Carnets de notes - Une famille Saint-Mard

Patrimoine de la communauté Jean-François Saint-Mard et Catherine Benoît à Velosnes

Informations généalogiques

Jean-François Joseph Saint-Mard est né le 12 août 1803 à Dampicourt (Luxembourg, Belgique, anciennement département des Forêts) et décédé le 3 octobre 1846 à Velosnes (Meuse, France) à l’âge de 43 ans.

Fils de Jean-Baptiste St Mard (1767-1816) et Anne-Marie Simon (1767-1847), il exerce la profession de charron.

Catherine Benoît est née le 12 mai 1799 à Velosnes et est décédée le 23 septembre 1871 à Velosnes à l’âge de 72 ans.

Elle est la fille de Henry Benoît le jeune (+ 1840) et de Anne-Catherine Claude (+ 1812).

Le couple se marie le 20 décembre 1827 à Velosnes.

Le couple a cinq enfants :

Préambule

Jean-François Joseph Saint-Mard n’est pas né à Velosnes. Il y est arrivé à l’âge de treize ans lorsque son père citoyen français quitta Dampicourt devenue hollandaise par suite de l’intégration du Grand-Duché de Luxembourg au Royaume des Pays-Bas en 1815.

Comme son frère Joseph, il épouse une fille du village enceinte de ses œuvres. L’art de forcer la main de sa maman qui avait très certainement d’autres projets pour lui.

Son frère Jean-Baptiste se réinstalle à Dampicourt avant la révolution belge de 1830. Sa mère Anne Marie Simon et son benjamin Louis y retournent après septembre 1830.

Patrimoine total avant 1862

Localité Superficie maximale Pourcentage
Velosnes 2 h. 25 a. 70 c. 35,30 %
Dampicourt 4 h. 13 a. 66,5 c. 64,70 %
Total 6 h. 39 a. 36,5 c. 100,00 %

Le patrimoine du ménage Saint-Mard-Benoît nous est connu principalement par le partage des biens de la succession des parents de Jean François (17 décembre 1847), la matrice cadastrale de Velosnes et le partage des biens du ménage sis à Dampicourt après de décès du dernier survivant (1870 et 1871).

Jean-François Saint-Mard est charron. Il fabrique et répare le charroi des cultivateurs et éventuellement leur charrue. C’est le garagiste du village.

Singularité, il possède presque deux fois plus de biens à Dampicourt qu’à Velosnes. Les deux villages étant distants d’une dizaine de kilomètres et de part et d’autre de la frontière franco-belge, le ménage ne pouvait les exploiter. Ni dans les archives familiales ni dans celle des notaires de Virton, je n’ai trouvé de baux à ferme. Ses frères étaient peut-être ses fermiers.

À Velosnes, le ménage est propriétaire d’une micro-exploitation agricole. Dans la basse vallée du Ton voisine, en Gaume, cent et quatre propriétaires se déclarant cultivateurs ont une exploitation de moins de 2 hectares. Certes, dans la région, le seuil d’autonomie permettant à une famille d’agriculteur de vivre aisément est estimé à environ 6 hectares. Cependant, le produit de la terre vient en complément de ses revenus de charron. Le couple pratiquait une agriculture vivrière et tout au plus, il vendait les surplus de production.

Dans l’état actuel de la recherche, nous ne savons pas si le décès prématuré de Jean François en 1846 a eu un effet négatif impact sur le patrimoine global de la famille. L’activité de charron sera reprise par ses fils Jean-Baptiste (18 ans en 1850) et Jean Louis (14 ans en 1850).

Biens à Dampicourt

Partage du 20 décembre 1847

Nature Superficie Pourcentage
Prairie 59 a. 2,25 c 14,27 %
Terre 3 h. 54 a. 64,25 c. 85,73 %
Total général 4 h. 13 a. 66,5 c. 100,00 %

La totalité du patrimoine dampicourtois provient de la succession des parents de Jean-François partagée le 17 décembre 1847 [1]. Le lot lui attribué comporte quinze parcelles de terres labourables et trois de prairie d’une superficie totale d’un peu plus de 4 hectares. Les biens sont grevés d’une rente d’un quart de 309 litres 432 centilitres de seigles et 367 litres 20 centilitres d’avoine à payer chaque année le 11 novembre.

Le ménage conserve la totalité de biens à Dampicourt jusqu’en 1870Catherine Benoît veuve Saint-Mard donne 87 ares et 2 centiares de terres et prairies à sa fille Marie-Joseph. Nous n’avons pas le détail des lots attribués à ses autres enfants. Catherine décède en septembre 1871. Au mois d’octobre [2], les héritiers se partagent à l’amiable 17 parcelles de terres labourables et 4 prairies pour une masse de 3 hectares 78 ares 44 centiares comme si la donation de 1870 était nulle et non avenue.

La somme des biens reçus en 1847 est supérieure de 35 ares 22,5 centiares à la somme des biens partagés en 1871. Soit il y a une approximation dans l’estimation des superficies soit Jean-François ou sa veuve ont liquidé une petite partie des biens.

Une petite singularité se cache dans le partage de 1871. Le ménage Marie Joseph et Jean-Baptiste Saint-Mard — époux cousin germain — demeurant à Dampicourt reçoit uniquement des terres labourables. Marie, Jean-Louis et Marie Catherine frère et sœurs de Marie Joseph reçoivent des terres et de prairies (18 % à 24 % de prairies suivant les lots).

Biens à Velosnes

Habitation et bâtiments

Le ménage est propriétaire d’une maison de deuxième classe d’une emprise de 1 are 13 centiares sans jardin. Dans une rue perpendiculaire, Jean François a sa boutique d’une emprise de 1 are 23 centiares. De nos jours, l’atelier a été transformé en maison d’habitation (n° 3 rue de Morthomme).

État 2011. En partant de la droite, la maison de Jean-François est la deuxième devant laquelle sont garés une voiture et un vélomoteur.

Le logis voisin de la ferme de son frère est situé au n° 7 de la Grand Rue (n° cadastral 561), à l’entrée du village en venant de Villécloye ou de Bazeilles. La façade ne semble pas avoir été remaniée, mais décrépie et mal rejointoyée. L’habitation est spacieuse. Elle possède quatre fenêtres en façade — deux par étages —, une porte à linteau droit millésimé de 1820 et deux ouvertures d’aération sous la corniche. Cependant, elle est qualifiée par Gérard Cady de maison d’ouvrier ou de saisonnier.

L’existence d’une cheminée au milieu du faîte du toit nous indique la présence certaine d’un mur de refend divisant le logis en deux travées. La maison devait donc comprendre quatre pièces par étage et n’avait pas de cave.

Description du patrimoine

Une matrice cadastrale [3] couvrant la seconde moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle inventorie le patrimoine du ménage.

Répartition des biens par nature avant 1861 (maximum)

Nature Superficie Pourcentage
Terre 1 h .90 a. 79 c. 84,53 %
Pré 17 a. 7,53 %
Jardin 13 a. 45 c. 5,96 %
Verger 2 a. 10 c 0,93 %
Sol boutique 1 a. 23 c. 0,54 %
Sol maison 1 a. 13 c. 0,50 %
Total général 2 h. 25 a. 70 c. 100,00 %

En 1822-1844, dix des onze charrons des communes gaumaises voisines possèdent en moyenne 56 ares 65 centiares de biens immobiliers. Le onzième, qui pourrait être considéré comme un cultivateur, possèdent 22 hectares 77 ares 64 centiares de biens fonciers. Il a été exclu du calcul des moyenne et médiane. La valeur médiane plus révélatrice sur un aussi petit échantillon est de 59 ares 25 centiares. Le moins nanti est propriétaire de 3 ares 33 centiares, le plus nanti 1 hectare 15 ares.

En ne tenant compte que des biens sis à Velosnes, le ménage est plus aisé que le plus aisé des charrons précités. N’ayant pas consulté les matrices de Bazeilles-sur-Othain, Othe et Villécloye, je ne sais s’ils y possédaient des terres ou prairies.

Classement des propriétés
Classe Superficie Pourcentage
1 65 a. 56 c. 29,05 %
2 64 a. 55 c. 28,60 %
3 54 a. 44 c. 24,12 %
4 41 a. 15 c. 18,23 %
Total général 2 h. 25 a. 70 c. 100,00 %

L’administration du cadastre a classé les biens en quatre catégories en fonction de leur qualité. La distribution entre les quatre classes est relativement équilibrée avec une dominante de biens de bonne qualité.

Par analogie avec la vallée voisine du Ton qui a été décrite par l’administration du cadastre entre 1819-1823 [3] (période hollandaise), nous pouvons décrire les terres labourables de Velosnes géologique comme des terres végétales mêlées de pierres calcaires de plus en plus pierreuses, de moins en moins profondes, de plus en plus difficiles à travailler ou de plus en plus humides lorsque l’on monte dans la classification (Classe 1 = bonne qualité, classe 4 = la moins bonne qualité).

Le ménage est propriétaire de 30 ares 65 centiares de terres labourables de première classe, 64 ares 55 centiares de seconde classe, 54 ares 44 centiares de troisième classe et 41 ares 15 centiares de quatrième.

Leur prairie est de première classe de celles qui produisent une meilleure herbe, en plus grande quantité et un regain plus important.

Leur jardin et leur verger de première classe ont un sol identique aux terres labourables de première catégorie. Les jardins de première classe sont situés près des habitations.

Mode de liquidation

Le dernier survivant du coupleCatherine Benoît — a conservé presque l’intégralité du patrimoine jusqu’à sa mort. À Velosnes, 39 ares 60 centiares sont liquidés en 1862. Le reste sort de la matrice en 1874 et 1875 soit trois à quatre ans après le décès de Catherine Benoît.

À Dampicourt les biens sont conservés jusqu’en 1870 et partagés en totalité en 1871.

Conclusion

Jean François Saint-Mard issu d’une famille de cultivateur aisé a suivi une trajectoire très différente que celle de ses frères et ancêtres. Il est devenu charron et de prime abord cela lui a plutôt bien réussi. Nous pouvons aussi qualifier le ménage de petit cultivateur. Leur hectare 90 ares de terres doit tout de même leur demander beaucoup de travaille en plus de l’activité artisanale. Il est peu probable que Jean François possède une charrue et son équipage, mais il peut compter sur l’aide de son frère Joseph.

Son patrimoine à Dampicourt doit lui procurer un revenu complémentaire certainement sous la forme d’une quote-part de la récolte. Ses terres et prairies sont peut-être exploitées par ses frères Louis et Jean-Baptiste. En tout cas, je n’ai pas trouvé de trace de baux à ferme.

Bibliographie

  1. CADY, Gérard ; TOUSSAINT Christian. Velosnes. Promenades du patrimoine en pays de Montmédy dans la vallée de la Chiers. Virton, Éditions Michel frères, 2008, p.26.


Notes et références

[1] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Archives des Institutions de droit public (époque contemporaine), Administration de l’enregistrement et des domaines, Bureau de Virton, Actes civils, Volume 90, folio 77 verso, case 3 à 80 verso, case 2 (Volume 171 dans la numérotation des A.E.A).

[2] Archives privées ; Acte de partage ; enregistré à Virton le 22 décembre 1871.

[3] France, Archives Départementales de la Meuse, Archives anciennes (Série P : Finances, cadastres, postes, douanes, depuis 1800), Matrices cadastrales de Velosnes (à partir de 1850), cote : 340 W 1459, page 141.