Carnets de notes - Un monde de paysans

X. Les laboureurs et cultivateurs

Livre : Un monde de paysans. La basse vallée du Ton entre Vire et Chiers : Description d’un paysage et d’une société rurale.
Remarque : Les superficies sont exprimées en mètre carré ou centiare.

Définitions du Dictionnaire de l’Académie française.

Laboureur :

Cultivateur (Le mot apparaît pour la première fois dans la 4e édition [1762]) :

Étymologiquement, « le laboureur est l’homme qui travaille et rien de plus, puisque le mot dérive en effet du latin labor signifiant travail. [i]» Au 16e siècle, le terme laboureur regroupe l’ensemble des paysans. Le sens du mot évolue de manière restrictive. Il désigne le paysan qui peut laboureur, qui est propriétaire d’un attelage (charrue et chevaux). Plus tardivement, il désigne aussi un exploitant agricole en faire-valoir direct dont le domaine est « suffisamment importante pour lui assurer une certaine indépendance et lui permettre l’utilisation d’un attelage. [ii]» Il cultive et élève du bétail. Au 19e siècle, le terme est remplacé par cultivateur.

Pourcentage du territoire détenu par les cultivateurs

Nature Superficie (m²) %
Terre labourable 8.113.015 34,54 %
Prairie 2.142.910 30,84 %
Bois 561.150 4,75 %
Territoire 11.030.479 25,25 %

Statut social

La possession d’un trait de cultures (animaux de trait, charrue et charrette) est une frontière sociale qui une fois franchie octroi au paysan « la dignité de laboureur même si son exploitation n’atteint pas le seuil de suffisance qui permet de satisfaire les besoins familiaux. [iii]»

C’est un coq de village. Suivant l’époque, la région, le « pays », la taille du finage, l’importance de la communauté villageoise, l’appellation cache des réalités très différentes. Ce peut être un gros fermier, un gros paysan en Île-de-France et Picardie, ou un petit paysan dans un hameau, un coq sur un petit fumier dans une petite basse-cour.

À lui seul, l’appellation laboureur ne permet pas de définir le statut social de son porteur.

Les laboureurs sont mieux instruits que les journaliers. Une grande partie sait lire. Les analphabètes de la communauté s’adressent à eux notamment pour se faire représenter devant le notaire ou défendre leurs intérêts. Les illettrés leur sont assujettis. Toujours est-il, les rapports sociaux sont plus complexes. Si les laboureurs sont les employeurs et parfois les créanciers des journaliers, les laboureurs dépendent de la force de travail de journalier pour le bon fonctionnement de leur exploitation.

Activités du laboureur-cultivateur

L’activité des laboureurs et cultivateurs consiste à préparer la terre (essarter, épierrer, aménager des fossés), labourer (avec bœuf, cheval, mulet, âne), fumer la terre, semer, sarcler, moissonner et conserver la récolte.

Les petits laboureurs dont le domaine agricole a une taille insuffisante pour occuper leurs deux ou trois chevaux doivent laboureur moyennant prix convenu les champs d’autres propriétaires pour « rentabiliser » leur attelage.

Interdépendances

Pour le bon fonctionnement de leur exploitation, les cultivateurs dépendent de la main-d’œuvredes manœuvres, manouvriers et journaliers.

Ils dépendent des artisans dont les plus importants sont les charrons, les maréchaux- ferrants.

Une multitude d’industries sont liées à l’agriculture [iv] :

Biens immobiliers des cultivateurs

Terre labourable et prairie. (Lamorteau ; Luxembourg belge)
Nature Nombre de parcelles cadastrales % Superficie (m²) %
Terre labourable 3.683 74,84 % 8.113.015 73,55 %
Prairie 875 17,78 % 2.142.910 19,43 %
Bois 20 0,41 % 561.150 5,09 %
Jardin 157 3,19 % 106.935 0,97 %
Maison 101 2,05 % 33.360 0,30 %
Verger 31 0,63 % 30.030 0,27 %
Vaine 18 0,37 % 20.160 0,18 %
Vigne 7 0,14 % 8.810 0,08 %
Bâtiment 24 0,49 % 6.939 0,06 %
Pâture 3 0,06 % 4.830 0,04 %
Inculte 2 0,04 % 2.340 0,02 %
Total général 4.921 100,00 % 11.030.479 100,00 %

Taille des exploitations et niveau d’aisance

« L’aisance du paysan se mesure moins à la superficie des terres qu’il possède qu’à celle qu’il cultive et dont il finit par se considérer comme le maître, à la faveur des baux particulièrement avantageux et anachroniquement figés. [v]»

« À côté de la “propriété”, la “possession”, la jouissance réelle sont aussi importantes pour le paysan. [vi]» Très souvent, l’exploitation a une structure complexe : « à un noyau tenu en propriétés sont joints des éléments en location. [vii]»

Pour Edmond Fouss, la Gaume est un pays de petites et moyennes exploitations. Les petites exploitations de moins de 10 hectares représentent environ 90 % de l’ensemble. [viii]

Taille et type d’exploitation

Les auteurs de la terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne du début du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle classent les exploitations comme suit.

Les micro-exploitations incapables de satisfaire aux besoins d’une famille. Leurs propriétaires doivent trouver des ressources complémentaires : travaux pour les gros cultivateurs, être artisan à domicile… Ne disposant que d’outils à mains, ils doivent recourir aux services d’un laboureur. C’est la ferme des manouvriers, artisans, ouvriers de la sidérurgie de notre région. Pour ces deux derniers, l’activité agricole doit être considérée comme étant son second métier.

L’exploitation familiale a la taille nécessaire pour assurer l’autonomie du foyer. En année normale, elle permet de nourrir le cultivateur et sa famille sans pour autant lui assurer un bénéfice complémentaire. En fonction de la qualité du terroir, sa superficie varie de 4 à 5 hectares en Flandre,

8 à 10 en Normandie et une vingtaine dans les régions les moins favorisées.

La superficie de l’exploitation moyenne à une ou deux charrues est de 25 à 60 hectares.« Rares sont les paysans qui tiennent une pareille quantité de terres en propre [ix]» précisent les auteurs.

Exploitations (1822 / 1844) Nombre % Superficie (m²) %
Moins de 1 ha 81 40,91 % 339.320 3,08 %
De 1 à 2 ha 22 11,11 % 327.153 2,97 %
De 2 à 5 h 45 22,73 % 1.602.478 14,53 %
De 5 à 10 h 14 7,07 % 1.037.084 9,40 %
De 10 h à 20 ha 26 13,13 % 3.780.030 34,27 %
Plus de 20 ha 10 5,05 % 3.944.414 35,76 %
Total général 198 100,00 % 11.030.479 100,00 %

Durant la seconde moitié du 19e siècle, en Lorraine belge, il y a une première réduction du nombre de fermes de moins de 5 hectares par regroupement (héritage, reprise), mais aussi de plus de 20 hectares. Paradoxalement, il y a une augmentation des exploitations, de moins d’un hectare, tenues notamment par des ouvriers de la sidérurgie (logeant en semaine à côté des usines). Au 20e siècle, il y a une élimination des fermes les plus petites et la formation de domaine de plus de 30 hectares.

Revenus et charges

Dès qu’une exploitation dépasse quelques hectares, un capital circulant est nécessaire à son bon fonctionnement. « Ce sont essentiellement les avances à la culture, qui ne porteront fruit qu’après la récolte : frais de labours et de fumures, valeur des semences, travaux de sarclage, gages des valets à l’année, frais de moisson et de battage. [x]»

La taille de l’exploitation influe sur les effectifs employés : famille, valet de ferme, saisonniers...

Les revenus principaux d’une exploitation proviennent de la production de grains. Ils sont évaluables en tenant compte des superficies cultivées, des rendements et d’une mercuriale des prix.

Les revenues secondaires proviennent de l’élevage, des vergers, de la vente de foins, des services rétribués (labours, charrois, façons chez d’autres exploitants).

Les charges de l’exploitation comprennent la part de semences réservées pour la prochaine récolte ou leur achat, l’entretien du matériel et du cheptel de trait (charron, maréchal-ferrant), la nourriture du bétail qui est normalement produite dans l’exploitation.

Dans les exploitations céréalières, les charges d’exploitation sont égales à 40 à 50 % des revenus. Les équilibres sont fragiles. En cas de successions de mauvaises récoltes, il y a un risque d’appauvrissement. La Lorraine belge et le canton de Montmédy voisin sont des pays de polycultures. Le pourcentage des charges par rapport aux produits cités ci-dessus est peut-être différent.

Niveau d’aisance

Déterminer le seuil à partir duquel un couple d’agriculteurs devient autonome et celui de son aisance est primordial pour évaluer sa qualité de vie au départ de son patrimoine.

Sans nous en donner l’explication, les auteurs de l’Architecture rurale de Wallonie écrivent qu’à la fin du 19e siècle, l’agriculture dans la région jurassique est suffisamment rémunératrice. Une famille peut vivre aisément avec une exploitation de 6 à 8 hectares [xi]. Edmond Fouss constate qu’en 1948, « une famille, pour pouvoir vivre, doit exploiter 8 hectares. [xii]»

Paul Delsalle de l’Université de Besançon dit : « Dans beaucoup de provinces [de France], une superficie cultivable de cinq hectares est un minimum pour vivre. [xiii]»

Les auteurs de la Forêt et agriculture au Pays de la Semois entre Ardenne et Gaume nous expliquent que vers le milieu du 19e siècle, entre 80 à 90 % des exploitations ont moins de 10 hectares, mais elles permettent à des familles entières de vivre « si pas dans l’opulence du moins à l’abri du besoin » [xiv].

Dans la terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne du début du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle, deux simples phrases nous offrent une clé de démonstration : « On s’accorde généralement à penser qu’il faut à peu près 4 hectolitres de blé par personne et par an. […] C’est dire que pour une famille de six personnes, il faudrait environ 25 hectolitres de grains, la récolte de plus d’un hectare de très bonne terre, de deux à trois hectares de terres moins fertiles. [xv]»

Pour les mêmes auteurs, seule une minorité de familles paysannes est un exploitant « indépendant » qui met en valeur assez de terres pour assurer la « reproduction simple », la vie familiale et le paiement des charges. Suivant la fertilité des sols, ils estiment qu’ils doivent cultiver 10 à 20 hectares pour être « indépendants ». [xvi]

Nous ne pouvons comparer la Lorraine géologique du sud de la province de Luxembourg et du nord des départements des Ardennes, Meuse et Meurthe-et-Moselle aux plaines céréalières de la Beauce. En toute honnêteté, nous devons nous placer dans la catégorie des terres moins fertiles.

Selon le type de rotation des cultures (assolement) pratiquée, le cultivateur ne peut utiliser chaque année qu’un tiers de son domaine pour produire des céréales alimentaires.

Si deux hectares de terres labourables sont suffisants pour satisfaire à ses besoins, le seuil sera fixé à 6 hectares (2 ha X 3 = 6 hectares).

S’il lui en faut 3, le seuil sera fixé à 9 hectares (2 ha X 3 = 9 hectares).

Cette fourchette de 6 à 9 hectares recoupe les affirmations des différents auteurs régionaux qui peuvent être considérées comme exactes. À titre individuel, pour pouvoir estimer l’aisance d’un foyer de cultivateur, il faudra intégrer des facteurs supplémentaires comme la part réservée pour les semailles de la prochaine année et le nombre de personnes composant le ménage.

Arbitrairement, il sera tentant de fixer le seuil d’autonomie, celui à partir duquel le cultivateur ne dépend plus de personne pour nourrir sa famille, à 6 hectares. Et celui d’aisance à 8 hectares.

Cependant, ce faisant, nous ne tenons pas compte de la qualité des terres. En effet, « les meilleurs domaines ne sont pas toujours les plus étendus, mais les mieux composés, les mieux équilibrés. [xvii]»

Pour en finir, une famille avec l’aide de quelques étrangers pour la fenaison et les moissons peut exploiter 15 à 20 hectares. [xviii] Au plus le 19e siècle avance, au plus elle est confrontée à la rareté extrême de la main-d’œuvre ne lui permettant plus que la moyenne culture.

Petits cultivateurs et journaliers : Une limite floue

Les professions déclarées dans les bulletins ne reflètent pas la situation sociale exacte des propriétaires. De nombreux exploitants agricoles, qui ont moins de six hectares, se disent cultivateurs. Ils ne sont pas autonomes. Ils n’ont pas suffisamment de terres pour subvenir à leurs besoins. Ils doivent exercer une seconde activité.

Exploitation de moins de 2 ha
Cultivateurs 104 30,86 %
Journalier et autres 233 69,14 %
Total général 337 100,00 %

Pour les domaines de moins de deux hectares, environ un tiers se déclare cultivateur. Par journalier, il faut entendre berger, jardinier, journalier, manœuvre, manouvrier, et vigneron.

Exploitation de 2 à 10 ha
Cultivateurs 58 76,32 %
Journalier et autres 18 23,68 %
Total général 76 100,00 %

Dans le cas des exploitations de 2 à 10 hectares, les trois quarts s’affirment cultivateurs. Les domaines de plus de 10 hectares sont uniquement la propriété des cultivateurs.

Le cheptel

« Dans une acception juridique et économique, le cheptel désigne l’ensemble des moyens d’exploitation d’une exploitation agricole. [xix]» C’est capital important qui comprend le matériel, les animaux de travail et le bétail. Il se divise en trois catégories : Cheptel mort (le matériel), cheptel vif (les animaux) et le cheptel de rapport (les bovins).

Cheptel mort ou matériel

Le finage, le terroir, le parcellaire cadastral déterminent l’outillage utilisé par les laboureurs et cultivateurs. Le gros matériel qui coûte cher et nécessitepuissants attelages consiste en chariots, charrettes, charrues, herses, rouleaux.

La charrue à soc dissymétrique exige un puissant attelage de chevaux dont le nombre varie en fonction de la dureté du sol.

La charrue est un outil lourd et robuste qui enfonce profondément son coutre et son soc dans le sol, le retourne grâce à son versoir et forme des sillons.

La herse est utilisée pour émotter les terres et enfouir les semis.

Les chariots, charrettes, tombereaux à deux ou quatre roues sont les moyens de transport de la ferme. Ils sont attelés à des chevaux.

La charrue


(Torgny ; Luxembourg belge)

(Thonnelle ; Meuse)

La charrue est l’instrument aratoire le plus indispensable pour travailler le sol. Elle est utilisée pour ramener à la surface la partie inférieure du sol (labourer).

Il en existe deux sortes :

  1. La charrue ordinaire avec un avant-train à une ou deux roues.
  2. La charrue simple ou araire sans avant-train.

Avant la mécanisation, les charrues étaient attelées à des chevaux (travail plus prompt) ou des bœufs (travail plus uniforme).

Description d’une charrue

La charrue tant ancienne que moderne est composée de deux parties :

Le corps de charrue

Le soc

Situé sous le versoir, le soc est une pièce triangulaire en fer, fonte ou acier qui coupe horizontalement la tranche de terre et amorce le sillon.

Le versoir

Le versoir ou oreille est une forte pièce recourbée sur elle-même qui soulève la bande de terre coupée horizontalement par le soc et verticalement par le coutre, et la retourne.

Le versoir est soit une bande de fer, de fonte, de bois, une planche ou une forte plaque en tôle ou en fer battu.

Le coutre

Le coutre, grand couteau tranchant en fer ou acier, coupe verticalement la tranche de terre avant qu’elle ne soit soulevée par le versoir. Il est attaché à l’age en avant du soc.

Le sep

Pièce centrale de la charrue à laquelle se fixent l’age, le versoir, le soc et les mancherons, et qui glisse au fond du sillon lorsque la charrue n’est pas équipée d’un contre-sep et talon.

Il en fonte ou en bois garni de bandes de fer pour résister au frottement.

Le bâti

L’age

L’age ou flèche est la pièce maîtresse du bâti. Anciennement pièce en bois, la flèche s’attache aux jougs des animaux ou à l’avant-train. Elle se prolonge par les mancherons ou par un manche.

S’y attache le coutron et le sep.

Les mancherons

Les mancherons prolongent l’age, et servent à diriger et assurer la stabilité de la charrue. Sur le modèle les plus simples, ils peuvent être remplacés par un manche. Ils sont solidement attachés à l’age et au sep.

Avant-train

Lorsqu’il existe, l’avant-train se compose soit de deux roues montées sur un essieu, soit d’une roue ou d’un patin sur lesquels repose l’extrémité de l’age.

Charrues particulières
Charrue-taupe ou fouilleuse

Charrue sans versoir qui ne ramène pas à la surface le sous-sol. Elle est utilisée pour faciliter l’écoulement des eaux.

Buttoir

Charrue à double versoir qui rejette la terre des deux côtés. Elle est utilisée pour les cultures nécessitant d’être buttée comme la pomme de terre. Elle peut aussi être utilisée pour ouvrir des rigoles facilitant l’écoulement des eaux.

La herse

Thonne-les-Près (Meuse).

La herse est un châssis en bois garni de dents en bois ou en fer traçant à la surface du sol des sillons rapprochés et superficiels. Elle est de forme carrée, triangulaire ou en losange.

Elle est utilisée pour :

Herses particulières
Rayonneur

Herse munie de dents recourbées qui trace des sillons régulièrement distants. Elle est utilisée pour les plantes semées en ligne.

Houe à cheval

Herse très légère à dents tranchantes. Elle est utilisée pour sarcler les cultures en ligne.

Le rouleau

Thonne-les-Près (Meuse).

Cylindre en bois dur, en pierre, en fonte ou de cercles fer monté sur un axe.

Il est utilisé pour :

Cheptel vif et de rapport

Bovin (Bête à cornes)


(Bièvres ; Ardennes)

(Verneuil-Petit ; Meuse)

La distinction entre cheptel vif et de rapport est ténue. Tous les animaux de la ferme forment le cheptel vif et les bovins destinés à fournir du fumier, du lait, de la viande et du cuir sont regroupés dans une sous-catégorie « cheptel de rapport ».

Dans ses souvenirs, Papa me raconte qu’en 1950, le plus petit agriculteur, qui était avant tout un ouvrier d’usine ou du chemin de fer, avait une à trois vaches et un cochon.

« Le cheptel d’un laboureur moyen peut s’évaluer, grosso modo, au début du 19e siècle à 8 à 9 bêtes, celui d’un manouvrier propriétaire d’un petit lopin, à 4 à 5 têtes de bétail, ce qui s’accommode de la superficie moyenne d’une étable dans cette catégorie d’habitation (+ — 25 m²). [xx]»

Les bêtes à cornes sont chères à l’achat et l’entretien. « Les vaches et bœufs sont l’apanage des plus aisés qui eux, possèdent assez de terres pour faire pâturer des troupeaux de bovidés. [xxi]»

Expertises des communes (1819-1823)
Dampicourt 116 bêtes à cornes
Harnoncourt (Rouvroy et Lamorteau) 222
Montquintin Forte diminution de l’élevage de bêtes à cornes « depuis que cette branche d’industrie est paralysée par les entraves des douanes belges et françaises. »
Saint-Mard 250
Torgny 160

Chevaux


(Ethe ; Luxembourg belge)

(Torgny ; Luxembourg belge)

La possession de chevaux de trait est considérée comme un signe d’aisance, un privilège des plus nantis. L’achat d’un cheval est onéreux. « À l’estime, il vaut, au regard de l’impôt, deux vaches, cinq porcs ou cinq moutons. [xxii]» C’est un animal qui nécessite beaucoup de soin, est fragile à la maladie, et nécessite une nourriture appropriée (avoine, herbe et foin). Il doit régulièrement être ferré chez le maréchal-ferrant.

En moyenne, il y en avait deux dans les exploitations en Gaume. Les plus gros laboureurs en avaient cinq à sept. [xxiii] Au 19e, sa possession se démocratise. L’aménagement des prairies et le développement des cultures fourragères favorisent son extension.

Ces chevaux étaient moins robustes que les actuels chevaux ardennais.


(Torgny ; Luxembourg belge)

(Verneuil-Petit ; Meuse)
Expertises des communes (1819-1823)
Dampicourt 78 chevaux
Harnoncourt (Rouvroy et Lamorteau) 138
Montquintin Élevage de chevaux tant pour les besoins de l’agriculture que pour le commerce
Saint-Mard 120
Torgny 110

Moutons (Bêtes à laine)


(Thonne-le-Thil ; Meuse)

(Thonne-le-Thil ; Meuse)

L’élevage du Mouton a été pratiqué au sud de la Gaume dans les prairies calcaires de la côte bajocienne. En 1766, le mouton représente 40 % du cheptel de l’actuel canton de Virton et 24 %´de celui de Florenville[xxiv].

La suppression de différents droits d’usage (glandée et vaine pâture) à partir de la fin du 18e siècle a progressivement entraîné la disparition des troupeaux.

Expertises des communes (1819-1823)
Dampicourt 161 bêtes à laine
Harnoncourt (Rouvroy et Lamorteau) 400 moutons
Montquintin
Saint-Mard 260 bêtes à laine
Torgny 280 bêtes à laine

Cochons

Expertises des communes (1819-1823)
Saint-Mard 100 porcs
Torgny 150
Canards et oies

(Torgny ; Luxembourg belge)

(Torgny ; Luxembourg belge)

L’élevage de canards et d’oies se pratique dans les villages bordant le Ton où ils peuvent barboter. En 1822, il y a 7 à 600 canards ou oies à Dampicourt, et 1.500 à Harnoncourt. [xxv]

Annexe

Archives consultées

Archives de l’État à Arlon (Belgique)

  1. Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Cadastre du Royaume des Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg, Bulletins des propriétés — 1822 : Dampicourt ; Montquintin et Couvreux ; Saint-Mard et Vieux-Virton.
  2. Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Administration du cadastre, Royaume de Belgique, Bulletins des propriétés — 1844 : Commune de Lamorteau (Lamorteau, Harnoncourt, Rouvroy et Torgny).
  3. Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Cadastre du Royaume des Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg, Direction d’Arlon, Expertises des communes, 1819-1823 : Dampicourt ; Harnoncourt (Rouvroy et Lamorteau) ; Montquintin ; Saint-Mard ; Torgny.

Bibliographie

  1. Architecture rurale de Wallonie. Lorraine belge. Liège, Pierre Mardaga éditeur, 1983. [pp.41, 78, 89, 92-93]
  2. BARRAU, Théodore-Henri ; HEUZÉ, Gustave. Simples notions sur l’agriculture, les animaux domestiques, l’économie agricole et la culture des jardins, nouvelle édition refondue conformément au programme officiel pour l’enseignement agricole dans les écoles rurales et les écoles normales... Paris, Librairie Hachette, 1879 ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54327566 ; [pp.29-33, 65-36]
  3. BIANCHI, Serge ; BIARD, Michel, FORREST, Alan ; GRUTER, Édouard ; JACQUART Jean. La terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne du début du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle. Paris, Armand Colin, 1999. [pp.28, 46-49, 78, 202]
  4. BOEHLER, Jean-Michel. Communauté villageoise et contrastes sociaux : laboureurs et manouvriers dans la campagne strasbourgeoise de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle. In : Études rurales, n63-64, 1976. Pouvoir et patrimoine au village — 1. pp. 93-116 ; doi : https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1976_num_63_1_2170
  5. BOEHLER, Jean-Michel. Communauté villageoise et contrastes sociaux : laboureurs et manouvriers dans la campagne strasbourgeoise de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle. In : Études rurales, no 63-64, 1976. Pouvoir et patrimoine au village — 1. pp. 93-116 ; doi : https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1976_num_63_1_2170 [pp.94-95, 101, 103]
  6. BURGER et al. Cours complet d’agriculture pratique, traduit de l’allemand par Louis Noirot. Dijon, Chez Douillier — Imprimeur-libraire, 1836. [pp.98-100, 105]
  7. CARLIER, Philippe. Guide de fabrication d’une charrue à traction animale. Collection « Manuels technique ». Bruxelles, Ingénieurs Assistance International — Ingénieur sans Frontières, 2002. [pp.6, 9]
  8. CORNEROTTE, Jacques. La Gaume à travers champs, villages et forêts. Virton, Syndicat d’Initiative, 2007. [p.75]
  9. De l’Ardenne à la Lorraine. Forêt et agriculture au Pays de la Semois entre Ardenne et Gaume. Florenville, Maison du tourisme de la Semois, 2008. [pp.12-13]
  10. DELSALLE, Paul (Université de Besançon). Nos ancêtres laboureurs à travers les archives. In : La revue française de généalogie, no avril/mai 2003, pp.21-26. [pp.21, 23]
  11. FOUSS, EdmondP. Sur la structure agraire et le paysage rural de Torgny. Extrait du « Pays gaumais », 9e année, 1948. Virton, Édition du Musée gaumais. [p.17]
  12. HITIER, Henri. Le village picard. In : Annales de Géographie, t. 12, no 62, 1903. pp. 109-119 ; doi : https://doi.org/10.3406/geo.1903.6301 ; https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1903_num_12_62_6301 [p.115]
  13. SAUCEROTTE, Constant. Petite agriculture des écoles, suivie d’éléments d’horticulture : Simples notions sur la culture des champs et des jardins, quatrième édition. Paris, Delalain frères, 1880. [pp.17-22]

Références

[i] Delsalle, 2003, p.21

[ii] Boehler, 1976, p.101

[iii] Bianchi et all, 1999, p.202

[iv] Architecture rurale, 1983, p.43

[v] Boehler, 1976, p.98

[vi] Bianchi et all, 1999, p.28

[vii] Bianchi et all, 1999, p.46

[viii] Architecture rurale, 1983, p.41 ; Forêt et agriculture, 2008, p.13

[ix] Bianchi et all, 1999, p.47

[x] Bianchi et all, 1999, p.49

[xi] Architecture rurale, 1983, p.41 et p.106

[xii] Fouss, 1948, p.18

[xiii] Delsalle, 2003, p.24

[xiv] Forêt et agriculture, 2008, p.13

[xv] Bianchi et all, 1999, p.78

[xvi] Bianchi et all, 1999, p.202

[xvii] CHOLLEY, André ; FROELICH, A. Un village lorrain : Fraimbois. In: L’information géographique, volume 1, no 3, 1936. pp. 130-132 [p.131] ; doi : https://doi.org/10.3406/ingeo.1936.4731 ; https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1936_num_1_3_4731

[xviii] Architecture rurale, 1983, p.41

[xix]https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheptel (06/01/2023).

[xx] Architecture rurale, 1983, p.201

[xxi] Forêt et agriculture, 2008, p.12

[xxii] Architecture rurale, 1983, p.92

[xxiii] Cornerotte, 2007, p.75

[xxiv] Cornerotte, 2007, p.75

[xxv] Architecture rurale, 1983, p.92