une révolution qui se propage. [12]
La révolte éclate le 1er octobre. La fièvre s’empare des Namurois qui attaquent témérairement les soldats hollandais tenant garnison dans la ville. Les corps de garde se défendent. Il y a des blessés et tués. Les troupes se replient sur la citadelledominant la ville depuis le promontoire de la confluence de la Sambre et de la Meuse. [13] Ce jour-là, Jean-Philippe Lavallé avec d’autres soldats wallons assure la garde à la porte de Fer. Tous les officiers qui les encadrent sont hollandais excepté le lieutenant-colonel Dupont, Namurois de naissance. Les conscrits refusent de tirer, cependant au moins trois assaillants ont été blessés par armes à feu lors de l’attaque [14]. Le fortin capitule. Les miliciens se rendent à la population qui les fête, les ornes de la cocarde tricolore et les renvoient dans leurs foyers.
Les officiers hollandais qui doutaient de la loyauté de leurs troupes se sont réfugiés — sans avoir ouvert le feu — dans la citadelle. La forteresse est commandée par Joseph Jacob Van Geen, Gantois de naissance, ancien colonel au 82e régiment de ligne français qui a fait acte d’allégeance à Guillaume Ier. Baron, lieutenant-général, il menace de bombarder la ville avec des boulets chauffés à blanc. Des officiers belges qui contrairement à lui refusent de tuer des compatriotes se rebellent. Il convoque le conseil de guerre qui vote la reddition. Le 2, la capitulation est signée. Le 3, le drapeau brabançon est hissé sur la citadelle. [15]
Jean-Philippe qui aurait assisté à la prise de la citadelle (Le Polissoir), rentre à Saint-Mard et n’y reste que peu de temps. Le gouvernement provisoire belge qui occupe presque l’intégralité du Grand-duché de Luxembourg, rappellent sous les armes les miliciens.
Le 12 novembre 1830, Jean-Philippe incorpore le 2e régiment de ligne — nouvellement créé à Namur — commandé par le colonel Dolin du Fresne. Il y fait les campagnes de 1831, 1832 et 1833 (Guerre belgo-néerlandaise).
Son régiment est assiégé dans Venloo, place forte dans la province du Limbourg. Jean-Philippe y fait le coup de feu. Il y tombe gravement malade. Il est hospitalisé. « Il se souvient particulièrement du premier jour de l’an [1831] qu’il y passa fort tristement, n’ayant obtenu d’autre nourriture qu’une tasse de bouillon “et pas gras du tout”, que lui avait donné un infirmier qui était d’Halanzy. [16]» Le rédacteur de l’expansion belge affirme qu’il faillit mourir.
Les Cinq Puissances européennes réunies à Londres qui ont reconnu l’indépendance de la Belgique, déterminent le 20 janvier 1831 les bases de séparation. La Hollande est formée de tous les territoires qui appartenaient à la République des Provinces-Unies des Pays-Bas, en l’année 1790. La Belgique comprend tout le reste des territoires qui avaient reçu la dénomination du Royaume des Pays-Bas dans les traités de l’année 1815, sauf le Grand-Duché de Luxembourg possession personnelle de la Maison de Nassau.
Le Roi des Pays-Bas mobilise son armée, la renforce. Le 2 août 1931, il envahit la Belgique. Le roi des Belges se met à la tête de la sienne qui manœuvre trop lentement. Son plan de bataille échoue. Il doit se replier sur Louvain, ville à trente kilomètres à l’est de Bruxelles.
Le 12 août, Jean-Philippe participe à la bataille de Louvain.
L’armée belge recule. Un corps expéditionnaire français commandé par le général Gérard [17] sauve la jeune nation. Les Hollandais sont chassés. La défaite militaire de la Belgique lui coûtera politiquement cher.
Jean-Philippe Lavallé « se souvient d’avoir été passé en revue, près de Diest, par Léopold Ier, dont il a gardé un souvenir fort net. [18]»
Le 1er juillet 1834, il obtient un chevron.
Jean-Philippe Lavallé participe au blocus de Maëstricht, ville Limbourgeoise tenue par les Hollandais, où il termine son service militaire en 1839. Onze années d’armée durant lesquels il a été caserné successivement à Gand, à Ypres et à Mersch (Grand-duché-de-Luxembourg).
La vie civile
8 juin 1839, une journée fondatrice pour la Belgique. À Londres, les diplomates belges et hollandais échangent les ratifications signées par leurs rois du traité des XXIV articles. Le Grand-duché de Luxembourg est démembré. Deux tiers de son territoire revient à la Belgique.Venloo, Maëstricht, et une partie du Limbourg sont intégrés au Royaume des Pays-Bas. De droit, Jean-Philippe Lavallé devient belge.
De retour à Saint-Mard, il n’y reste pas longtemps. Terrassier, il travaille en France à la construction des routes et chemins de fer. En 1840, il contribue aux travaux d’un canal à Donchéry (Ardennes). En 1845, il est occupé à la création de la route de Bar-le-Duc, chef-lieu du département de la Meuse, à Verdun. La future Voie sacrée. Il y rencontre Marie-Thérèse Larcher, jeune femme de 26 ans. Elle habite Rumont, village voisin. Ils s’y marient le 14 janvier 1846.
Jean-Philippe s’installe définitivement dans le village natal de sa compagne. Il ne le quittera qu’à une seule occasion.
Jean-Philippe devient père à l’âge de 37 ans. Une famille de cinq enfants (Marie Zélie [1846-1877], Arsène Alcide [1848-1872], Jean Claude [1850-1854], Victor Henri [1852-1912], Marie Victorine [1858-1882].
En 1870, Jean-Philippe revient temporairement à Saint-Mard pour participer à la construction du chemin de fer.
Dans l’ordre naturel de choses, les parents partent avant les enfants. En 1854, son fils Jean Claude était mort prématurément. En 1872, il enterre un second fils Arsène Alcide. En 1875, c’est sa femme Marie. En 1877, sa fille Marie Zélie. En 1882, sa dernière fille Marie Victorine.
En 1911, Jean-Philippe habite chez son dernier filsVictor Henri [propriétaire, exploitant, patron] et sa femme Mathilde. Quartier Noël, habitation no 34, ménage no 27, nous dit le recensement de population [19].
Le retour à Saint-Mard
À la fin de l’été ou à l’automne 1912, Victor Henry — le fils chez qui il habite — meurt âgé d’à peine 59 ans. Jean-Philippe se sent peut-être seul à Rumont [20]. Il a survécu à tous ses enfants. Sa petite-fille et ses enfants vivent à Landrecourt-Lempire à 45 kilomètres de lui. La famille Lavallé est restée à Saint-Mard. Il est loin des siens. Au bourgmestre Piessevaux, il avait exprimé le désir de mourir au pays. Il lui avait déclaré « En ce cas, j’irons mouri d’in m’biau païs qu’est la Belgique. »
Le notaire Hubert le ramène en automobile. Les Saint-Mardois le portent en triomphe. Le journal Le Polissoir qui a publié en août 1931 un article consacré à « Trois volontaires de Saint-Mard en 1830 » affirme qu’il « revient effectivement se fixer à La Villette [21] le 17 décembre 1912. [22]» Jean-Philippe est hébergé chez une de ses cousines.
Par arrêté royal en date du 3 février 1913, Sa Majesté le roi Albert Ier lui confère l’Ordre de la Couronne. Le lendemain, en séance solennelle, la commune de Saint-Mard fête les 104 ans de son héros.
« Le 4 février, alors que le colonel du 2e de ligne portait la promotion dans l’ordre de la couronne et les états de services de Lavallé à l’ordre du régiment, la population de Saint-Mard fêtait le 104e anniversaire du nouveau chevalier. Le bijou lui était solennellement remis par M. le bourgmestre Piessevaux, et la Philharmonique Royal le saluait d’une aubade. [23]»
La mort et les funérailles
« Une brusque grippe, due à la brusque transition de température que nous subissons, l’a atteint et l’a terrassé en deux jours. [24]» (La sentinelle) Le 19 février 1913, monsieur Jean-Philippe Lavallé meurt d’une congestion pulmonaire.
Il a droit à des funérailles nationales.
Le samedi 22 février, à 11 heures et demie, la famille, les autorités et les habitants se rassemblent à la maison communale de Saint-Mard où a lieu la levée du corps. Le cercueil est recouvert du drapeau du 2e régiment de ligne. Les honneurs militaires lui sont rendus par 100 hommes du 10e de ligne et la musique du régiment.
Les enfants des écoles défilent en bonne place dans le cortège.
« L’église spécialement décorée n’avait jamais vu tant de monde, elle était archicomble. Dans le chœur avaient pris place le représentant de Sa Majesté le roi, les délégués du gouvernement, le gouverneur du Luxembourg, les députés, les autorités civiles et militaires. [25]» (Le Polissoir)
La délégation représentant le Roi Albert Ier, qui a envoyé un télégramme de condoléances à la famille du défunt, est conduite par le colonel Deruette. Elle comprend des grenadiers, aide de camp, et le commandant d’Outrepont.
Le ministre de la Guerre et le ministre de l’Intérieur se sont fait représenter.
Le 2e régiment de ligne est représenté par le colonel Descamps et une députation d’officiers. Ils sont accompagnés d’une délégation des officiers du 10e régiment de ligne, du major Cuvelier, du commandant Dumont, et du capitaine Kinsbergen.
Le Gouverneur de la province, une délégation de la Société centrale des Enfants des anciens combattants de 1830 et les représentants des arrondissements participent aux obsèques.
L’assistance est nombreuse.
Un gars ordinaire témoin d’un fait historique
Jean-Philippe Lavallé est un personnage ordinaire au destin extraordinaire. Il ne fit pas parler de lui sa vie durant et mena une vie d’ouvrier. Il s’est fait oublier comme beaucoup de combattants et résistants qui n’ont jamais conté leur guerre à leur famille. Il n’en a tiré aucune gloire. Centenaire, il est devenu un symbole, car il fut le dernier à mourir.
Parenté avec l’auteur
Du côté de sa grand-mère paternelle, l’auteur se rattache à la ligne Lavallé par sa quinquisaïeule ou quintaïeulle — ancêtre au 6e degré — Jeanne-Catherine Lavallé [1790-1863] tante du centenaire Jean-Philippe Lavallé. Elle est l’épouse de Jean François Jacquemin [1787-1857].
Nos derniers ancêtres communs sont :
- Jean Baptiste Lavallé né le 29 novembre 1753 à Thonne-les-Près [département de la Meuse], décédé le 15 septembre à Saint-Mard [province de Luxembourg]. Il est le fils naturel d’Élisabeth Brienard veuve de Jacques Lavallé décédé en 1751 et de père inconnu. Il a été inscrit dans les registres paroissiaux sous le nom de veuve de sa mère et non son nom de jeune fille. Il était marié à Jeanne Leroy [+1845 Saint-Mard] qui lui a donné douze enfants.
Bibliographie
- DRAIZE, Raymond. Qui sont ces personnages dont on a donné le nom à des rues et à des places de Saint-Mard ? Virton, 1992.
- Le centenaire de Saint-Mard. L’expansion belge, no 11, novembre 1912. In : L’Expansion belge, Volume 5. Bruxelles, 1912, pp.692-697.
Notes et références
[1] Sixième édition. Tamines, Duculot-Roulin, 1927.
[2] Philippe DEMOULIN né le 28 décembre 1809 à Arquennes (canton de Seneffe, département de Jemappes, actuellement province du Hainaut, Belgique) et décédé le 14 février 1912 âgé de 102 ans. Fils de François Joseph DEMOULIN et Marie Catherine Piron. (HERALY, Yves ; VAN HECKE Robert. Les archives militaires en Belgique. Wavre, GéniWal ASBL, 2018, pp.5-6.)
[3] L’expansion belge 1912, p.692.
[4] L’expansion belge 1912, p.692.
[5] Draize 1992, p.90.
[6] Draize 1992, p.91.
[7] L’expansion belge 1912, p.692.
[8] Ibidem.
[9] L’expansion belge 1912, p.693.
[10] L’expansion belge 1912, p.695.
[11] L’expansion belge 1912, p.697.
[12] Draize 1992, p.98 ; JUSTE, Théodore. Histoire de Belgique depuis les temps primitifs jusqu’à la fin du règne de Léopold Ier. Tome troisième. Bruxelles, Bruylant-Christophe & Co, 1868, pp. 141-145.
[13] DOYEN, François Désiré.Bibliographie namuroise, indiquant les livres imprimés à Namur depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Première partie, tome II, années 1800-1830. Namur, Imprimerie de AD. Wesmael-Charlier, 1890, p.353.
[14] 7. Dombert (Antoine) blessé
à la porte de Fer, le 1er octobre, d’un coup de feu qui nécessita l’amputation de
la cuisse gauche.
13. Guien (Etienne-Joseph) blessé d’un coup de feu à la tête, à l’attaque de la
porte de Fer.
18. Petit (Constantin-Joseph) blessé d’un coup de feu à l’épaule droite, le 1er
octobre, à l’attaque de la porte de Fer.
Liste
nominative de citoyens proposés pour la croix de fer. In : Recueil
des lois et arrêtés royaux de la Belgique, tome 11e.
Bruxelles, Chez H. Remy, 1835,
pp.420-421.
[15] DOYEN, François Désiré.Bibliographie namuroise, indiquant les livres imprimés à Namur depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Première partie, tome II, années 1800-1830. Namur, Imprimerie de AD. Wesmael-Charlier, 1890, pp.353-354 ; NICAISE, Boris. Le médaillé de Sainte-Hélène. Bernard Gilson éditeur, 2010, pp.324-325.
[16] L’expansion belge 1912, p.696.
[17] Le corps expéditionnaire était placé sous le commandement de Maurice-Étienne Gérard (Damvillers 4 avril 1773 – Paris 17 avril 1852), comte d’Empire et maréchal de France (1830). Draize 1992, p. 99.
[18] L’expansion belge 1912, p.696.
[19] Archives départementales de la Meuse. Recensements de population ; listes nominatives ; Rumont ; 1911 ; E dépôt 339 / 1 F 1 (Cote) ; https://archives.meuse.fr/ark:/52669/5901f8m6xbwq/1f2bbef2-5f5c-4e2c-8819-db08abab098a
[20] Sa belle-fille Mathilde Connette veuve Lavallé est en vie. Elle mourra en 1951 à Rumont.
[21] Rue de la Villette, route de La Malmaison et Tellancourt (Meurthe-et-Moselle, France).
[22] Draize 1992, p.93.
[23] Journal « La vie militaire » du 5 mars In : Draize 1992, p.91.
[24] Journal « La Sentinelle » du 23 février 1913, no 8 In : Draize 1992, p.89.
[25] Journal « Le Polissoir », août 1931, article « Trois volontaires de Saint-Mard en 1830. » In : Draize 1992, p.93.