Carnets de notes - Chroniques et récits

« Françoise » Sophie (1810-1858) : Une histoire de testaments

Récits St Mard : du côté d’Hubert St Mard (vers 1666-1706) et sa descendance.

Informations généalogiques :

(Françoise) Sophie SAINT MARD est née le mardi 20 novembre 1810 à Torgny.
Elle est la fille de Jean Baptiste SAINT MARD, tailleur de pierre, âgé de 40 ans et de Marie Margueritte DUBOIS, âgée de 29 ans.
Sophie SAINT MARD est décédée le mercredi 28 avril 1858, à l’âge de 47 ans, à Torgny.

Les enfants survivants de Jean Baptiste Saint Mard (1770-1847) et Marie Margueritte Dubois (1781 - 1836), à l’exception de Marie Élisabeth, se réunissent pour se désigner réciproquement légataires universelles. Deux sœurs sont célibataires. La troisième, mariée, n’a pas procréé. Leur frère Jean est mort.

11 février 1858, Maître Jean Baptiste Modeste Foncin, notaire virtonais, se transporte à Torgny pour y rédiger les testaments des sœurs Sophie, Marie Jeanne, Marguerite Saintmard et de leur beau-frère ou mari Jean Everling.

Vers midi, l’officier public découvre la demoiselle Sophie Saint-Mard dans son lit en une pièce au rez-de-chaussée appelée localement le pèle. Une croisée au nord qui ouvre sur un jardin éclaire la chambre. La maison lui appartient en partie.

Le lavoir au centre du village de Torgny. À droite, le début de la rue Cavé.

Malade de corps, mais saine d’esprit, elle lui dicte ses dernières volontés : « Je donne et lègues, conjointement et avec droit d’accroissement entre eux, à ma sœur Marie Jeanne Saint-Mard, fille libre et majeure, sans profession, à mon autre sœur Marguerite Saint-Mard, ménagère sans profession et à son mari Jean Everling, maréchal-ferrant, tous les trois demeurant avec moi à Torgny tous les biens meubles et immeubles généralement quelconques qui m’appartiennent au jour de mon décès, pour en jouir et disposer par eux en toute propriété et jouissance, les instituant à cet effet mes légataires universels. [1]»

Une heure de relevé, Marie Jeanne Saint-Mard, fille libre et majeure, sans profession, demeurant à Torgny, saine de corps et d’esprit, prend la parole : « Je donne et lègue, conjointement et avec droit d’accroissement entr’eux, à ma sœur Sophie Saint-Mard, fille libre et majeure sans profession, à mon autre sœur Marguerite Saint-Mard, ménagère sans profession et à son mari Jean Everling, maréchal-ferrant, tous les trois demeurant avec moi à Torgny, tous les biens meubles et immeubles généralement quelconques qui m’appartiennent au jour de mon décès pour en jouir et disposer par eux en toute propriété et jouissance les instituant à cet effet mes légataires universels. [2]»

Vient le tour de Marguerite Saint-Mard, femme au sieur Jean Everling, domiciliée avec lui à Torgny. Elle « donne et lègue, conjointement et avec droit d’accroissement entre eux à mon mari Jean Everling maréchal-ferrant, à ma sœur Marie Jeanne Saint-Mard et à mon autre sœur Sophie Saint Mard, ces deux filles libres et majeures, sans profession, tous les trois demeurant avec moi à Torgny, tous les biens meubles et immeubles généralement quelconques qui m’appartiendront au jour de mon décès. » Si de son union avec Jean Everling naît des enfants ledit époux jouira de la moitié de tous les biens meubles et immeubles qui se trouveront m’appartenir au jour de ma mort, sans déroger aux dispositions du Code civil. [3]

De son côté, Jean Everling « donne et lègue, conjointement et avec droit d’accroissement entr’eux à mon épouse Margueritte Saint-Mard, et à mes belles sœurs Marie Jeanne Saint-Mard et Sophie Saint-Mard, toutes trois sans profession, demeurant avec moi à Torgny, tous les biens meubles et immeubles généralement quelconques qui m’appartiennent au jour de ma mort. [4]»

Les testateurs et bénéficiaires agissent en connaissance de cause. Sophie a probablement compris qu’elle n’a plus beaucoup de temps à vivre. L’urgence de sa situation l’oblige à organiser sa succession, à préparer sa mort. Elle décède le 27 avril, âgée de 47 ans.

L’héritage se compose d’une maison, deux parcelles de terre de seize et douze ares, ainsi que les meubles, linges et vêtements à la défunte. Quelques dettes grèvent la valeur de la succession. Sophie doit notamment à son médecin quinze francs dus pour soins et médicaments. [5]

La demeure, sise à la rue du Cavé à Torgny, comprend un corps de logis, une écurie, une petite grange contiguë, et un petit jardin situé derrière.

Dans le prolongement de la route de Velosnes appelée rue Grande, la rue Cavé relie le centre du village à celle de Lamorteau à Charency-Vezin. Elle se prolonge en un chemin qui conduit au vignoble du Poirier aux loups et au bois de Géline. À la jonction des deux voies précitées, les commères de Torgny se rassemblaient dans un très beau lavoir dit « chambre des députés ». Elles y racontaient les derniers potins tout en vaquant à leur rude tâche ménagère.



Notes

[1] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, FONCIN Jean Baptiste Modeste, carton no 2535, 11 février 1858. Testament de Sophie Saint-Mard.

[2] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, FONCIN Jean Baptiste Modeste, carton no 2536, 11 février 1858. Testament de Marie Jeanne Saint-Mard.

[3] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, FONCIN Jean Baptiste Modeste, carton no 2537, 11 février 1858. Testament de Marguerite Saint-Mard.

[4] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, FONCIN Jean Baptiste Modeste, carton no 2538, 11 février 1858. Testament de Jean Everling.

[5] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Enregistrement et Domaine, bureau de Virton, Déclaration de succession, Volume 66, no 72, 21 mai 1858. Succession par testament de Sophie Saintmard.