Carnets de notes - Une famille Saint-Mard

La communauté Joseph Saint-Mard et Marie Benoît à Velosnes

Informations généalogiques

Joseph Saint-Mard est né le lundi 9 juillet 1798 à Dampicourt (Luxembourg, Belgique).

Il est le fils de Jean Baptiste Saint Mard (1767-1816), laboureur et d’Anne Marie Simon (1767-1847).

Le mercredi 1er août 1827 à Velosnes (Meuse, France), à l’âge de 29 ans, il épouse Marie Benoît.

Marie Benoît est née le samedi 17 mars 1798 à Velosnes. Elle est la fille de Jean Benoît et Marie-Anne Gillardin (1772-1817).

Le couple a six enfants, nés le :

Joseph Saint-Mard est décédé le samedi 7 juin 1873 à Velosnes, âgé de 74 ans.

Préambule

Joseph Saint-Mard Saint Mard natif de Dampicourt, village du département des Forêts, arrive à Velosnes en 1816 lorsque son père, citoyen français, décide de revenir en France. L’ancien duché de Luxembourg recréé sous l’appellation de Grand-Duché de Luxembourg a été purement et simplement englobé dans le Royaume des Pays-Bas en août 1815.

Comme son frère Jean-François, il épouse une fille du village — une cousine au sixième degré — et y fait sa vie. Son frère Jean-Baptiste revient à Dampicourt avant la révolution belge de 1830. Sa mère Anne Marie Simon et son benjamin Louis y retournent après septembre 1830.

Les villages de Velosnes et Dampicourt sont distants de dix kilomètres. Joseph Saint Mard ne peut exploiter directement les terres et prairies qu’il hérite en 1847. Ils ne peuvent qu’être mis en fermage, mais nous n’en avons pas la trace. Ils sont peut-être exploités par sa mère et ses frères (bail verbal).

Habitation et bâtiments à Velosnes

État 2011. En partant de la droite, la maison de Joseph est la première. La seconde est celle de son frère Jean-François.

Le ménage est propriétaire d’une ferme éclatée se décomposant en deux bâtiments distants de 30 mètres de part et d’autre de la Grand Rue. Au no 9, à l’entrée du village en venant de Villécloye ou de Bazeilles, le logis de seconde classe sans jardin, no 562 du plan cadastral. Plus en avant vers l’église, au numéro cadastral no 541, un bâtiment agricole d’une superficie de 87 centiares et un jardin derrière d’une contenance de 3 ares 10 centiares (no 542).

À l’emplacement du bâtiment agricole, au no 8, nous trouvons de nos jours, la grande grange d’une ferme multicellulaire dont le volume et la hauteur de porte correspond aux granges construites à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle. L’état actuel n’est très certainement pas celui qu’a connu Joseph cependant la fonction devait être analogue.

Le logis, abandonné de nos jours, est resté dans son jus. Il s’agit d’une ferme bicellulaire datée de 1835 (linteau de la porte du logis millésimé agrémenté d’une étoile à cinq branches). Joseph et Marie en sont très probablement les premiers occupants.

Huit ouvertures s’inscrivent dans la façade. À l’extrémité droite, la porte d’entrée du logis. À sa gauche, la fenêtre de la cuisine. En dessous d’elle, le soupirail d’une cave. À l’étage, une seconde fenêtre. Dans l’acte de celle-ci, une ouverture sous la corniche pour l’aération des combles et greniers.

À la gauche, l’écurie avec sa porte à double battant surmontée à l’étage d’une porte-gerbière pour pouvoir engranger le foin ou la récolte de céréale. Accolé à la porte, une petite fenêtre. Sous la corniche, dans l’axe de cette fenêtre, une ouverture d’aération.

La structure de la façade et la profondeur du bâtiment nous permettent de reconstituer le plan de la ferme. Sous la cuisine, une cave. Un rez-de-chaussée divisé en deux parties. Une cuisine du côté de la rue, une belle pièce du côté des jardins. À l’étage, deux chambres de même dimension que les pièces du rez-de-chaussée. La cage d’escalier permet l’accès à la cave et à l’étage devait se situer dans l’axe de la porte d’entrée.

L’écurie devait se diviser en deux parties. À l’avant les chevaux de trait, à l’arrière les vaches et peut-être le cochon. Elle était surmontée d’un grenier où le ménage stockait sa production. Il n’est pas impossible qu’il existât une communication entre le grenier de l’étable et celui du logis.

Évolution dans le temps du patrimoine (Dampicourt et Velosnes)

Répartition Velosnes/Dampicourt en 1865

Localité Superficie Pourcentage
Dampicourt 4 h. 46 a. 90,67 c. 38,92 %
Velosnes 7 h. 1 a. 29 c. 61,08 %
Total général 11 h. 48 a. 19,67 c. 100,00 %

Si 61 % des biens du ménage sont situés sur le territoire de Velosnes, presque 39 % le sont à Dampicourt ce qui n’est pas anodin. Il est possible que le couple possède des terres dans les villages voisins de Bazeilles-sur-Othain, Othe et Villécloye pour lesquels je n’ai pas consulté la matrice cadastrale.

Une première conclusion s’impose. La superficie des biens à Velosnes supérieure à 6 hectares en fait des agriculteurs aisés.

Évolution du patrimoine dans les deux localités

Année Terre Prairie Autre Total
1865 9 h. 89 a. 8,67 c. 1 h. 49 a. 13 c. 9 a. 98 c. 11 h. 48 a. 19,67 c.
1870 9 h. 89 a. 8,67 c. 1 h. 49 a. 13 c. 9 a. 98 c. 11 h. 48 a. 19,67 c.
1875 9 h. 89 a. 8,67 c. 1 h. 49 a. 13 c. 9 a. 98 c. 11 h. 48 a. 19,67 c.
1880 9 h. 89 a. 8,67 c. 1 h. 49 a. 13 c. 9 a. 98 c. 11 h. 48 a. 19,67 c.
1885 9 h. 89 a. 8,67 c. 1 h. 49 a. 13 c. 9 a. 98 c. 11 h. 48 a. 19,67 c.
1890 9 h. 89 a. 8,67 c. 1 h. 49 a. 13 c. 9 a. 98 c. 11 h. 48 a. 19,67 c.
1895 3 h. 85 a. 30,67 c. 60 a. 95 c. 65 c. 4 h. 46 a. 90,67 c.

Dans le tableau ci-dessus, la rubrique « autre » comprend la maison, le bâtiment agricole, un jardin et un verger.

En 1865, Joseph et Marie sont âgés de 67 ans. Ils conservent, semble-t-il, tous leurs biens jusqu’à leur décès. N’ayant pas dépouillé les archives des notaires de Montmédy, ni l’enregistrement, ni la conservation des hypothèques, il se peut que la taille de l’exploitation ait été plus importante.

Description du patrimoine à Dampicourt

Répartition des biens par nature

Nature Superficie Pourcentage
Terre 3 h. 85 a. 30,67 c. 86,22 %
Prairie 60 a. 95 c. 13,64 %
Vaine 65 c. 0,15 %
Total général 4 h. 46 a. 90,67 c. 100,00 %

La quasi-intégralité des biens possédés par Joseph à Dampicourt provient du partage égal des biens de sa mère opéré après son décès, le 17 décembre 1847 [1]. En 1846, il reçoit de son frère Jean Baptiste 21 ares 7 centiares de prairie (échange). En 1851, il achète 65 centiares de terres vaines indivises.

Description du patrimoine à Velosnes (acquisition)

Le patrimoine du ménage à Velosnes nous est connu uniquement par la matrice cadastrale [2] couvrant la seconde moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle.

Répartition des biens acquis par nature

Nature Superficie Pourcentage
Terre 6 h. 48 a. 68 c. 81,14 %
Pré 1 h. 3 a. 45 c. 12,94 %
Inconnue 39 a. 50 c. 4,94 %
Jardin 3 a. 10 c. 0,39 %
Verger 2 a. 80 c. 0,35 %
Sol maison 1 a. 9 c. 0,14 %
Bâtiment 87 c. 0,11 %
Total général 7 h. 99 a. 49 c. 100,00 %

La répartition des biens par nature démontre que Joseph était cultivateur et non éleveur. Les terres labourables représentent un peu plus de quatre-vingts pour cent du total, les prairies presque treize pour cent. La parcelle d’affectation inconnue, lieu-dit l’île Bribet, est située au bord de la Chiers à hauteur de Verneuil-Grand et à la limite des communes de Bazeilles-sur-Othain et Villécloye. C’est une parcelle en lanière étroite. De nos jours, nous y trouvons des arbres, un peu de prairies et la ligne de chemin de fer qui a empiété sur la parcelle no 9.

Pour la culture des gros légumes, le ménage possède un jardin de 3 ares. Pour les fruits, un verger d’un peu moins de 3 ares.

Classement des propriétés
Classe Superficie Pourcentage
1 1 h. 20 a. 18 c. 15,03 %
2 1 h. 91 a. 31 c. 23,93 %
3 2 h. 77 a. 70 c. 34,73 %
4 2 h. 10 a. 30 c. 26,30 %
Total général 7 h. 99 a. 49 c. 100,00 %

Si de prime abord, la répartition entre les quatre classes est relativement équilibrée, nous observons une dominante de biens — essentiellement de terres labourables — de moins bonne ou médiocre qualité. Cela ne peut être lié à un contexte local. Les terres de Velosnes sont de composition identique à celle des villages voisins. Par contre, le ménage n’a peut-être simplement pas eu l’opportunité d’acquérir des terres de meilleure qualité soit pour des raisons financières soit parce qu’elles n’étaient pas disponibles.

Classe Terre Prairie Bâtiment Jardin Verger Inconnu Total
1 79 a. 70 c. 32 a. 62 c. 87 c. 3 a. 10 c. 2 a. 80 c.
1 h. 19 a. 9 c.
2 1 h. 16 a. 38 c. 35 a. 43 c. 1 a. 9 c.

39 a. 50 c. 1 h. 92 a. 40 c.
3 2 h. 42 a. 30 c. 35 a. 40 c.



2 h. 77 a. 70 c.
4 2 h. 10 a. 30 c.




2 h. 10 a. 30 c.
Total 6 h. 48 a. 68 c. 1 h. 3 a. 45 c. 1 a. 96 c. 3 a. 10 c. 2 a. 80 c. 39 a. 50 c. 7 h. 99 a. 49 c.

Par analogie avec la vallée voisine du Ton qui a été décrit par l’administration du cadastre entre 1819-1823 [3] (période hollandaise), nous pouvons décrire les terres labourables de Velosnes géologique comme des terres végétales mêlées de pierres calcaires de plus en plus pierreuses, de moins en moins profondes, de plus en plus difficiles à travailler ou de plus en plus humide lorsque l’on monte dans la classification (Classe 1 = bonne qualité, classe 4 = la moins bonne qualité).

Le même principe s’applique aux prairies. Celles de classe 1 produisent une meilleure herbe, en plus grande quantité et un regain plus important que les prairies des classes 2 à 4. Les classes 4 pouvant être considérées comme les plus médiocres.

Le jardin et le verger de première classe ont un sol identique aux terres labourables de première catégorie. Les jardins de première classe sont situés près des habitations.

Mode de liquidation (Dampicourt)

24 janvier 1874 : Mutation opérée par suite du décès de Joseph Saintmard

Nature Superficie Pourcentage
Terre labourable 2 h. 97 a. 91 c. 79,44 %
Pré 55 a. 40 c. 14,77 %
Terre et pré 13 a. 80 c. 3,68 %
Jardin 7 a. 90 c. 2,11 %
Total général 3 h. 75 a. 01 c. 100,00 %

Joseph Saint-Mard a conservé jusqu’à sa mort ses biens à Dampicourt. La déclaration de la mutation du 24 janvier 1874 [4] opérée par suite de son décès à Velosnes le 7 juin 1873 porte sur un total de 3 hectares 75 ares 1 centiare. Nous avons calculé qu’il y possédait 4 hectares 46 ares 90,67 centiares soit 71 ares 89,67 centiares en plus que le dite déclaration. Nous pouvons penser qu’il a liquidé une partie de son patrimoine. N’allons pas trop vite. La déclaration de succession de sa mère Anne Marie Simon est minorée d’un hectare et demi par rapport à l’acte de partage de sa succession.

Conclusion

En restant à Velosnes, Joseph doit comme son père partir de zéro. Il aurait probablement eu des facilités à Dampicourt. Il aurait pu exploiter par lui-même les terres reçues de sa mère. Mais dans l’ensemble, le ménage Saint-Mard-Benoît s’en tire bien. Ils sont cultivateurs à la tête d’une exploitation de 7 hectares dont certes un quart de médiocre terre. Les terres de Dampicourt, exploitées peut-être par ses frères, leur rapportent un revenu sinon il ne les aurait pas conservées.

Propriétaire de 11 hectares et demi de biens agricoles, le ménage est aisé.

Bibliographie

  1. CADY, Gérard ; TOUSSAINT Christian. Velosnes. Promenades du patrimoine en pays de Montmédy dans la vallée de la Chiers. Virton, Éditions Michel frères, 2008, p.28 et pp.30-31.


Notes et références

[1] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration de l’enregistrement et des domaines, Bureau de l’enregistrement de Virton, Volume 90, folio 77 verso, case 3 à 80 verso, case 2, (Volume 171 dans la numérotation des A.E.A) : Actes civils, le 20 décembre 1847 partage en quatre lots sans soulte des biens immeubles situés sur le territoire de Dampicourt.

[2] France, Archives départementales de la Meuse, Archives anciennes (Série P : Finances, cadastres, postes, douanes, depuis 1800), Matrices cadastrales de Velosnes (à partir de 1850), cote : 340 W 1459, page 143.

[3] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administrations d’état et de la Région wallonne, Expertises des communes, 1819-1823 [Dampicourt, Harnoncourt (Rouvroy et Lamorteau), Montquintin, Saint-Mard, Torgny].

[4] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Enregistrement et Domaine, bureau de Virton, Déclaration de succession, Volume : 81, déclaration no 3 du 24 janvier 1874, Déclaration de la mutation opérée par suite du décès de Joseph Saintmard, décédé à Velosnes (France), le 7 juin 1873.