Torgny, village construit sur un coteau de la vallée de la Chiers. (Torgny, Luxembourg belge)
Livre : Un monde de paysans. La basse vallée du
Ton entre Vire et Chiers : Description d’un paysage et d’une société rurale. Remarque : Les superficies sont exprimées en mètre carré ou centiare.
Saint-Mard
Le bourg de Saint-Mard voisin la
ville de Virton est un des deux villages composant la commune du même nom. Au
seuil de la porte principale de l’église, son altitude est 206 mètres.
Le village est situé dans la large vallée de la Vire à la jonction avec la vallée
du Ton plus étroite. Il est dominé au nord par le plateau de Mageroux et la
colline du Solumont, et au sud par la côte bajocienne couronnée d’une luxuriante
forêt. Au-dessous de Vieux-Virton, en aval du moulin, le Ton aux eaux limpides et
glacées reçoit la rivière la Vire.
La commune, ayant une superficie de 1.626 hectares 22 ares 33 centiares, est
propriétaire de 441 hectares de bois communaux. La station de chemin de fer de la
ligne Athus-Meuse sise sur son territoire dessert
la ville de Virton. Elle est dite de Virton–Saint-Mard.
Le territoire confine au nord à Virton, à l’ouest à
Dampicourt et Harnoncourt,
à l’est à Latour et Ruette, et
au sud au département français de la Meurthe-et-Moselle.
Le village de Dampicourt, qui comprend les quartiers
de Mathon et Aigremont (deux anciennes seigneuries), est un des trois villages
composant la commune du même nom. Au seuil de l’église, son altitude est 206
mètres.
La commune d’une superficie de 1.149 hectares 22 ares est divisée en trois
sections : 1° Dampicourt, 2° Montquintin, 3° Couvreux. Elle comprend un
écart : Beauregard. Elle est desservie par deux routes : la route de
l’État reliant Virton à Montmédy
(France) qui traverse le village, et la route provinciale Virton
à Florenville. À la fin du 19e siècle,
le village est équipé d’un arrêt du chemin de fer (ligne transfrontalière de
Virton à Montmédy).
La commune est propriétaire de 80 hectares de bois communaux (1890). Elle est
traversée par deux rivières : Le Ton affluent de la Chiers et la Chevratte
ou Eau des Forges, venant de Meix-devant-Virton
et confluant avec le Ton à hauteur du village.
« Cette commune est peu montueuse ; elle présente des coteaux en pentes douces
occupés par les terres labourables entre
lesquelles on remarque çà et là quelques prés ; il
n’y existe qu’un seul bois de peu
d’importance qui par sa faible étendue et sa mauvaise qualité en bois de fournir
le combustible nécessaire aux besoins des habitants ; ils en achètent dans les
communes voisines. [i]» (Expertise
des communes)
« Le terrain est généralement bien
cultivé ; les récoltes y sont abondantes ; les prés
y sont très productifs et n’exigent que peu de soin, ils sont arrosés
naturellement ; quelques-uns où l’eau suppures sont desséchés au moyen de canaux
profonds. Par le même procédé, une masse de propriétés, portée sous la
dénomination de pâtures, serait susceptible d’être améliorée et convertie en près
; c’est un terrain situé sur les bords du Ton, il est couvert en partie d’aulnes
et repose sur un fond marécageux ; appartenant à la commune, il est entièrement
négligé. [ii]»
« L’on extrait sur divers points du minerai ; la grande partie du territoire en
est plus ou moins chargée. [iii]»
Occupation du sol en 1822 :
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.110
67,93 %
2.921.107
63,40 %
Prairie
338
20,69 %
1.016.870
22,07 %
Pâture
5
0,31 %
247.680
5,38 %
Bois
4
0,24 %
233.200
5,06 %
Vaine
5
0,31 %
94.200
2,04 %
Jardin
96
5,88 %
72.380
1,57 %
Maison
57
3,49 %
12.609
0,27 %
Bâtiment
17
1,04 %
8.189
0,18 %
Cimetière
1
0,06 %
590
0,01 %
Inculte
1
0,06 %
320
0,01 %
Total général
1.634
100,00 %
4.607.145
100,00 %
Surface Agricole Utile
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.110
76,66 %
2.921.107
74,18 %
Prairie
338
23,34 %
1.016.870
25,82 %
Total général
1.448
100,00 %
3.937.977
100,00 %
Montquintin
Le village de Montquintin est l’un des seuls
de la région à être bâti au sommet d’une butte-témoin, à 320 mètres d’altitude
(seuil de l’église : 323 m). Il domine de 120 mètres la plaine
alluviale du Ton. « Un vaste paysage ouvert entoure le village. Il se compose
de culture et
de prairie au périmètre souligné par des haies
hautes et ponctuées de quelques arbres. Ces haies délimitent des groupes de
lanières en liaison avec le rythme d’assolement.[iv]
» Sous l’église, dans la pente vers Dampicourt, il
existait une importante superficie
de jardin.
Son « sol produit en abondance toutes les plantes céréales et un foin qui, par sa
bonne qualité, est beaucoup recherché. – Des sources jaillissent de tous les
côtés. [v]»
Le village concentrique est « encore très marqué, dans sa structure urbanistique,
par la tripartition sociale médiévale. [vi]»
Ceux qui prient, ceux qui se battent, et les paysans. Il est organisé par groupe
de deux ou trois maisons, en partie jointives, autour de la ferme seigneuriale.
Les ruines du château, la ferme seigneuriale avec colombier du 17e
siècle, la ferme de la dîme (musée de la Vie paysanne) et l’église romane
anciennement le siège d’une paroisse, qui englobait les
villages de Dampicourt, Couvreux,
Langlissant (quartier de Lamorteau
sur la rive droite du Ton) et Écouviez, ont été
classés par arrêté royal du 22 janvier 1973.
Au 19e siècle, le village, qui comprenait 24 maisons, était peuplé par
80 à 100 habitants. [vii]
Expertise des communes :
« Son territoire est montueux dans toutes les parties, il ne présente qu’un seul
plateau au nord du village de Montquintin, à de très légère exception près,
les prés occupent comme
les terres, les monts des coteaux et ne
sont arrosés que par les eaux pluviales.
[viii]»
« On ne récolte point de seconde herbe sur les prés, les propriétaires le font
pâturer par les bestiaux, à quel effet tous sont clos fait de haies vives, fait
de haies mortes, mais particulièrement de ces dernières.
[x]»
Occupation du sol en 1822 :
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
949
69,83 %
2.180.540
73,52 %
Prairie
331
24,36 %
697.459
23,52 %
Bois
1
0,07 %
33.530
1,13 %
Jardin
35
2,58 %
21.250
0,72 %
Pâture
5
0,37 %
15.850
0,53 %
Maison
21
1,55 %
6.578
0,22 %
Bâtiment
9
0,66 %
4.671
0,16 %
Inculte
5
0,37 %
4.330
0,15 %
Cimetière
1
0,07 %
840
0,03 %
Vaine
2
0,15 %
696
0,02 %
Total général
1.359
100,00 %
2.965.744
100,00 %
Surface Agricole Utile
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
949
73,85 %
2.180.540
75,35 %
Prairie
331
25,76 %
697.459
24,10 %
Pâture
5
0,39 %
15.850
0,55 %
Total général
1.285
100,00 %
2.893.849
100,00 %
Couvreux
Couvreux est un village de 35 maisons (en
1887) niché au creux d’un vallon profond compris entre deux buttes-témoins.
Occupation du sol en 1822 :
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.374
77,41 %
2.215.441
69,57 %
Bois
6
0,34 %
478.450
15,02 %
Prairie
252
14,20 %
397.644
12,49 %
Jardin
44
2,48 %
27.988
0,88 %
Inculte
23
1,30 %
25.950
0,81 %
Vaine
23
1,30 %
23.039
0,72 %
Pâture
4
0,23 %
7.500
0,24 %
Maison
32
1,80 %
5.359
0,17 %
Bâtiment
17
0,96 %
3.097
0,10 %
Total général
1.775
100,00 %
3.184.468
100,00 %
Surface Agricole Utile
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.374
84,29 %
2.215.441
84,54 %
Prairie
252
15,46 %
397.644
15,17 %
Pâture
4
0,25 %
7.500
0,29 %
Total général
1.630
100,00 %
2.620.585
100,00 %
Lamorteau
Le village de Lamorteau est un des trois villages
composant la commune du même nom. Au seuil de l’église, son altitude est 194
mètres.
À la fin du 19e siècle, la commune d’une superficie de 1.074 hectares
47 ares 55 centiares est divisée en deux sections :Lamorteau,
et Harnoncourt-Rouvroy. De 1825 à 1853,
Torgny a été absorbé par Lamorteau.
Elle est desservie par la route de Virton à
Montmédy et à la fin du 19e siècle, par une
station de chemin de fer de la ligne Marbehan-Virton-Montmédy.
La commune est propriétaire de 173 hectares de bois communaux (1890).
Le village, bâti en fond de vallée, est dominé au nord par la Solire – un des
trois sommets de la butte-témoin de Montquintin, et au sud par la côte
bajocienne. La « vallée assez profonde est arrosée par la rivière le Ton qui
sépare longitudinalement le village en deux parties.
[xi]» Deux affluents s’y
jettent : le ruisseau de Radru et le ruisseau du fonds des Veaux.
« De temps immémorial, la localité a été connue et citée pour la fréquence de ses
inondations. Pendant la plus grande partie de l’hiver, des rues entières et tout
spécialement celles dits Régnier, Anglissant étaient en état complet de
submersion et les habitants, véritables insulaires, devaient, souvent en
compagnie de leur bétail, chercher à l’étage un abri, encore mal assuré, contre
la crue des eaux. [xii]» (Extrait
de la notice de M. Leclerc, instituteur communal à Lamorteau.
[1877])
Occupation du sol en 1844 :
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.597
68,63 %
2.914.168
51,64 %
Bois
45
1,93 %
1.736.940
30,78 %
Prairie
402
17,28 %
841.110
14,91 %
Jardin
132
5,67 %
76.521
1,36 %
Vaine
16
0,69 %
25.020
0,44 %
Verger
20
0,86 %
22.990
0,41 %
Maison
94
4,04 %
18.315
0,32 %
Pâture
2
0,09 %
3.250
0,06 %
Bâtiment
17
0,73 %
2.801
0,05 %
Vigne
2
0,09 %
1.950
0,03 %
Total général
2.327
100,00 %
5.643.065
100,00 %
Surface Agricole Utile
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.597
79,81 %
2.914.168
77,53 %
Prairie
402
20,09 %
841.110
22,38 %
Pâture
2
0,10 %
3.250
0,09 %
Total général
2.001
100,00 %
3.758.528
100,00 %
Harnoncourt
Le village de Harnoncourt est bâti dans le fond
d’une profonde vallée dominé d’un côté par la butte-témoin de Montquintin et de
l’autre par la côte bajocienne couronnée par la vaste et giboyeuse forêt de
Guéville. Son altitude est 198 mètres au seuil de l’église.
De l’est à l’ouest au fond de la plaine, serpente le Ton, « c’est une petite
rivière peu profonde en été, mais qui, à la saison des pluies et des fontes de
neige, sort de son lit, s’étend dans les prairies où elle dépose un limon gras et
fertilisant, couvre routes et sentiers et empêche ainsi toute circulation :
Lamorteau et Harnoncourt
ressemblent alors à des îlots au milieu d’un grand lac.
[xiii]» (Extrait de la notice
de M. Gillet, instituteur communal à Harnoncourt.
[1877])
Le village de Torgny est construit à mi-hauteur (235
mètres au seuil de la porte de l’église) d’un coteau de la vallée de la Chiers à
l’endroit où de nombreuses fontaines émergent. Il est de type aggloméré et
environné de nombreux vergers.
Son finage exposé au sud-ouest est étagé. Au sommet du coteau, les pelouses
sèches et les bois. À la lisière de
la forêt, le sol est caillouteux et peu
profond, le calcaire bajocien qui affleure y était exploité (Réserve naturelle
Raymond Mayné). Le second étage qui occupe la majeure partie de la côte est
réservé aux terres labourables qui
entourent le village. Les sols les plus fertiles se trouvent à la mi-pente. Au
pied du versant, la dépression marneuse et alluvionnairedes rivières Chiers et
Ton est le domaine des prairies.
À Torgny, les terres sont plus difficiles à travailler.
« Les fortes terres et les pentes arides exigent, au moins, la possession de deux
chevaux pour pouvoir mener à bien, sans l’aide d’autrui, les travaux des champs.
[xiv]» Heureusement, c’est une
excellente terre à froment, la plus généreuse de Gaume.
Les rendements annuels sont de 40 hectolitres à l’hectare.
[xv] Jusqu’en 1890, on y
exploitait un petit vignoble qui donnait 8 à 10 hectolitres d’un petit vin léger
consommé sur place. Dans la seconde moitié du 20e siècle, trois
vignobles ont été replantés.
Lorsque la frontière franco-belge n’était franchissable que par quelques
villageois, Torgny était un village enclavé relié
jusqu’à la Première Guerre mondiale par une seule mauvaise route à son voisin
Lamorteau.
Occupation du sol en 1844 :
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.346
65,72 %
3.668.001
63,80 %
Bois
23
1,12 %
1.190.840
20,71 %
Prairie
309
15,09 %
703.906
12,24 %
Jardin
147
7,18 %
68.684
1,19 %
Vigne
23
1,12 %
38.670
0,67 %
Vaine
16
0,78 %
31.348
0,55 %
Verger
32
1,56 %
22.262
0,39 %
Maison
127
6,20 %
19.808
0,34 %
Pâture
4
0,20 %
4.500
0,08 %
Bâtiment
20
0,98 %
1.015
0,02 %
Cimetière
1
0,05 %
390
0,01 %
Total général
2.048
100,00 %
5.749.424
100,00 %
Surface Agricole Utile
Nature
Nombre de parcelles cadastrales
%
Superficie (m²)
%
Terre labourable
1.346
81,13 %
3.668.001
11,91 %
Prairie
309
18,63 %
703.906
16,08 %
Pâture
4
0,24 %
4.500
0,10 %
Total général
1.659
100,00 %
4.376.407
100,00 %
Archives consultées
Archives de l’État à Arlon (Belgique)
Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Cadastre du
Royaume des Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg, Bulletins des propriétés —
1822 : Dampicourt ; Montquintin et Couvreux ; Saint-Mard et Vieux-Virton.
Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine),
Administration du cadastre, Royaume de Belgique, Bulletins des propriétés —
1844 : Commune de Lamorteau (Lamorteau, Harnoncourt, Rouvroy et Torgny).
Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Cadastre du
Royaume des Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg, Direction d’Arlon, Expertises
des communes, 1819-1823 : Dampicourt ; Montquintin.
Bibliographie
Architecture rurale de Wallonie. Lorraine belge. Liège, Pierre Mardaga
éditeur, 1983. [p.38]
CHARIOT, Constantin ; PEZZIN, Myriam. Le musée de la Vie paysanne de
Montquintin. 1965-2005. In : Chronique des Musées Gaumais, numéro
spécial, 2e trimestre 2005. [pp.14, 30]
FOUSS, Edmond P. Sur la structure agraire et le paysage rural de Torgny.
Extrait du « Pays gaumais », 9e année, 1948. Virton, Édition du
Musée gaumais. [pp.8, 18-19]
MINISTÈRE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE.La Lorraine Village/Paysage. Ensembles
ruraux de Wallonie. 1983, Pierre Mardaga éditeur, Liège. [pp.161, 167, 169,
231]
TANDEL, Émile. Les communes Luxembourgeoises. Tome III.
L’arrondissement de Virton. Arlon, publications de l’Institut archéologique
du Luxembourg, tome XXIII des Annales, Imprimerie F. Bruck, 1890.
[pp.101-103, 105, 110, 183-185, 188, 319-322, 373-375]