Carnets de notes - Une famille Saint-Mard

La communauté Henri Saint Mard et Marie Jeanne Neveu à Torgny

Informations généalogiques

Henry Saint Mard, baptisé à Torgny(Luxembourg, Belgique), le 31 décembre 1767, est le fils de Jean Baptiste Saint Mard, maçon, tailleur de pierre et de Catherine Mereaux. Il sera maçon et tailleur de pierre.

Il épouse le dimanche 1er février 1801 (12 pluviôse an IX) à Harnoncourt(Luxembourg, Belgique), Marie Jeanne Neveu, la fille légitime de Noël L’Aîné Neveu et de Jeanne Louis.

Le couple aura huit enfants :

Henry Saint Mard est décédé le samedi 16 mars 1844, à l’âge de 76 ans, à Torgny.

Identification du propriétaire

Le bulletin des propriétés no 141 de 1822 [1] attribué à Henri Saint Mard, cultivateur demeurant à Torgny, ne mentionne pas le nom de son épouse.

Quidam Naissance Parents Union Décès
Henry Saint Mard Maître d’école Marguillier de Torgny 6.3.1702 Étalle Saint Mard Hubert Brasseur Anne Themelin Anne Marie 6.11.1742 Torgny
Henry Saint Mard Manœuvre 8.9.1741 Torgny Saint Mard Henry Themelin Anne Marie Antoine Anne Marie 22.1.1770 Paroisse de Montquintin 29.12.1804 Lamorteau
Henry Saint Mard, maçon 25.4.1812 Torgny Saint Mard Nicolas Denis Bieuvelet Jeanne Catherine Ribonnet Marguerite
Henry Saint Mard Maçon Tailleur de pierre 31.12.1767 Torgny Saint Mard Jean-Baptiste Mereaux Catherine Neveu Marie Jeanne 1.2.1801 Harnoncourt 16.3.1844 Torgny

Quatre Henri ont vécu à Torgny (tableau ci-dessus), deux sont morts avant 1822, un avait dix ans. Il nous reste Henri époux de Marie Jeanne Neveu. Il n’est pas cultivateur, mais maçon, néanmoins la superficie reprise dans le cadastre est fort petite pour être une véritable exploitation agricole.

La superficie totale des biens immobiliers repris dans le bulletin des propriétés de 1822 est de 2 hectares 67 ares 70 centiares. Le total des biens immobiliers repris sa déclaration de succession ab intestat échue en ligne directe en 1844 est de 2 hectares 60 ares 17 centiares. Elle mentionne le nom de son épouse Marie Jeanne Neveu et de ses enfants Marie Jeanne, Marguerite, Marie Françoise et Jean.

Comme beaucoup d’artisans, Henry exerce très certainement une activité agricole vivrière en plus de sa profession de maçon.

Il n’y a donc aucun doute dans l’identification du personnage.

Patrimoine

Habitation

Henri Saint Mard avait reçu en partage une portion indivise de la maison de ses parents, mais ne l’avait pas conservé. Le jour même du partage (21 novembre 1806 [2]), il avait revendu sa part à son frère Charles.

En 1822, le ménage est propriétaire à Torgny d’une maison de classe 4. Sa superficie place comprise est de 2 ares 90 centiares. Elle comprend un corps de logis, une grange, une écurie contiguë et un jardin derrière (déclaration de la succession d’Henry en 1844). Soit la description d’une petite ferme tricellulaire. La non-concordance des numéros repris dans les bulletins des propriétés avec le plan cadastral initial rend la vérification impossible. Dans le plan, les numéros 675 à 679 sont regroupés au croisement sud des rues Escofiette et de l’Ermitage.

La présence de ladite maison dans la succession rend d’autant plus compliquée la compréhension de l’acte de donation entre vif et par préciput du 28 décembre 1840 [3] décrivant et divisant la maison :

  1. Marie Saint-Mard, épouse du sieur Jean Denef reçoit une portion de la maison composée du poêle et de la chambre derrière, avec les pièces en dessus et en dessous, séparée par un mur élevé entre le poêle et la cuisine, le prolongement de ce mur restant à faire, à frais commun, entre les deux places du derrière et dans la même ligne, que le mur existant, cette portion prenant jour sur la rue publique, au levant et sur le jardin, au couchant, tenant au jardin, du nord, et à la partie, qui sera donnée ci-après au sieur Huriaux, du midi ;
  2. Marie Jeanne Saint-Mard, épouse du sieur Jean-Baptiste Huriaux reçoit une portion de la maison composée d’une cuisine et d’une chambre derrière ; cave voûtée, en dessous, chambre et grenier, au-dessus ; d’une écurie, à côté de ces bâtiments, avec grenier à foin, au-dessus, tenant à Françoise Saint-Mard, du levant ; à Marguerite Saint-Mard, du couchant, ayant son entrée sur la rue publique, au midi ;
  3. Marguerite Saint-Mard reçoit une grange et une écurie, avec jardin à côté et derrière, situés en la commune de Torgny, tenant à la dame Huriaux, du levant et du nord ; à la veuve Jamin, du couchant et à la rue publique, du midi.

La maison est toujours occupée par les donateurs Henri saint Mard et Marie Jeanne Neveu. La donation est faite aux conditions suivantes :

  1. De servir aux donateurs et au survivant d’eux, une rente annuelle et viagère de 360 francs, à raison de 60 francs, par chacun des donataires.
  2. De soigner les donateurs dans toutes leurs maladies, ou dans tous les accidents, qui pourraient leur survenir, de suppléer, en cas d’insuffisance de la pension viagère, à tous les besoins des donateurs ; de faire faire leurs obsèques et services funéraires, d’une manière honorable ; d’acquitter les dettes, contractées et à contracter.

Le 8 janvier 1854 [4], Marie Jeanne Neveu veuve Saint Mard et ses enfants vendent l’entièreté de la maison. « La dame veuve de Henri Saintmard, pour faciliter à ses enfants la vente des bâtiments qui seront ci-après désignés, déclare renoncer purement et simplement à tout avantage résultant en sa faveur, d’un acte de donation — partage, reçu par Maître Marson, notaire à Virton, présent témoin, le 28 décembre 1840 ». La partie appartenant aux époux Huriaux-Saint Mard est vendue pour un prix de 1.800 francs, le reste du bâtiment pour 400 francs. Néanmoins, en 1858, elle est toujours propriétaire du quart indivis d’une petite maison (sa déclaration de succession).

Description du patrimoine

Répartition des biens par nature

Bulletin des propriétés d’Henri Saint Mard, cultivateur à Torgny — 1822
Nature Superficie Pourcentage
Labour 2 h. 26 a. 90 c. 84,76 %
Verger 28 a. 70 c. 10,72 %
Jardin 4 a. 70 c. 1,76 %
Pré 4 a. 50 c. 1,68 %
Maison et Place (terrain) 2 a. 90 c 1,08 %
Total général 2 h. 67 a. 70 c. 100,00 %

En 1822-1844, en moyenne, les maçons et tailleurs de pierres de la vallée sont propriétaires de 1 hectare 61 ares de biens immobiliers. Le maçon le plus aisé est propriétaire de 2 hectares 54 ares, le moins aisé se contente de 100 centiares. Le tailleur de pierre le plus nanti possède 16 hectares 17 ares. Pendant les 22 années qui séparent les deux inventaires immobiliers destinés à l’élaboration des matrices cadastrales, la basse vallée du Ton n’a connu que peu d’évolution. Nous pouvons donc nous référer à ces valeurs pour situer Henri parmi les siens.

Henri, maçon et tailleur de pierre, est qualifié de cultivateur dans le bulletin des propriétés 1822. Incontestablement, il est en apparence un des maçons les plus aisés du village qui exerce une activité agricole vivrière. Le ménage peut occasionnellement vendre le surplus de sa production.

Nous pouvons évaluer la qualité des biens du ménage en nous rapportant à l’expertise de la section de Torgny faite entre 1919 et 1823 par l’administration du cadastre.

Le couple est propriétaire de 16 parcelles de terres labourables :

Quarante-deux pour cent de la superficie des terres labourables est de bonne qualité.

Le verger d’une superficie 28 ares 70 centiares est de première classe comme tous les vergers du village. Il est planté soit pommiers, poiriers, pruniers ou cerisiers.

Le jardin de 7 ares 70 centiares, de première classe, a une terre identique à celle de terres labourables de première classe.

Pour terminer, le ménage est propriétaire d’une prairie de première classe (4 ares et demi) dont la presque totalité des prés de cette catégorie se retrouve sous le village d’où elle reçoit les égouts et engrais que les eaux y conduisent. On y récolte une herbe de bonne qualité. Elles produisent un regain de presque un tiers de la première herbe.

Cautionnement et garantie

Le 2 juin 1810 [5], Henri vend, crée et constitue une rente annuelle de 57 francs 66 centimes au cours de France envers la fabrique de l’église de Signeulx. « La présente vente et constitution ainsi faite moyennant le prix et somme principale de 1.152 francs 20 centimes au cours dudit, que le vendeur constituant a reçu manuellement. » Pour garantir le paiement de la rente, il hypothèque sa maison et trois terres d’une superficie totale de 90 ares 45 centiares.

Le 24 juillet 1836 [6], Henri saint Mard et Marie Jeanne Neveu se portent caution de leur fille Marie Jeanne sur le point de contracter union avec Jean-Baptiste Huriaux, préposé de deuxième classe en poste à Torgny (Gendarme). Ils s’engagent à payer à leur fille une somme de 400 francs jusqu’au moment où le futur pourra justifier d’une pareille somme. « D’après les instructions de l’administration des droits d’entrées, de sorties et des accises, les futurs époux doivent justifier qu’ils jouissent d’un revenu annuel de 400 francs, outre le traitement du futur jusqu’à l’époque ou enfin il jouira des émoluments attachés au grade de Sous-Brigadier. »

Pour garantir cette obligation, le ménage hypothèque deux pièces de terre d’une superficie totale de 68 perches carrées, un pré de 27 perches carrées et un autre de superficie non précisée.

Liquidation

Le bulletin des propriétés de 1844 [7] laissent entendre que le patrimoine a été liquidé, en effet, il ne reste plus qu’une maison de septième catégorie, un jardin de 3 ares 50 centiares et une terre de 31 ares 60 centiares. Pourtant la déclaration de la succession ab intestat échue en ligne directe délaissée par Henry Saint Mard décédé le seize mars 1844 à Torgny, lieu de son dernier domicile, porte sur 12 parcelles de terres labourables, quatre praires, un verger, un jardin, une maison et une grange, le tout pour une superficie totale de 2 hectares 60 ares 17 centiares.

Et pour complexifier le tout, l’acte de donation entre vif et par préciput du 28 décembre 1840 [8], au profit des enfants du ménage, porte sur 14 parcelles de terres labourables, quatre prairies, deux jardins, une maison, une grange et une écurie, le tout pour une superficie totale de 2 hectares 27 ares 46 centiares.

Cette donation est faite moyennant des conditions strictes. Les donataires s’obligent solidairement :

  1. de servir aux donateurs et au survivant d’eux, une rente annuelle et viagère de 360 francs, à raison de 60 francs, par chacun des donataires. Cette rente sera payée, entre les mains et au domicile des donateurs, ou de leur fondé de pouvoir, par trimestre […] ;
  2. de faire cultiver les aisances des donateurs, de les soigner et d’en remettre le produit, dans les locaux, qui leur seront désignés, de faire de même cultiver, soigner et entretenir la vigne des donateurs, de la faire travailler, en temps utile, par un vigneron entendu et expert et d’en remettre le produit, ainsi qu’il vient d’être dit pour les aisances, le tout aux frais des donataires ;
  3. de soigner les donateurs dans toutes leurs maladies, ou dans tous les accidents, qui pourraient leur survenir, de suppléer, en cas d’insuffisance de la pension viagère, à tous les besoins des donateurs ; de faire faire leurs obsèques et services funéraires, d’une manière honorable ; d’acquitter les dettes, contractées et à contracter.

Une seule certitude, lorsqu’elle décède, Marie Jeune Neveu est seulement propriétaire du quart indivis d’une petite maison sise au village de Torgny, avec petit jardin derrière.

Conclusion

Henri Saint Mard est à la fois un artisan du bâtiment — maître maçon et tailleur de pierres — et un agriculteur. Dans les bulletins des propriétés de 1822 et 1844, nous trouvons plusieurs personnes qualifiées de cultivateurs possédant moins de terres que lui et quelques-unes qualifiées de journaliers ou manœuvres avec plus de terre que lui.

C’est un notable. Il est dit être « adjoint-maire » en 1817. Le terme est impropre, car depuis l’intégration en 1815 du Grand-Duché de Luxembourg au Royaume des Pays-Bas, les communes sont dirigées par un bourgmestre. Nous devons traduire le titre du mandat en 1er échevin.

S’il ne fait aucun doute que la superficie totale des biens immobiliers du ménage Saint Mard-Neveu est de 2 hectares 60 à 67 ares avant 1840, nous n’avons plus aucune certitude après cette date. L’étude de liquidation de leur patrimoine se révèle fort complexe, mais cela reste anecdotique.

En qualité de cultivateur, le ménage n’avait pas assez de terres pour être aisé, mais le cumul des deux activités professionnelles lui a très certainement permis de vivre confortablement eu égard aux critères de l’époque.



Notes et références

[1] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration du cadastre, Royaumes des Pays-Bas, Commune de Torgny, bulletin no 141.

[2] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Jean-Baptiste FRANÇOIS (fils) (1768-1811), carton III, minute no 507 et 510.

[3] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard MARSON (1811-1846), carton XXVII, minute no 7446.

[4] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard MARSON (1811-1846), minute no 1352.

[5] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Bernard PAPIER (An X, 1821), carton X, minute no 168.

[6] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Maximilien Joseph MARÉCHAL (1832-1847), carton I, minute no 185.

[7] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Administration du cadastre, Royaume de Belgique, Commune de Torgny, bulletin no 396.

[8] Belgique, Archives de l’État à Arlon, Notariat de Virton, Joseph Édouard MARSON (1811-1846), carton XXVII, minute no 7446.