Carnets de notes - Une famille Saint-Mard

Patrimoine de Jean Baptiste Saint Mard et communauté Saint Mard — Demantin à Velosnes

Informations généalogiques

Jean-Baptiste Saint-Mard est né le 13 avril 1828 à Velosnes (Meuse, France) et décédé le 23 janvier 1895 à Velosnes à l’âge de 66 ans.

Il est charron.

Il est le fils de Jean-François Joseph Saint-Mard (1803-1846) et Catherine Benoît (1799-1871).

Marie Demantin est née vers 1818 à Brouennes (Meuse, France) et est décédée le 19 décembre 1894 à Velosnes.

Elle est la fille de Pierre Demantin et Catherine Wilmet.

Elle est veuve de Philippe Chenet (décédé en 1866).

Le couple se marie le 15 janvier 1868 à Velosnes.

Le patrimoine en propre de Jean Baptiste à Dampicourt

Jean Baptiste Saint Mard est propriétaire de trois parcelles de terres labourables à Dampicourt, d’une superficie totale de 63 ares 17 centiares, issues de la succession de ses parents (partage du 8 octobre 1871).

Ces terres ne sont pas reprises dans l’inventaire des biens de la succession Saint Mard-Demantin présenté à l’audience du 1er mai 1895 du tribunal de 1re Instance de Montmédy.

Le patrimoine à Velosnes

La matrice cadastrale [1] de Jean Baptiste Saint Mard reprend des immeubles « acquis » à partir de 1870 soit deux années après son mariage. Nous pouvons difficilement les exclure de la communauté.

Habitation et bâtiments

Jean Baptiste est propriétaire jusqu’en 1880 ou 1882 d’une maison indivise de quatrième classe, cadastrée no 466, d’une emprise de 1 are 76 centiares. Toutes les fermes, sises entre la rue Morthomme et le no 13 de la Grand Rue, ont été détruites par les tirs de la ligne Maginot.

Il possède trois bâtiments de première classe (cadastré no 526, 527, 529) d’une superficie au sol totale de 1 are 65 centiares. L’un d’entre eux est son atelier de charron, le second est une écurie. Ils sont conservés jusqu’à sa mort. À leur emplacement, de nos jours, nous trouvons une habitation moderne.

De leur vivant, la communauté Saint Mard-Demantin est propriétaire d’une « maison située à Velosnes Grand Rue composée d’une cuisine et une chambre au rez-de-chaussée, deux chambres à l’étage, jardin derrière avec chambre à four. » Le jugement du 1er mai 1895 du Tribunal de 1re instance de Montmédy n’en précise pas l’origine. Il ne s’agit pas de la maison no 466, mais d’une attenante à son atelier de charron qui comme la première a été détruite.

Évolution dans le temps du patrimoine

Année Terre Prairie Autre Total
1870 0 0 7 a. 80 c. 7 a. 80 c.
1875 39 a. 15 c. 8 a. 50 c. 25 a. 53 c. 73 a. 18 c.
1880 39 a. 15 c. 24 a. 20 c. 19 a. 59 c. 82 a. 94 c.
1885 39 a. 15 c. 24 a. 20 c. 22 a. 63 c. 85 a. 98 c.
1890 54 a. 35 c. 24 a. 20 c. 22 a. 63 c. 1 h. 1 a. 18 c.
1895 54 a. 35 c. 24 a. 20 c. 22 a. 63 c. 1 h. 1 a. 18 c.

La colonne « autre » regroupe une chènevière, cinq parcelles de jardin et un verger. Jean Baptiste ou le ménage est propriétaire de deux prairies et de quatre parcelles de terres labourables.

L’analyse des années d’acquisition met en exergue un fait marquant : Jean Baptiste acquiert très tardivement son patrimoine. En 1970, il est âgé de quarante-deux ans et propriétaire d’un jardin de 7 ares 80 centiares. Son frère célibataire Jean Louis est dans la même situation. Une seule évidence, Jean Baptiste a habité chez sa mère jusqu’à son mariage tardif.

En 1873 et 75, le ménage se constitue un petit patrimoine. Ils acquièrent une chènevière, un verger, deux jardins, 8 ares 50 centiares de prairies et 39 ares 15 centiares de terres labourables.

Entre 1877, ils achètent 15 ares 70 centiares de prairie et en 1890, 30 ares 40 centiares de terres. À cette époque, le total des superficies est de 1 hectare 1 are 18 centiares, très éloigné des 9 hectares 1 are 6 centiares inventoriés dans le jugement du 1er mai 1895.

Description du patrimoine

Répartition des biens par nature à son maximum en 1890-1895

Nature Superficie Pourcentage
Terre 54 a. 35 c. 53,72 %
Pré 24 a. 20 c. 23,92 %
Jardin 15 a. 43 c. 15,25 %
Chènevière 3 a. 45 c. 3,41 %
Verger 2 a. 10 c. 2,08 %
Bâtiment 1 a. 65 c. 1,63 %
Total général 1 h. 1 a. 18 c. 100,00 %

La nature des biens de Jean Baptiste est diversifiée. En 1822-1844, à l’exclusion de Nicolas Choler, charron propriétaire de 22 hectares de biens, les dix charrons des communes gaumaises voisines sont propriétaires en moyenne de 56 ares 65 centiares. La médiane — plus haute — est de 59 ares 25 centiares. Le plus nanti possède 1 hectare 15 ares de biens.

Jean-Baptiste doit être considéré comme un charron aisé qui peut pratiquer une agriculture vivrière.

N’ayant pas consulté les matrices cadastrales de communes voisines, il se peut qu’il eût des biens sur le territoire de Bazeilles-sur-Othain, Othe ou Villécloye.

Classement des propriétés acquises
Classe Superficie Pourcentage
1 72 a. 29 c. 57,40 %
2 29 a. 70 c. 23,58 %
3 23 a. 95 c. 19,02 %
4 - -
Total général 1 h. 25 a. 94 c. 100,00 %

Les biens sont de très bonne qualité. Presque 81 % sont de première et deuxième catégorie.

La succession Saint Mard — Demantin

Description du patrimoine

En compilant l’inventaire des biens du ménage comme repris dans le jugement du 1er mai 1895 du Tribunal de 1re instance de Montmédy nous obtenons le tableau ci-dessous. La procédure vise à forcer la sortie en indivision. Parmi les défendeurs, nous trouvons tous les Saint-Mard mais aussi une Demantin et d’autres héritiers de ce côté.

Nature Superficie Pourcentage
Terre 6 h. 89 a. 93,88 c. 76,57 %
Prairie 1 h. 79 a. 34 c. 19,90 %
Jardin 21 a. 2,33 %
Chènevières 10 a. 79 c. 1,20 %
Maison 0,00 %
Total général 9 h. 1 a. 6,88 c. 100,00 %

La description des biens est celle d’une exploitation agricole et non d’un charron. Dans la basse vallée du Ton voisine, tant en 1822 qu’en 1844, 82 % des exploitations agricoles ont une taille inférieure à 10 hectares. Les exploitations comprises entre 5 et 10 hectares représentent un peu plus de 7 % d’entre elles.

La très grande différence de superficie totale entre la matrice cadastrale de Jean Baptiste et l’inventaire des biens de la succession dans le jugement du 1er mai 1895 est des plus intrigantes. Nous pourrons conclure que la majorité des biens de la communauté appartient à Marie Demantin, mais dans la procédure auprès du tribunal de 1re instance de Montmédy, les demandeurs déclarent que les immeubles dépendant des dites communauté et succession sont mi-partageables en nature c’est-à-dire qu’ils appartiennent pour moitié à Jean-Baptiste Saint-Mard.

Les biens immobiliers du ménage sont répartis principalement entre les communes de Velosnes et Bazeilles-sur-Othain dont la limite du territoire touche le village de Velosnes. Un peu moins de 8 % sont situés sur le territoire de Torgny — commune belge voisine — dont toutes les chènevières.

Localisation Superficie Pourcentage
Ban de Velosnes 4 h. 47 a. 87 c. 49,70 %
Ban de Bazeilles 3 h. 83 a. 30,88 c. 42,54 %
Ban de Torgny 69 a. 89 c. 7,76 %
Total général 9 h. 1 a. 6,88 c. 100,00 %

Conclusion

À plus d’un titre, Jean-Baptiste est un cas singulier. Vieux garçon vivant chez sa mère, il épouse tardivement une veuve. À partir de cette époque, il acquiert en propre ou en communauté des biens faisant de lui un charron aisé. L’inventaire des biens de la succession de la communauté Saint-Mard-Demantin nous décrit une exploitation agricole de 9 hectares. Le charron est-il devenu cultivateur ?



[1] France, Archives Départementales de la Meuse, Archives anciennes (Série P : Finances, cadastres, postes, douanes, depuis 1800), Matrices cadastrales de Velosnes (à partir de 1850), cote : 340 W 1459, page 241.