Carnets de notes - Une famille Saint-Mard

La communauté Charles Saint Mard et Jeanne Catherine Hablot à Torgny

Informations généalogiques

Charles Saint Mard voit le jour le jeudi 20 janvier 1780 à Torgny (Luxembourg, Belgique) et est baptisé à Torgny, le 27 janvier 1780.

Il est le fils légitime de Jean Baptiste Saint Mard, maçon, tailleur de pierre, âgé de 34 ans au moins et de Catherine Meraux, âgée de 34 ans au moins.

Charles est maçon.

Il épouse Jeanne Catherine Hablot, fille légitime de François Hablot, le lundi 17 novembre 1806 à Torgny.

Le couple aura cinq enfants :

Charles Saint Mard est décédé le mercredi 18 avril 1855, à l’âge de 75 ans, à Torgny.

Patrimoine

Nous n’avons à notre disposition que quelques actes pour évaluer le patrimoine du ménage. Les rares acquisitions — excepté la maison — ont dû être passées en une étude de notaire qui n’a pas versé ses fonds aux Archives de l’État à Arlon. Néanmoins le bulletin des propriétés de 1844 et deux actes portant sur leur maison, nous permet d’en brosser le portrait.

Habitation

En 1806, le ménage acquiert la maison familiale, celle des parents de Charles. L’opération se déroule en deux actes passés le même jour. Les enfants et héritiers de Jean Baptiste Saint-Mard et de Catherine Meraux conjoints décédés se partagent à l’amiable la succession immobilière consistant en une maison et un jardin. Ils cèdent, transportent et abandonnent à leur sœur Catherine Saint-Mard une chambre au-devant de ladite maison. En contrepartie, les six copartageants reçoivent la totalité du restant de la maison et du jardin. Immédiatement après, Charles acquiert pour lui et son épouse les cinq sixièmes de la partie de la maison indivise échue à ses frères et sœurs [1].

Tant en 1822 [2] qu’en 1844, la maison est classée no 7 par l’administration du cadastre sur une échelle de 9. La maison et place sise à lieu-dit sur la grande rue occupe une superficie de 90 centiares. Elle comprend un corps de logis, une écurie, une grangette contiguë et un jardin d’une superficie de 1 are 62 centiares à 1 are 80 centiares attenant à la maison[3]. Si la numérotation du plan cadastral primitif est égale au bulletin des propriétés de 1844, l’habitation se situe à hauteur de l’actuel no 16 de la Rue Grande en contrebas du carrefour formé avec la rue de l’Ermitage. Le volume bâti correspond à une petite ferme bicellulaire. Cependant, la demeure actuelle ayant été tellement dénaturée que nous n’en pouvons plus en tirer plus aucune conclusion.

En 1845 [4], la maison est hypothéquée en garantie du remboursement d’une somme de 1 100 francs. Nous n’avons pas d’indice permettant de connaître l’objet de l’emprunt. Le seul élément concret est l’âge de Charles, 65 ans. À cette époque, le ménage a pour voisin Henri Balon du dessus, François Nicolas Henri, du dessous et Léon Jacques.

Bulletin des propriétés 1844

Le bulletin des propriétés de 1844 [5] donne une photographie largement incomplète des biens du couple.

Nature Superficie Pourcentage
Terre labourable 45 a. 90 c. 66,23 %
Prairie 11 a. 70 c. 16,88 %
Jardin 10 a. 80 c. 15,58 %
Maison 90 c. 1,30 %
Total général 69 a. 30 c. 100,00 %

La terre du jardin de 10 ares 80 centiares est de très bonne qualité, la même que celle des terres labourables de première catégorie. Elle permet au couple de cultiver de gros légumes, du chanvre, ou des pommes de terre essentiellement pour son usage personnel.

Si une de trois parcelles de terres labourables est de bonne qualité (classe 2 ; 8 ares 30 centiares) — terres franches et végétales mêlées d’argiles plus pierreuses que celle de première catégorie — les deux dernières parcelles sont classées 4 et 5 c’est-à-dire qu’elles sont d’une culture difficile et constituée de terres légères, sèches et chargées de pierraille ou des pierres, des terres fortes et limoneuses, des limons imperméables à l’eau ou humide suivant la nature du sol.

La prairie de 11 ares 70 centiares est de première catégorie.

Estimation à mina du patrimoine

Sur les cinq actes donnant des indices, je n’en ai retenu que trois pour éviter le risque de doublons, à savoir une obligation hypothécaire en 1845, une vente en 1847 et un fermage en 1849.

Le ménage possède une maison avec jardin, une praire d’une superficie de 12 ares 50 centiares et sept parcelles de terre labourable d’une superficie totale de 2 hectares 77 ares 83 centiares. En tout, maison et jardin compris, nous obtenons un tout petit plus une superficie de trois hectares [6].

Les biens sont situés sur le ban de Torgny ou celui voisin de Mandeville en France (Épiez-sur-Chiers).

Gestion du patrimoine

Le 20 septembre 1849 [7], cinq parcelles tant à Torgny qu’à Mandeville sont louées pour un fermage annuel total de 139 francs. L’ensemble des parcelles a une superficie de 1 hectare 73 ares 2 centiares.

Liquidation du patrimoine

En 1847 [8], le couple vend trois parcelles de terres labourables (54 ares 81 centiares). En 1853, le ménage et leur fille Lucie épouse de Jean-Baptiste Hollet vendent l’usufruit d’une prairie estimée à 12 ares.

Le ménage semble avoir conservé les trois quarts de son patrimoine jusqu’à sa mort.

Le 20 novembre 1853 [9], âgé de 73 ans, le couple liquide en vente publique des meubles et objets mobiliers : Table, chaise, tonneau, armoire, pelle, poêles, gaufrier, assiettes, cruche, saloir… La vente lui rapporte 135 francs et demi.

Analyse et conclusion

Le résultat de la restitution du patrimoine est étonnant et contradictoire. Si dans le bulletin des propriétés de 1844 la superficie totale des biens est légèrement inférieure à 70 ares, la superficie totale obtenue après collation des trois actes précités est de 3 hectares. Le volume de la maison indivise même amputé d’une chambre est celui d’une petite ferme à deux travées, mais son classement cadastral suggère un bâtiment inconfortable pour être gentil.

L’exercice a ses limites. Pour la Belgique, je n’ai pas de déclarations de succession des époux ni d’extraits de matrices cadastrales. Pour la France, je n’ai pas consulté la matrice cadastrale d’Épiez-sur-Chiers (département de la Meurthe-et-Moselle). Ma documentation est incomplète et je n’ai pas de point de vérification.

En comparant le couple aux groupes des maçons et tailleurs de la vallée, dont la superficie moyenne totale de leurs biens est d’un hectare 4 ares, nous constatons qu’il a plus de biens que le plus aisé maçon d’entre eux (2 hectares 54 ares), mais moins que le tailleur le plus nanti (16 hectares 17 ares). Si la sœur de Charles peut être qualifiée de pauvre, lui ne l’est point. Les terres labourables sises à Torgny permettent au ménage de pratiquer l’agriculture vivrière. Celles d’Épiez sont mises en fermage et rapporte un revenu supplémentaire.



Notes et références

[1] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Jean-Baptiste FRANÇOIS (1768-1811), carton III, minute no 510.

[2] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration du cadastre, Royaume des Pays-Bas, Commune de Torgny, bulletin no 139.

[3] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Maximilien Joseph MARECHAL (1832-1847), carton II, minute 547.

[4] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Maximilien Joseph MARECHAL (1832-1847), carton II, minute 547.

[5] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration du cadastre, Royaume de Belgique, Commune de Torgny, bulletin no 394.

[6] 3 h. 2 a. 3 c.

[7] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard THOMAS (1846-1857), carton III, minute no 7 Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard THOMAS (1846-1857), carton VI, minute no 1222.

[8] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard THOMAS (1846-1857), carton I, minute no 158.

[9] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard THOMAS (1846-1857), carton VI, minute no 1326.